2. Le déséquilibre des investissements au profit du TGV

Comme il l'a été souligné devant votre commission, la priorité de la SNCF réside désormais " dans la qualité de son réseau actuel et dans sa remise à niveau, les moyens de financement dans les dernières années ayant été consacrés aux lignes de TGV ".

L'analyse des dépenses d'infrastructures de la SNCF entre 1980 et 1996 souligne, en effet, le poids prépondérant des dépenses relatives à la réalisation du programme TGV -en particulier entre 1990 et 1996.

Sur la période 1990-1997, les investissements TGV ont représenté en francs courants 45 milliards de francs sur un total d'investissements consacrés au réseau principal de 91 millions.

C'est entre 1990 et 1992 que ces dépenses ont connu leur ampleur maximale. Elles représentaient en effet, au cours de cette période, plus de la moitié des dépenses d'infrastructures engagées par la SNCF sur le réseau principal avant de décroître en 1994 et 1995 et de progresser à nouveau à partir de 1996, année marquée par la montée en puissance des travaux de construction du TGV-Méditerranée.

Il faut souligner que la diminution des dépenses d'investissement intervenue entre 1993 et 1996, qui est liée au ralentissement du programme TGV, a été accompagnée d'une réduction des dépenses d'infrastructures affectées au réseau " grandes lignes ".

Cet engagement de la SNCF en faveur du TGV qui s'est traduit par une réduction de la part relative des dépenses d'investissement consacrées au réseau classique trouve aujourd'hui ses limites. Une remise à niveau de ce dernier s'impose, et cela pour des raisons essentiellement commerciales.

En effet, si le retard pris dans la mise à niveau du réseau classique ne pose pas de problèmes de sécurité, il se répercute sur la qualité des trafics, ce qui est de nature à handicaper le transport ferroviaire par rapport à ses concurrents, cette constatation étant plus particulièrement vérifiée pour le trafic de marchandises.

L'amélioration des infrastructures du réseau classique s'avère sur certaines relations nécessaires. Sur certaines dessertes, comme celles de la région dijonnaise ou encore au Sud de Nancy, la SNCF est obligée de limiter les vitesses des trains de fret pour des raisons tenant à la qualité des voies.

Par ailleurs, certains points du réseau, en raison d'une absence d'investissement, sont désormais saturés . En effet, contrairement à ce que peut laisser penser l'évolution de la part modale du transport ferroviaire, les trafics sont en croissance en nombre de trains et, depuis un an, en tonne/kilomètre et en nombre de voyageurs transportés. Le trafic demeurant concentré sur un nombre réduit d'axes, cette évolution se traduit par la saturation de différents noeuds ferroviaires.

C'est le cas, en particulier, de la liaison Bordeaux-Tours et du pont sur la Garonne, de la grande ceinture au nord et au Sud-Est de l'agglomération parisienne qui fait l'objet d'un trafic de fret très important devant coexister avec des trafics " banlieue " ou " grande lignes " dans des conditions de plus en plus difficiles. Il est de même dans la région lyonnaise caractérisée par un trafic régional et " grandes lignes " considérable et également fortement demandeuse en sillons pour les trains de fret. Les contournements de Nîmes et de Montpellier constituent également des points de saturation extrêmement difficiles à surmonter, qui limitent la capacité de transit vers l'Espagne et le Portugal et créent des difficultés pour dégager des sillons de fret vers ces pays.

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