III. 5.3. LES « BRIQUES TECHNOLOGIQUES » : UN SEUL EFFORT, PLUSIEURS UTILISATIONS

Dans le domaine de la propulsion, les briques technologiques sont des ensembles, fruits de démonstrations ou de développements, ayant permis de valider les technologies en conditions opérationnelles, et qui deviennent communs à plusieurs développements.

Les « briques technologiques » forment la réponse la plus rationnelle aux développements toujours très longs de la propulsion spatiale, et aux nécessités d'adaptations permanentes des lanceurs : Un seul effort bénéficie alors directement à plusieurs développements et répond aux contraintes économiques et budgétaires.

Un exemple de ces briques technologiques est celui du moteur à propergol solide « P80 », préfigurant une évolution des moteurs P230 d'Ariane 5, et doté notamment d'une tuyère de nouvelle génération.

Cet ensemble propulsif à propergols solides de nouvelle génération, décidé en 2000 au sein de l'ESA pourra permettre de franchir une étape technologique décisive pour, le moment venu, engager une amélioration, en performance et en coût récurrent d'Ariane 5.

Mais, en plus, cette « brique technologique » est aussi directement disponible pour bâtir un petit lanceur (un P80 surmonté d'un autre type d'étage) ou un éventuel lanceur moyen (par exemple deux P80 l'un sur l'autre, surmontés d'un autre étage). Comme on l'imagine, ce potentiel d'usages multiples (triple en l'occurrence) est un avantage majeur dans le contexte spatial européen.

De la même façon, un ensemble propulsif basé sur le futur moteur VINCI, forme aussi une brique technologique idéale au niveau des étages supérieurs de lanceurs moyens à lourds.

La maîtrise de briques technologiques constitue aussi un ensemble d'atouts pour les futures coopérations internationales que les recherches d'économies ne manqueront pas de susciter voire d'imposer. Afin de rester maître des clés de l'accès à l'espace, l'Europe doit aussi mettre ses acteurs en meilleure position pour s'y préparer.

IV. 5.4. LES ÉVOLUTIONS ENVISAGÉES EN EUROPE

Alors que doivent être confirmées les évolutions d'étage supérieur (moteur VINCI) pour qu'Ariane 5 soit au mieux de son potentiel en 2005, face aux programmes américains d'envergure qui verront le jour dès 2002-2003, de nouvelles voies sont déjà explorées.

Ariane 5

En Europe, à l'horizon 2010, une évolution d'Ariane 5, moins chère et plus performante, devra être disponible pour faire face à l'évolution prévisible de la concurrence. Elle suppose des gains très significatifs qui impliquent de pouvoir disposer en Europe, de nouvelles technologies "bas coûts", notamment en propulsion à propergol solide (MPS2) et principale cryotechnique (Vulcain 3) car l'objectif est de poursuivre la réduction des coûts.

L'importance des "sauts technologiques" nécessaires a conduit les Européens à examiner une logique de préparation de ces futurs développements, s'appuyant sur des démonstrateurs à échelle représentative, comme on a pu l'évoquer plus haut.

Petits ou moyens lanceurs : une motorisation en synergie avec Ariane 5 !

Au-delà du marché principal des satellites lourds de télécommunications d'Ariane 5, il existe d'autres besoins, concernant des satellites de plus faible masse destinés à l'observation de la terre, les télécommunications, la navigation, les sciences, etc., à partir d'orbites basses ou moyennes. Ces besoins potentiels pourraient justifier le développement de lanceurs plus petits. C'est ce que prévoit la stratégie "lanceurs" adoptée par l'ESA en juin 2000.

De plus les conditions du marché géostationnaire pourraient à terme justifier l'existence d'un lanceur adapté à des lancements simples en complément d`Ariane 5 dont l `économie repose exclusivement sur les lancements doubles.

On peut proposer ainsi à partir des deux éléments communs de base (les briques technologiques, Cf. 5.3), constitués d'une part du moteur cryotechnique d'étage supérieur "Vinci" et d'autre part d'un nouveau propulseur solide à bas coût emportant environ 80 tonnes de propergol (P80), ou bien du MPS (230 tonnes), de construire ensuite, par phases, dictées par le marché, et dans des délais et des coûts réduits, une filière de lanceurs bas coûts couvrant les principaux segments prévisibles du marché.

Le moteur Vinci, développé pour le programme Ariane 5 Plus, pourra ainsi également équiper des étages supérieurs d'un petit ou d'un moyen lanceur.

La propulsion des lanceurs réutilisables

Afin de préparer en Europe les technologies nécessaires à un lanceur réutilisable à l'horizon 2015-2020, il est essentiel de poursuivre ou démarrer des activités de démonstrations avancées qui associent comme aux Etats Unis la propulsion aux études d'engins. Les récents déboires constatés un peu partout (USA, Japon, Europe) sur ce sujet doivent conduire à une vision plus modeste sur les tailles visées. Il faut capitaliser les résultats, sans repousser longtemps les démonstrations.

Mais entre-temps il est nécessaire d'utiliser au mieux les éléments disponibles ou sur le point de l'être.

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