3.3. le prix de la réversibilité

La réversibilité est une notion séduisante en ce qu'elle laisse ouvert le champ du possible.

La reprise des combustibles usés et des déchets peut en effet être nécessaire dans différents cas. Le premier cas est celui d'une perte de confinement dangereuse pour l'environnement qui obligerait à reprendre les colis pour mieux les conditionner, par exemple.

Le deuxième cas est celui où la mise au point de nouvelles techniques de destruction des déchets rendrait possible une diminution de la radiotoxicité des déchets.

Le troisième cas est celui où les déchets - ou plutôt les combustibles irradiés dans cette hypothèse - pourraient voir leur contenu énergétique valorisé parce que les conditions de marché les rendraient alors compétitifs.

La réversibilité a donc son prix. Mais elle a aussi un coût important car elle oblige à renforcer les conditions de sécurité et de sûreté et impose une durabilité inhabituelle à un ensemble de technologies et d'équipements.

La réversibilité apparaît comme compliquant la sécurité, sinon comme contraire à celle-ci. La réversibilité signifie possibilité de désentreposer les colis, de réouvrir ces derniers et d'en extraire les matières radioactives. Des techniques d'interdiction de toutes ces étapes aux cas non autorisés devraient pouvoir être imaginées mais leur coût viendra alourdir les coûts d'entreposage.

La réversibilité rend plus complexe également le maintien d'un niveau de sûreté satisfaisant. Les matrices immobilisant les radioéléments dans la masse, comme les verres ou mieux les céramiques, devraient, en bonne logique, être abandonnées, alors qu'elles sont un puissant élément de sûreté. La multiplication des barrières serait toujours envisageable, avec toutefois des risques de contournement de celles-ci ou de fuites, puisque ces barrières devraient être amovibles.

La réversibilité oblige par ailleurs à une pérennité des équipements de manutention. Cette pérennité peut résulter de la robustesse et de la simplicité des appareils de départ. Elle peut aussi être obtenue par une maintenance attentive et régulière qui viendrait obérer les coûts d'exploitation.

Si la réversibilité était considérée comme une priorité, il faudrait alors délaisser les solutions sophistiquées et les équipements spécialisés, sauf à accroître les coûts d'entreposage. Mais dans cette hypothèse, il apparaît clairement que la simplicité et le caractère standard des équipements de transport ou de levage ne militent pas en faveur de la sécurité.

Au final, la réversibilité pourrait favorablement être limitée dans le temps. Un compromis pourrait être trouvé avec le coût et la sûreté.

Si l'on prend le cas d'un entreposage en sub-surface avec l'insertion des colis dans des puits verticaux ou horizontaux, l'on peut imaginer que la réversibilité soit fonction du taux de remplissage. Dès qu'un puits serait saturé, il serait obstrué, par exemple avec de la bentonite. Il en serait de même pour une galerie puis pour un niveau de stockage, etc. En fonction des dimensions de l'entrepôt, on pourrait optimiser la réversibilité avec le coût et la sûreté de l'installation.

En réalité, un optimum devrait pouvoir être dégagé, pour chaque type d'installation, entre la durée de la réversibilité, le coût de l'entreposage et le niveau de sûreté de celui-ci.