Une attitude prudente pour le reste du parc

L'introduction du Mox n'est pas, en revanche, à l'ordre du jour pour les réacteurs des paliers CP0 (900 MWe de première génération), P4-P'4 (1 300 MWe) et N4 (1 450 MWe). EDF ne la souhaite pas pour le moment. Pour accroître la rentabilité des réacteurs précités, Electricité de France privilégie en effet l'allongement des campagnes à 18 mois. C'est l'amélioration des performances des combustibles qui permet la présence accrue des combustibles dans le coeur, avec comme conséquence heureuse une meilleure rentabilité du combustible et une diminution des frais de déchargement-rechargement.

Cette politique d'allongement de la durée des cycles d'exploitation est déjà largement mise en oeuvre pour les tranches 1 300 MWe. Elle doit faire l'objet d'un accord de l'autorité de sûreté à la mi-98 pour les tranches CP0. Une réflexion est en cours à ce sujet pour les 4 tranches N4.

EDF souligne les avantages d'un parc " bicolore ", dans lequel une partie du parc est " moxée " avec des campagnes annuelles, et l'autre partie est chargée uniquement en combustibles UO2, avec des campagnes à 18 mois.

Pour EDF, cette configuration constitue, " dans les conditions actuelles ", une sorte d'optimum entre la nécessité de garantir l'équilibre du réseau par une répartition judicieuse des arrêts de tranche sur l'année, le souci de baisser les coûts de maintenance, la performance des combustibles et la stratégie de l'aval du cycle.

Pour un EPR moxé à 15 %

Pour avoir une vision à long terme de l'aval du cycle, il est évidemment nécessaire d'inclure dans les réflexions l'EPR.

L'EPR qu'EDF semble appeler de ses voeux serait moxé à 15 %. Comme on l'a vu précédemment, Framatome estime qu'il est possible de monter beaucoup plus haut en pourcentage d'assemblages de Mox. Mais cette solution ne semble pas retenir l'attention d'EDF qui insiste sur le fait que l'exploitation ne doit pas être sensiblement modifiée par l'introduction du Mox.

Les projections effectuées par EDF sur le long terme indiquent qu'un parc de deuxième génération entièrement constitué de réacteurs EPR moxés à 15 % serait en mesure de ramener à zéro vers 2075 le stock de plutonium provenant du combustible à l'oxyde d'uranium.