Question de M. CHEVROLLIER Guillaume (Mayenne - Les Républicains) publiée le 31/07/2025

M. Guillaume Chevrollier attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la promotion de la Francophonie, au croisement des objectifs de rayonnement, de solidarité et de coopération.

L'Afrique francophone, où réside une majorité des locuteurs de français dans le monde, constitue un espace prioritaire pour les politiques de coopération linguistique et éducative de la France.

Bien que l'Afrique subsaharienne francophone reste la principale bénéficiaire des fonds de solidarité prioritaire (FSP), et que la France soutienne également des initiatives multilatérales majeures, notamment via l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), visant à articuler l'enseignement du français avec la valorisation des langues nationales dans une logique de plurilinguisme inclusif, le contexte géopolitique actuel fragilise ces efforts.

En effet, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont récemment pris leurs distances vis-à-vis de la Francophonie institutionnelle, exprimant une volonté de réappropriation linguistique et culturelle. Ces évolutions interrogent la capacité du dispositif francophone à s'adapter aux aspirations contemporaines des sociétés africaines.

Dès lors, il souhaite savoir quelles orientations et quels moyens le Gouvernement entend mobiliser pour renforcer la place du français dans les systèmes éducatifs africains, pour soutenir un plurilinguisme respectueux des langues nationales et pour adapter la coopération francophone aux nouvelles dynamiques politiques, éducatives et culturelles du continent, afin de garantir un rayonnement durable et partagé de la langue française en Afrique.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 11/09/2025

L'Afrique se caractérise par sa forte dimension plurilingue. La langue française est le socle commun et le lien partagé des pays appartenant à l'espace francophone : 27 pays africains sont membres de l'Organisation internationale de la Francophonie (24 membres/3 membres observateurs). Elle permet de conjuguer les expertises de chacun et d'oeuvrer ensemble pour relever les défis du XXIe siècle : l'éducation et l'employabilité de la jeunesse. Dans ce cadre, la priorité de la formation des enseignants de français et enseignant en langue française s'inscrit dans une logique partenariale Afrique-France renouvelée, conformément à la nouvelle stratégie internationale de la France en matière d'éducation de base 2024-2028. Pour y répondre, les Fonds Equipe France (FEF) sont un outil majeur d'action des postes diplomatiques permettant de coopérer avec les autorités éducatives partenaires dans le domaine de la formation des enseignants, la promotion et l'incitation de l'apprentissage de la langue française (Ouganda). Actuellement, une dizaine de projets FEF ont une ou plusieurs composantes portant sur le renforcement des compétences linguistiques et didactiques des enseignants, notamment au Mali. Par ailleurs, l'Institut français de Paris déploie le dispositif IFClasse dans 7 pays d'Afrique pour le renforcement de leurs compétences en français, via une plateforme d'auto-formation contextualisée. L'accompagnement des grands bailleurs, et en premier lieu l'Agence française de développement (AFD), est un élément indispensable aux actions menées en matière éducative, sur la formation des enseignants et sur la scolarisation de base, comme au Cameroun, au Gabon et au Togo. La présence de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est particulièrement dense sur le continent, elle y déploie des actions en soutien aux systèmes éducatifs locaux (programme de mobilité des enseignants au Ghana et au Rwanda). Organisé par l'Institut français de Paris, le séminaire régional « langue française » s'est tenu à Yaoundé du 14 au 16 mai 2025 et a réuni des représentants (français et locaux) de 18 pays d'Afrique centrale, de l'Ouest et de l'Est (Burundi, Cameroun, Côte d'Ivoire, Eswatini, Ghana, Guinée, Guinée Equatoriale, Kenya, Libéria, Mali, Maurice, Mozambique, Nigéria, RDC, RCA, Rwanda, Sénégal, Tchad). Premier exercice du genre hors de France, il a mobilisé un large éventail d'acteurs avec pour ambition de renforcer les synergies régionales, valoriser les approches multilingues et promouvoir une francophonie contextualisée, inclusive et tournée vers l'action. Les trois thématiques développées pendant ce séminaire - la formation des enseignants, la promotion du français comme langue d'insertion professionnelle et l'intégration de l'intelligence artificielle dans les systèmes éducatifs - sont au coeur des défis que souhaitent relever à la fois la francophonie institutionnelle mais aussi la France en s'appuyant sur un texte fondateur et toujours d'actualité : la stratégie pour la langue française et le plurilinguisme, dévoilée par le Président Macron en mars 2018. Enfin, le français professionnel est un axe majeur de développement dans toute la zone, qu'il soit soutenu par l'AFD ou non, et les actions de promotion du français comme langue d'opportunités se développent. Plusieurs FEF visent des actions à destination du français professionnel, par exemple dans le secteur du tourisme (Ethiopie, Djibouti), de l'agriculture (Bénin), de l'énergie (Guinée équatoriale) ou les secteurs de l'innovation (Sénégal, Gabon). Les perspectives de développement du français sont liées à la perception de sa capacité à servir l'accès à l'emploi, notamment des plus jeunes et des catégories socio-professionnelles les moins élevées. Ce renouvellement de l'image du français comme vecteur d'employabilité est bien saisi par l'ensemble de nos postes diplomatiques qui soulignent l'importance stratégique du français professionnel, en particulier en Afrique centrale où nos ambassades mettent la formation professionnelle au centre de leurs priorités.

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