Question de M. BONNEAU François (Charente - UC-A) publiée le 10/07/2025

M. François Bonneau interroge M. le ministre des armées sur le risque croissant de concurrence entre les bases industrielles et technologiques de défense (BITD) allemande et française, à la suite du partenariat entre Rheinmetall et la start-up américaine Anduril.

Le 19 mars 2025, la Commission européenne annonçait son plan « Readiness 2030 », visant à soutenir le réarmement progressif des États membres de l'Union, en encourageant notamment la coopération entre les acteurs des bases industrielles et technologiques de défense européennes. Ce plan traduit un impératif d'autonomie pour la production et la dotation de matériels militaires, dans un contexte de bras de fer diplomatiques réguliers avec Washington. Plus que jamais, la sécurité de notre continent repose sur notre capacité collective à produire, équiper et assurer notre propre défense.

Pourtant, le 18 juin 2025, le groupe industriel allemand Rheinmetall a signé un partenariat stratégique avec la start-up américaine Anduril, fondée en 2017 par un fervent soutien de Donald Trump. Elle a notamment opéré sur la sécurisation de la frontière américano-mexicaine et s'est spécialisée aujourd'hui dans la conception et la production de drones et de logiciels utilisant l'intelligence artificielle.

Rheinmetall signe ce partenariat pour développer ses propres drones et systèmes autonomes avec des technologies américaines, tout en confiant la production à des sous-traitants européens. De fait, les drones de Rheinmetall-Anduril, de conception américaine et de production européenne, pourraient bénéficier des clauses du plan européen « Readiness 2030 », notamment les prêts proposés par l'instrument SAFE.

Cette décision soulève alors des interrogations quant à la cohérence des ambitions européennes en matière de coopération et d'autonomie industrielle dans le domaine de la défense. Alors qu'une véritable souveraineté stratégique européenne tente de se concrétiser, il aura fallu trois mois à un géant industriel allemand pour privilégier un partenariat américain.

De surcroît, l'alliance de Rheinmetall avec une start-up américaine lui permet de concurrencer directement les entreprises françaises et européennes existantes sur le marché : notamment Airbus, Dassault, MBDA, Thalès, mais aussi l'italien Leonardo ; et cela avec le soutien des investissements massifs prévus par le Gouvernement allemand pour son réarmement, mais aussi par les financements prévus par le programme SAFE.

Aussi, il l'interroge afin de connaître la stratégie que le Gouvernement entend adopter pour soutenir et promouvoir les acteurs de la base industrielle et technologique de défense française, face à un risque croissant de concurrence déséquilibrée avec les industriels allemands.

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En attente de réponse du Ministère des armées.

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