1. Le SDRN de 1992 renforce la place de l'autoroute dans le réseau français

Les schémas directeurs routiers nationaux sont des documents " d'affichage des choix publics ", auxquels doit se conformer tout projet de voie rapide de plus de 25 kilomètres. Les schémas s'appliquent aux liaisons interurbaines. Par conséquent, les autoroutes de la régions Ile-de-France n'y figurent pas. Elles sont inscrites au schéma directeur de l'Ile-de-France.

Trois schémas nationaux se sont succédés depuis l'entrée en vigueur de la LOTI. Le schéma directeur du 14 février 1986, le premier document de programmation depuis 1978, tirait les conséquences du ralentissement du développement autoroutier depuis 1981 en abandonnant 1.570 kilomètres d'autoroutes par rapport au programme de 1978.

Le schéma du 18 mars 1988 constitue la base du programme actuel. Il relançait le programme autoroutier en ajoutant 1.700 kilomètres de liaisons à péage aux 1 100 kilomètres non encore engagés du schéma précédent. Ces 2.800 kilomètres étaient prévus pour être réalisés en dix ans.

CARTE N° 1

LE RÉSEAU AUTOROUTIER

CARTE N° 2

LE SCHÉMA DIRECTEUR ROUTIER NATIONAL

CARTE N° 3

RESEAU DE VOIRIE RAPIDE

Le schéma directeur routier national (SDRN) de 1992 amplifie l'orientation autoroutière du schéma de 1988. Il ambitionne, en quinze ans, de doter la France d'un réseau national de 37.700 kilomètres environ, au sein duquel se distinguent trois types de liaisons à vocation structurante :

Les autoroutes de liaison

S'étendant sur 9.540 kilomètres, elles sont, lorsqu'il s'agit de constructions nouvelles, " généralement réalisées sous le régime de la concession et donnent lieu à péage pour leur exploitation ".

Le régime de la concession

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, nombreux étaient ceux qui pensaient que la qualité et la densité du réseau routier de la France la dispensaient de la réalisation d'autoroutes. Le vote de la loi du 18 avril 1955 a permis de rattraper le retard pris en disposant que " l'acte déclaratif d'utilité publique peut, dans des cas exceptionnels, décider que la construction et l'exploitation d'une autoroute seront concédées par l'Etat à une collectivité publique, à un groupement de collectivités publiques, ou à une chambre de commerce, ou à une société d'économie mixte dans laquelle les intérêts publics sont majoritaires ".

Les sociétés dont la création est ainsi autorisée signent avec l'Etat une convention de concession, qui leur transfère la responsabilité du financement , de la construction , de l'entretien et de l'exploitation à péage de la section faisant l'objet de la convention.

La loi de 1955 a été par la suite assouplie. La mention " dans les cas exceptionnels " a été supprimée par le décret du 4 juillet 1960. Mais surtout, la loi de finances pour 1969, complétée par un décret du 12 mai 1970, a autorisé la création de sociétés à capitaux privés .

La gestion des emprunts nécessaires au financement de la construction des autoroutes par les sociétés d'économie mixtes (SEMCA) est assurée par la Caisse nationale des autoroutes (CNA) , établissement public créé en 1963 et géré par la Caisse des dépôts et consignations.

L'établissement public Autoroutes de France (ADF), créé en 1982, accorde des prêts aux sociétés d'économie mixte ayant des besoins de trésorerie.

Le label " autoroute de liaison " tend de plus en plus à devenir synonyme d'" autoroute concédée ". En effet, à l'exclusion des autoroutes de liaisons gratuites en service lors de la publication du schéma directeur en 1992, soit environ 500 kilomètres, les autoroutes de liaisons prévues au schéma directeur sont toutes à péage.

Les liaisons assurant la continuité du réseau autoroutier

Les LACRA sont soit des routes nouvelles, soit des voies existantes aménagées. Elles sont destinées à " être intégrées dans la catégorie des autoroutes au sens de l'article L. 122-1 du code de la voirie routière 30( * ) et sont réalisées soit par aménagement sur place de voies existantes, soit en site nouveau, de façon à recevoir à terme le statut d'autoroutes tout en restant hors péage ".

Leur construction, sur crédits budgétaires, se justifie par l'impact négatif, pour le fonctionnement général du réseau comme pour l'aménagement du territoire, des discontinuités entre les tronçons autoroutiers. Elles prennent la forme :

- de liaisons à 2x2 voies continues dénivelées de façon, comme le prévoit le décret, à recevoir à terme le statut d'autoroutes. Elles sont financées dans le cadre des contrats de plan Etat-régions ;

- d'autoroutes aux caractéristiques traditionnelles. Ainsi, les grandes autoroutes gratuites construites depuis 1992, telles que l'A 75 et l'A 20, entrent dans la catégorie des LACRA. Leur financement est " hors contrat de plan Etat-régions ". Il est assuré par le fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables, le FITTVN.

Au terme de la mise en oeuvre du schéma directeur, les LACRA devraient s'étendre sur 2.580 kilomètres.

Les grandes liaisons d'aménagement du territoire

Prévues sur 4.410 kilomètres, elle complètent le " réseau de base ". Leur fonction est " d'assurer une armature structurante du territoire. A ce titre, elles bénéficieront pour leur aménagement d'une attention prioritaire pouvant conduire à anticiper les stricts besoins du trafic ".

Les GLAT ne sont pas de nouvelles voies à proprement parler. Elles font partie du réseau existant mais, compte tenu de leur importance en matière géographique, elles sont considérées comme prioritaires dans l'allocation des crédits budgétaires.

Le tableau ci-dessous met en évidence le parti pris en faveur de l'autoroute qui a présidé à la modification du schéma directeur de 1988 :


 

SDRN 1988

SDRN 1992

Evolution en %

Evolution en km

Réseau national dont :

36.800

37.700

+ 2,4

+ 900

Autoroutes de liaison

8.590

9.540

+ 11,1

+ 950

LACRA

2.740

2.580

- 5,9

- 160

GLAT

4.850

4.410

- 9,1

- 440

Le rapport de la direction des routes relatif au schéma directeur de 1992 constatait, notamment, que " si le réseau autoroutier à péage prévu par le schéma directeur de février 1986 pouvait être achevé pour l'essentiel en huit années, il aurait fallu près de trente ans pour terminer les réalisations dépendant des financements budgétaires . " Ce délai n'était pas considéré " compatible avec les objectifs actuels de désenclavement, d'efficacité économique et d'ouverture européenne " de la France.

En revanche, le rapport jugeait les sociétés concessionnaires d'autoroutes " à même de supporter le poids financier d'un réseau plus étendu sous réserve d'une évolution des péages au même rythme que les prix ".

La décision prise en 1992 de réviser le schéma directeur routier national de façon à accroître la part des autoroutes à péage repose donc sur la reconnaissance de l'efficacité du recours à la concession pour satisfaire les besoins en matière d'autoroute en période de rareté des crédits budgétaires.

Le graphique ci-dessous témoigne de l'ampleur de la réduction des financements budgétaires du programme autoroutier dans un contexte d'accroissement du montant total des ressources.



Parallèlement à la révision des tracés, le SDRN de 1992 décidant de supprimer les avances budgétaires aux sociétés concessionnaires, confirmant par là le parti pris du financement privé des constructions d'autoroutes.

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