Question de Mme DEMAS Patricia (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 03/07/2025

Mme Patricia Demas attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins sur la prévention des cancers de la peau et notamment du mélanome. Le nombre de nouveaux cas de cancers de la peau a plus que triplé entre 1990 et 2023. Les carcinomes cutanés représentent 90 % des cancers cutanés diagnostiqués en France. Les mélanomes cutanés représentent quant à eux 10 % des cancers de la peau avec 17 922 nouveaux cas estimés en 2023 en France métropolitaine. Moins fréquents, les mélanomes sont les plus dangereux. Et pour cause, un diagnostic tardif réduit considérablement les chances de guérison car ce cancer est à fort potentiel métastatique : il peut s'étendre rapidement aux relais ganglionnaires et à d'autres organes. Pour enrayer la progression tant de leur incidence que de leur mortalité, il importe d'agir sur la prévention d'une part, sur le dépistage ciblé des populations à risque et le diagnostic précoce d'autre part. L'objectif du dépistage ciblé est de diagnostiquer le cancer à un stade précoce, avant l'apparition de symptômes, afin de mieux le soigner et d'en limiter les séquelles, ainsi que celles des traitements. Toutefois, les cancers de la peau ne sont pas intégrés dans les programmes de dépistages des cancers organisés par les pouvoirs publics. Aussi, il appartient aux patients de prendre l'initiative de se faire dépister auprès d'un dermatologue, ce qui n'est pas satisfaisant. Tout d'abord parce que le déterminisme social exclura une partie de la population du dépistage des cancers de la peau. Il s'observe déjà que le niveau de revenu influe significativement sur la participation aux programmes de dépistages organisés dont les personnes avec un niveau de revenu plus faible ont le moins tendance à s'être déjà fait dépister. Mais aussi, parce qu'il importe d'optimiser l'utilisation des ressources en santé en procédant à un dépistage ciblé des populations à risques (immunodépression, antécédents familiaux sensibilité de la peau, exposition aux UV...). Aujourd'hui, les seules campagnes de prévention et de sensibilisation au dépistage ciblé des cancers de la peau connues sont celles qui sont organisées annuellement par un opérateur privé, le syndicat national des dermatologues vénéréologues (SNDV), dont la prochaine campagne se déroulera du 2 au 8 juin 2025. Ni l'assurance maladie ni l'Institut national du cancer (INCA) ne sont associés à cette action, ce qui est hautement regrettable car ils disposent l'un et l'autre de moyens matériels, humains et techniques incomparables qui permettraient de toucher massivement l'ensemble des Françaises et des Français dans cette action de santé publique et d'améliorer significativement les résultats que nous pourrions en attendre.
À l'occasion des questions au Gouvernement lors de la séance du 6 mai 2025, vous avez déclaré à l'Assemblée nationale qu'il fallait « faire feu de tout bois sur tout ce qui peut permettre de faire reculer le cancer en France ». C'est pourquoi, elle souhaite connaître son avis sur l'opportunité d'associer l'assurance maladie et l'INCA aux campagnes de prévention aux ultraviolets naturels et artificiels et de sensibilisation au dépistage ciblé des populations à risque des cancers de la peau lancées par le syndicat national des dermatologues vénéréologues.

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Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins publiée le 11/09/2025

Selon l'Institut national du cancer (INCa), le nombre de nouveaux cas de cancers de la peau a plus que triplé entre 1990 et 2023. Les carcinomes cutanés représentent 90 % des cancers cutanés diagnostiqués en France. Moins fréquents, les mélanomes sont les plus dangereux du fait de leur fort potentiel métastatique. Le nombre de nouveaux cas annuels des mélanomes est en augmentation constante depuis 10 ans ; il est estimé à environ 17 900 cas en 2023. En revanche, le nombre de décès annuel est en baisse depuis 2011 estimé à 1 920 en 2021. Les cancers de la peau (carcinomes et mélanomes) ne sont pas accessibles à un programme de dépistage organisé puisqu'on ne peut pas les identifier avant l'apparition de symptômes, mais ils peuvent être détectés de façon précoce. Le diagnostic du cancer de la peau consiste en un examen visuel complet destiné à repérer les taches ou grains de beauté suspects. Le mélanome cutané est de bon pronostic s'il est détecté suffisamment tôt. De plus, dans ses recommandations de 2006 et de 2020, la Haute autorité de santé (HAS) ne recommande pas la mise en oeuvre de campagne annuelle d'incitation de la population au diagnostic précoce faute de preuves pour affirmer la réduction significative du taux de mortalité liée au mélanome et leur efficience. En dehors du parcours de soins des sujets à risque mentionné ci-dessous, aucune publication n'avait évalué ou proposé une stratégie d'amélioration du diagnostic précoce du mélanome cutané. La HAS recommande de promouvoir d'une part, la formation des professionnels de santé au diagnostic précoce et à la sémiologie des mélanomes cutanés mais aussi à l'identification des patients à risque et d'autre part, la sensibilisation de la population générale au repérage précoce du mélanome cutané en l'informant sur les risques liés à l'exposition solaire et sur les facteurs de risque de mélanome cutané. Sur le premier point, la HAS a préconisé que les médecins traitants identifient les populations à risque pour les informer des dangers de l'exposition solaire ; leur recommander d'effectuer un autoexamen de la peau tous les quatre mois et de se faire examiner par un dermatologue une fois par an, mais aussi en cas de lésion douteuse ou d'apparition d'une tache brune, évolutive ou dont l'aspect s'est modifié. A cette fin, l'INCa a développé des outils pour les professionnels de santé disponibles sur le site internet de l'Institut. Les acteurs du repérage précoce de signes de mélanome cutané sont, pour la HAS, multiples : le patient, le médecin traitant ou tout autre spécialiste, l'infirmier, le masseur-kinésithérapeute, le pédicure-podologue. Sur le deuxième point, des campagnes d'information sur les risques liés à l'exposition aux rayons UV sont menées annuellement par l'INCa et l'association « Sécurité solaire ». Il s'agit de diffuser des outils de sensibilisation au risque du rayonnement solaire mais également d'encourager les collectivités locales à diffuser l'indice UV pour alerter les personnes dans les zones touristiques ou lors d'évènements accueillant une population importante. Un appel à projets a également été lancé en 2025 par l'INCa « Réduire les expositions dans les établissements accueillant des jeunes : concevoir des politiques et agir dès maintenant - Plan Zéro Exposition » afin de mettre en place des actions de prévention permettant de réduire les expositions aux polluants et aux ultraviolets. L'Institut a également réalisé une brochure « Cancers de la peau : s'informer sur les risques et se protéger » qui permet de sensibiliser les personnes aux différents facteurs de risque, aux mesures de prévention et aux modalités de détection du mélanome. Enfin, les bilans prévention qui ont été mis en place en 2024 pourront également contribuer au repérage des personnes à risque et à la sensibilisation des personnes aux facteurs de risque et aux modalités de détection des cancers cutanés. La détection précoce des cancers cutanés reste un enjeu de taille pour les années à venir. A ce titre, la prévention des cancers de la peau est expertisée dans le cadre de l'élaboration de la prochaine feuille de route 2026-2030 de la stratégie décennale de lutte contre les cancers.

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