B. DE LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE À L'AUDIT DES COMPTES PUBLICS

A la fin de la seconde guerre mondiale, le Comptroller General Warren reconnût que le GAO ne pouvait plus exercer sa mission de comptable public. En conséquence, il engagea en 1947, en coopération avec le Secrétaire d'Etat au Trésor et avec le directeur de l'Office of Management and Budget , une réforme d'ensemble de la comptabilité et des finances publiques qui devait recevoir l'assentiment du Congrès dans le cadre de l'Accounting and Auditing Act de 1950.

La comptabilité publique fut déconcentrée et transférée aux départements ministériels et aux agences fédérales, et la mission du GAO fut recentrée sur la définition des normes comptables, d'une part, sur l'audit de la comptabilité et de la gestion des départements ministériels et des agences fédérales, d'autre part.

En conséquence, le GAO se sépara de son armée de vérificateurs, et commença à recruter des auditeurs . En 1951, le GAO n'avait donc plus que 7.000 employés, et, en 1965, seulement 4.000.

A cette époque, le GAO était organisé comme un cabinet d'expertise comptable : son personnel comportait un nombre croissant d'experts comptables , et une proportion importante de son encadrement supérieur provenait directement des grands cabinets d'audit. En poste de 1954 à 1965, le Comptroller General Campbell était d'ailleurs lui même expert comptable.

Par ailleurs, le GAO développa à partir de 1952 un réseau de bureaux déconcentrés , y compris auprès des forces américaines à l'étranger. Durant la guerre du Vietnam, le GAO ouvrit ainsi un bureau d'une trentaine d'agents à Saïgon.

C. DE L'AUDIT DES COMPTES PUBLICS À L'ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES ET DE LA GESTION PUBLIQUE

En 1965, le choix par le Président Lyndon Johnson du nouveau Comptroller General ouvrit la voie à la seconde transformation du GAO

En fonctions de 1966 à 1981, Elmer Staats, un économiste de formation, qui avait été directeur-adjoint du Budget sous quatre Présidents successifs, décida de diffuser au sein du GAO les méthodes analytiques alors en vogue au sein de la direction du Budget (notamment le planning , programing, budgeting system - PPBS - c'est à dire l'équivalent de ce que sera la rationalisation des choix budgétaires - RCB - dans les années 1970 en France), et qui parvint sans peine à convaincre le Congrès de ce que l'analyse des politiques publiques constituait pour le GAO une extension logique de ses missions d'audit.

En 1967, une proposition de loi confia ainsi au GAO, à titre expérimental , l'évaluation des programmes de lutte contre la pauvreté engagés par l'administration Johnson.

Le relatif succès de cette initiative, mise en oeuvre par le personnel du GAO avec le concours de nombreux consultants extérieurs, confirma que le GAO était en mesure d'évaluer des programmes politiquement sensibles sans trop de risques pour l'institution dès lors que les évaluations étaient conduites avec prudence et méthode .

En conséquence, le Legislative Reorganization Act de 1970, et surtout le Congressionnal Budget and Impoundment Act de 1974 confièrent expressément au GAO une mission complémentaire d'appréciation de l'efficacité des politiques et des administrations fédérales.

Au cours des années 1970, le GAO s'investit ainsi de manière croissante dans l'évaluation ex post des politiques publiques, et produisit des rapports aussi divers que l'évaluation de la programmation du nombre de lits dans les hôpitaux militaires par le ministère de la Défense, ou l'appréciation du rapport coût-efficacité des équipements de sécurité des automobiles.

Inversement, le GAO « mit en sourdine » ses activités d'audit financier dans la mesure où les agences fédérales se dotèrent de plus en plus de capacités d'audit et de contrôle internes.

A la suite de la vague de défiance envers l'exécutif induite par la conduite de la guerre du Vietnam et par l'affaire du Watergate , le Congrès se tourna également vers le GAO pour disposer d'une expertise technique indépendante de l'exécutif.

Par exemple, à la demande du Congrès, le GAO réalisa de nombreux rapports d'analyse des perspectives énergétiques et d'évaluation des diverses options possibles en matière d'énergie nucléaire.

A partir des années 1980, le GAO réinvestit également le champ des affaires militaires , dont il avait été partiellement évincé à la fin des années 1960 avec la création d'une agence d'audit autonome au sein du département de la défense. En particulier, le GAO eut à apprécier la conduite et la pertinence des grands programmes d'armement, et dénonça les surcoûts et les surfacturations systématiques des grands contrats d'équipement militaire.

La transformation des tâches confiées au GAO se traduisit évidemment par une diversification de son recrutement : au lieu d'experts comptables, le GAO se mit à embaucher massivement des économistes, des actuaires, des ingénieurs et des informaticiens. Parallèlement, ses effectifs réaugmentèrent pour dépasser 5.000 employés .

Cette expertise diversifiée permet depuis lors au GAO de jouer un rôle de vigie et d'alerte : par exemple, au cours des années 1980, le GAO mit régulièrement les autorités publiques en garde contre la dégradation de la situation financière des caisses d'épargne, dont la faillite au début des années 1990 s'avéra finalement très coûteuse pour le contribuable américain.

A partir du milieu des années 1980, l'activité du GAO se rapprocha toutefois de ses missions d'audit antérieures, en raison de la dégradation des finances publiques : sous les effets conjugués de la récession consécutive au second choc pétrolier et de la hausse des dépenses militaires sous les administrations Carter puis Reagan, le déficit des administrations publiques atteint 5,6% du PIB en 1983, contre « seulement » 3,1 % du PIB en France à cette même date.

Le GAO porta ainsi de nouveau son attention sur les finances publiques , dénonça l'archaïsme de l'information budgétaire et comptable et l'insuffisance des systèmes d'information et de contrôle interne comme des facteurs de dérapage des dépenses et de mauvaise gestion publique. Il publia à partir de 1985 une série de livres blancs sur la comptabilité et sur la gestion publique préconisant notamment la publication par chaque département ministériel ou agence fédérale d'états financiers annuels soumis au contrôle du GAO, une mesure qui sera d'ailleurs mise en oeuvre à partir de 1997.

De même, le GAO mit sur pied à partir de 1986 des équipes d'investigateurs professionnels , comprenant souvent d'anciens policiers, et chargées d'enquêter sur des allégations de fraude.

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