f) Des relations privilégiées avec les média

Les Think Tanks entretiennent évidemment des relations de symbiose étroite avec les média.

Outre l'importance de leurs services de communication, il convient ainsi de souligner que nombre de Think Tanks , comme par exemple la Brookings Institution , offrent sur leur site internet un portail dédié aux journalistes.

Ce portail recense les derniers communiqués de presse, et présente sous des titres accrocheurs des liens vers les principaux documents susceptibles d'intéresser les média.

Cependant, comme le soulignait l'un des économistes rencontrés, les média reprennent relativement peu les conférences de presse, les déjeuners de presse, les communiquées à la presse ou les publications des Think Tanks .

En revanche, les journalistes apprécient de bénéficier à titre exclusif des analyses des chercheurs des Think Tanks .

Pour être cités dans les média, les Think Tanks doivent donc mettre leurs experts à la disposition des journalistes, et s'organisent pour cela.

A cette fin, les attachés de presse des Think Tanks ont pour mission d'aiguiller rapidement les journalistes vers un expert télégénique susceptible de leur répondre : les sites internet de certains Think Tanks mentionnent ainsi des lignes de téléphones dédiées aux journalistes à la recherche d'interviews.

De même, la plupart des sites internet de Think Tanks recensent pour chaque grand thème d'actualité la liste des chercheurs susceptibles de répondre à des questions, de manière à ce que les journalistes en mal d'articles ou de citations puissent aisément identifier et contacter un « expert » référent.

Ces experts sont d'ailleurs incités à faire preuve de disponibilité vis à vis des journalistes, les plus connus d'entre eux étant parfois contactés plusieurs fois par jour.

g) Des relations étroites avec le Congrès

Il convient de souligner d'emblée que les Think Tanks ne réalisent qu'à titre exceptionnel des études à la demande du Congrès ou de l'administration fédérale.

En effet, la réalisation de prestations de services analogues à ceux qui pourraient être proposés par des cabinets de consultants du secteur privé leur ôterait le bénéfice de leur régime fiscal favorable.

En outre, la plupart des Think Tanks , notamment ceux de Washington, se trouvent dans une tout autre logique vis à vis du Congrès et de l'administration présidentielle.

Leur but est en effet d'informer et d'influencer activement les principaux responsables publics, quitte à engager pour ce faire des dépenses si nécessaire.

La plupart des Think Tanks adressent ainsi leurs publications gratuitement aux membres du Congrès.

En outre, les Think Tanks invitent régulièrement les staffers des parlementaires à des déjeuners-conférences : comme le soulignait ainsi un économiste rencontré, les Think Tanks offrent ainsi aux staffers et aux journalistes un assez bon déjeuner (c'est à dire d'un coût de 30 à 40 dollars), donc les « paient » pour pouvoir leur exposer leurs idées.

Enfin, les Think Tanks demandent également à leurs experts de faire preuve d'une grande disponibilité vis à vis des parlementaires et de leurs staffers , notamment des staffers des commissions.

A titre d'illustration, on peut ainsi souligner que The Heritage Foundation dispose d'une « hotline » téléphonique réservée aux membres du Congrès et à leurs staffers .

En retour, les Think Tanks peuvent espérer exercer une certaine influence sur les décisions publiques et bénéficier d'appréciations louangeuses de la part d'élus influents : reproduites sur leurs publications et sur leurs sites internet, ces appréciations renforceront leur crédibilité, donc leur capacité à lever des fonds.

Les Think Tanks peuvent surtout espérer être formellement auditionnés par les commissions du Congrès.

Ces auditions constituent en effet une occasion importante pour convaincre, non seulement les parlementaires, mais aussi le grand public. En effet, ces auditions, qui sont ouvertes à la presse et parfois télévisées, bénéficient d'un certain écho médiatique. En outre, le texte de ces auditions est largement diffusé, notamment sur les sites internet des Think Tanks concernés.

Les auditions d'experts de Think Tanks sont d'ailleurs gagnant-gagnant pour les Think Tanks comme pour les parlementaires commanditaires de l'audition (c'est à dire le plus souvent les parlementaires de la majorité de la commission ou de la sous-commission).

D'un côté, les Think Tanks y gagnent en prestige et notoriété.

De l'autre, les parlementaires recueillent ainsi publiquement des arguments relativement « scientifiques », formulés dans un langage clair et accessible, conclusifs, prévisibles et favorables à leurs thèses : la majorité de la commission ou de la sous-commission, ainsi que la minorité lors de ses créneaux réservés, invitent en effet généralement des experts qui conforteront leurs présupposés.

Cela explique d'ailleurs que le rôle des Think Tanks demeure ambigu .

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page