Question de M. RUELLE Jean-Luc (Français établis hors de France - Les Républicains-R) publiée le 03/07/2025
M. Jean-Luc Ruelle attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la mise en oeuvre de la stratégie de Campus France « Bienvenue en France ».
Le rapport d'activité 2024 de l'agence, indique que cette politique, mise en place depuis 2018, devrait permettre d'accueillir 500 000 étudiants internationaux à l'horizon 2027. Alors que la France comptait environ 430 000 étudiants étrangers en 2024, la progression annuelle nécessaire pour atteindre cet objectif avoisine 9 %. Si des avancées sont à saluer - consolidation de la marque « Study in France », lancement des bourses « France Excellence Europa », création d'espaces Campus France supplémentaires en Afrique de l'Ouest et partenariats renforcés avec les universités européennes -, plusieurs signaux alertent sur la capacité réelle à tenir la trajectoire visée. En effet, le budget et les effectifs de Campus France augmentent moins vite que la cible poursuivie, le déficit structurel de logements étudiants en France peine à se résorber, les délais et les conditions de délivrance de visa dans plusieurs capitales d'Afrique subsaharienne restent dissuasifs. Enfin, des disparités régionales dans l'offre de cours de français langue étrangère (FLE) et dans l'accompagnement à l'intégration sont susceptibles de décourager des candidats non francophones.
Ainsi, il lui demande quelles mesures budgétaires et quels moyens humains il compte engager, dès l'exercice 2026, pour aligner les besoins de l'agence et la croissance ambitionnée. Il souhaiterait notamment savoir comment les postes consulaires ou les prestataires seront dotés de marges d'adaptation (créneaux réservés, procédures prioritaires, dématérialisation renforcée) afin de réduire partout le délai d'instruction des visas étudiants. De plus, il l'interroge sur le suivi des indicateurs, par région d'origine, niveau de formation et filière disciplinaire et sur le calendrier de publication de ces données pour ajuster les actions si nécessaire avant 2027. Enfin, il souhaiterait connaître les actions spécifiques envisagées pour diversifier la mobilité internationale et s'adapter au contexte géopolitique au-delà de l'Europe et de l'Afrique subsaharienne.
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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 11/09/2025
La stratégie « Bienvenue en France » (BEF), lancée à l'automne 2018 dans un contexte de forte croissance du nombre d'étudiants internationaux en mobilité dans le monde, a fixé un objectif ambitieux et marquant : accueillir un demi-million d'étudiants internationaux d'ici à 2027. Le ministère de l'Europe et des affaires étrangères (MEAE) déploie depuis 2018 d'importantes actions pour y parvenir, en lien avec les partenaires interministériels compétents, au premier rang desquels le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Les autres acteurs-clés de la politique française d'attractivité étudiante sont le ministère de l'Intérieur et les autres ministères tutelles d'établissements d'enseignement technique et supérieur (Education nationale, Culture ). En matière de logement, le Centre national des oeuvres universitaires et scolaires (CNOUS) intervient également mais dispose d'une capacité relativement faible pour répondre aux besoins de logement des étudiants étrangers en mobilité. Outre la politique de bourses d'excellence du gouvernement français portée par le MEAE, l'action de ce ministère en la matière s'appuie en premier lieu sur son réseau diplomatique, notamment sur les espaces Campus France (ECF), rattachés aux services de coopération et d'action culturelle des ambassades. Au nombre de 275, les ECF sont présents dans 134 pays et placés sous l'autorité directe des postes diplomatiques. Ils ne dépendent en conséquence pas de l'opérateur Campus France. Ce dernier intervient dans la mise en oeuvre de la stratégie BEF par des actions indispensables de communication et de promotion de l'enseignement supérieur et la recherche (ESR) français, mais ne saurait être considéré comme seul pilote de la mise en oeuvre de la stratégie BEF. Les résultats atteints sont encourageants, marlgré la crise sanitaire du COVID-19 qui a ralenti la progression de la mobilité étudiante : les établissements d'enseignement supérieur français comptaient, en 2023-2024, plus de 430 000 étudiants internationaux, soit 14% de la population étudiante en France. La croissance interannuelle de la mobilité entrante vers la France se situe désormais sur un rythme de 4,5%, tendance qui, si elle se maintient, permettra à la France d'avoisiner l'objectif quantitatif poursuivi. Cette mobilité se caractérise par sa grande diversité d'origine : ce sont avant tout les étudiants d'origine subsaharienne (+34% en cinq ans) et européenne (+21%) qui permettent de rester en ligne avec cet objectif, mais les contingents originaires des autres régions sont aussi en croissance au cours des cinq dernières années, avec une ampleur plus modérée pour l'Asie (+3%), les Amériques (+5%) et l'Afrique du Nord-Moyen Orient (+14%). Ce ministère souligne également la grande diversité des projets d'études poursuivis en France, témoignant du travail important de promotion de la richesse de l'ESR français mené par les postes diplomatiques : les universités accueillent la majorité des étudiants internationaux en France (63%), devant les écoles du commerce (15%), les écoles d'ingénieurs (8%), les formations du supérieur en lycées (6%) et les écoles d'art et d'architecture (3%). Dans les universités françaises, les étudiants internationaux sont majoritairement inscrits en licence (52%), puis en master (40%) et en doctorat (8%). Les sciences fondamentales sont les disciplines les plus suivies à l'université, avec un tiers des étudiants internationaux dans ces filières (33%), devant les sciences humaines et sociales, les lettres et langues (30%) et les sciences économiques (17%). Ces bons résultats sont le fruit des efforts déployés par le MEAE, notamment ceux visant à attirer plus d'étudiants issus de pays non francophones. En attestent plusieurs initiatives, notamment le programme « Urgence FLE Ukraine » mis en place en 2023-24, qui a permis de financer 532 stages intensifs de français langue étrangère (FLE) pour des étudiants ukrainiens, ou encore l'expérimentation dite des « classes internationales », portée par notre ambassade en Inde et destinée à faciliter l'insertion en premier cycle en France d'étudiants indiens traditionnellement peu ou non-francophones. La facilitation des démarches consulaires des étudiants, en raison des fortes demandes qui rallongent dans certaines zones les délais de traitement, est également un axe prioritaire identifié par le ministère pour améliorer l'accueil des étudiants internationaux. A ce titre, la mise en oeuvre du rapport dit Hermelin (2023) prévoit la définition de publics-cibles (chercheurs, alumni de niveau master, étudiants d'excellence), pour qui les procédures de prise de rendez-vous sont facilitées, en fonction du contexte local. Par ailleurs, la simplification et la numérisation des procédures, notamment la généralisation progressive du dispositif « Etudes en France » à l'ensemble des étudiants internationaux soumis à visa et le développement d'une passerelle entre « Etudes en France » et la plateforme « France-Visas », ont pour objectif de faciliter l'interopérabilité des plateformes et le parcours des étudiants. Le MEAE portera une attention particulière à l'évolution des tendances en vue de l'atteinte, d'ici 2027, des différents objectifs poursuivis. Il pourra, pour ce faire, s'appuyer sur l'opérateur Campus France, qui collecte et analyse les données internationales et nationales relatives à la mobilité étudiante consolidées par les services statistiques ministériels chargés de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Ces éléments permettent d'accompagner l'ensemble des parties amenées à intervenir dans la mise en oeuvre de la stratégie BEF, en vue de l'affinage de nos objectifs. Dans le sillage des recommandations formulées par la Cour des comptes au printemps dernier dans son rapport sur l'attractivité universitaire (Une évaluation de l'attractivité de l'enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux, mars 2025), le MEAE oeuvrera en effet à la redéfinition des priorités de notre politique d'attractivité dans le cadre de « l'acte II » de la stratégie « Bienvenue en France », qu'il conviendra d'élaborer en lien avec les différents ministères concernés. Cette nouvelle orientation de notre politique visera à redynamiser le pilotage de la stratégie BEF et à adopter une approche plus qualitative des mobilités via un meilleur ciblage des candidats par l'ensemble des acteurs de la « chaîne de l'attractivité » universitaire, sans porter atteinte à nos objectifs quantitatifs, afin de mettre ces mobilités en adéquation avec nos besoins économiques (métiers en tension, secteurs d'avenir) et avec ceux des pays de provenance.
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