EXPLICATION DE VOTE DES COMMISSAIRES APPARTENANT AU GROUPE SOCIALISTE

Le 11 décembre 1997, le Sénat décidait la création d'une commission d'enquête chargée d'examiner le devenir des grands projets d'infrastructures terrestres d'aménagement du territoire, dans une perspective de développement et d'insertion dans l'Union européenne. La présentation qui en était faite par le rapporteur pouvait laisser penser qu'il s'agissait d'une machine de guerre contre le nouveau Gouvernement, d'autant plus que plusieurs autres commissions d'enquête du même type étaient en même temps proposées. L'abandon du canal Rhin-Rhône y était dénoncé en des termes inacceptables et la condamnation des premières mesures et des annonces de réformes du Ministre de l'équipement, des transports et du logement et de la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement relevait d'un procès d'intention. M. Guy Allouche exprima au nom du groupe socialiste nos réserves et annonça notre abstention.

La commission présente aujourd'hui son rapport. Les règles administratives des commissions d'enquête rendent difficile, voire impossible, la rédaction d'observations très argumentées. Nous nous bornerons donc à présenter quelques indications générales et à expliquer notre position.

1°) La commission a travaillé largement longuement et sérieusement même si la participation à ses travaux n'a pas toujours été suffisante. Nous en remercions ses membres, son rapporteur et son président.

2°) Ses conclusions, que nous ne partageons pas toutes, montrent à l'évidence que les craintes exprimées lors de sa création n'étaient pas justifiées.

L'abandon du canal Rhin-Rhône est accepté, même si cette position est formulée en termes diplomatiques.

Une réflexion sur la politique du TOUT TGV est entamée et l'option pendulaire approuvée avec la prise en compte du rapport Rouvillois.

Les difficultés financières et administratives de l'achèvement du schéma directeur routier sont bien analysées.

3°) Nous approuvons un certain nombre de prises de position, à savoir :

La nécessité de réaliser Seine-Nord, tout en maintenant la volonté de développer l'activité du port de Dunkerque.

La volonté de maintenir la position favorable des ports du Havre et de Marseille en créant les équipements nécessaires, en particulier les couloirs ferroviaires vers l'Est pour le premier, vers le Nord-Est pour le second.

Une politique de développement du transport de fret par le rail partout où cela sera possible.

Le souhait d'achever le schéma directeur routier en prenant en compte les difficultés financières et administratives. De ce point de vue, la réflexion engagée par le Gouvernement et acceptée par la commission sur des autoroutes allégées (à discuter avec les collectivités locales) est intéressante.

Enfin, nous partageons le souhait de voir le Parlement intervenir plus directement dans la décision des schémas de transport.

4°) Nous regrettons :

Que la réflexion sur des schémas de services de transports voyageurs et marchandises spécifiques ne figure pas dans ce rapport.

Que l'intermodalité, même si sa nécessité est reconnue, ne fasse pas l'objet de propositions suffisantes.

Que les conséquences sociales de l'évolution des différents modes de transport ne soient jamais abordées.

Que la commission n'ait pas souhaité prendre en compte le transport aérien pourtant incontournable dans une vision intermodale des transports et d'aménagement du territoire européen.

Que les difficultés posées par les réglementations européennes soient sous-estimées. Par exemple, nous ne partageons pas l'avis de la commission sur l'allongement des concessions ou leur globalisation. Nous tenons à rappeler, en particulier dans le domaine ferroviaire, notre attachement au service public.

Nous aurions pu approuver cependant ce rapport en y indiquant nos réserves. Il est malheureusement parsemé de paragraphes politiques (ou politiciens ?) parfois d'ailleurs totalement démentis par le contenu même du texte. Ainsi, par exemple, l'affirmation de M. Raymond Barre indiquant que le Gouvernement a abandonné le canal Rhin-Rhône pour des raisons électorales est inacceptable d'autant plus que sa présentation laisse penser qu'elle est reprise par la commission.

Les sénateurs socialistes ont donc voté contre le rapport.

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