c) Deux incertitudes : MobilCom et NTL

Le secteur des télécommunications a été profondément ébranlé par la conjonction de deux phénomènes (liés), déjà évoqués : l'éclatement de la « bulle Internet » et le « séisme » des prix d'acquisition des licences de téléphonie mobile de troisième génération. Dans ce contexte, deux engagements hors bilan de France Télécom -relatifs respectivement aux participations dans MobilCom et NTL, sociétés elles-mêmes fragilisées- sont désormais considérés comme des risques par les marchés financiers.

S'agissant de MobilCom , le 23 mars 2000, France Télécom et cet opérateur allemand de téléphonie fixe et mobile et fournisseur de services d'accès à Internet ont conclu un accord cadre de coopération concernant l'acquisition d'une licence UMTS et le lancement de services de télécommunications mobiles sous la norme UMTS en Allemagne .

En vertu de cet accord, France Télécom a consenti un prêt de 3,7 milliards d'euros à une société détenue conjointement par France Télécom et MobilCom, afin de permettre à cette société de disposer du financement nécessaire à sa candidature à l'attribution d'une licence UMTS. En octobre 2000, France Télécom a fait apport à MobilCom de sa participation dans cette société, en échange d'une participation de 28,5 % au capital de MobilCom. En outre, les engagements liant les deux sociétés prévoient 20 ( * ) , le cas échéant, des garanties de prêts par France Télécom.

Compte-tenu du prix exorbitant atteint par les enchères allemandes pour l'attribution des licences UMTS et du rejet par MobilCom de la solution d'un partage d'infrastructures avec un autre opérateur, cet engagement de France Télécom -dont le montant n'est pas encore déterminé, car dépendant de plusieurs facteurs, mais pouvant au maximum atteindre 10 milliards d'euros- est désormais considéré par la communauté financière comme un risque.

Un analyste d'une agence de notation 21 ( * ) déclarait 22 ( * ) à ce propos que « toute indication que France Télécom serait prêt à s'engager plus loin avec MobilCom, -ne serait-ce qu'en garantissant une portion de sa dette- » conduirait à « réévaluer à la baisse » sa notation -qui reflète l'opinion du marché sur la situation financière de l'entreprise et conditionne le coût de son refinancement-. A l'inverse, le même analyse jugerait que si France Télécom abandonnait son partenaire allemand -quitte à constater dans ses comptes une dépréciation de sa participation de 3,7 milliards d'euros- ce désengagement constituerait un « élément positif » pour sa notation.

A en croire des échos de presse, ce risque semblerait pouvoir être relativisé au moment où le présent rapport va être mis sous presse. En dépit du fait que d'autres rebondissements peuvent encore se produire, il convient donc d'espérer que la porte de sortie qui vient d'être ainsi ouverte ne se refermera pas.

Les analystes estiment à 600 millions d'euros l'exposition de France Télécom au risque de non paiement, par le câblo-opérateur britannique NTL (détenu pour 18,5 % par France Télécom et fortement endetté) de sa participation dans Noos 23 ( * ) , et à 1,5 milliard d'euros le montant de la dépréciation de sa participation dans le capital de NTL (au total, les investissements de France Télécom dans NTL s'élèvent à environ 8 milliards d'euros).

* 20 Dans le cas où MobilCom ne serait pas en mesure de lancer ses activités UMTS sur la base de ses ressources financières propres et facilités de crédit existantes, et des financements supplémentaires qu'elle pourrait obtenir par elle-même, France Télécom serait tenue, pour tout montant nécessaire jusqu'au démarrage des activités UMTS, soit d'octroyer des prêts directement à MobilCom, soit de garantir des prêts octroyés par des tiers.

* 21 Standard and Poors.

* 22 Propos rapportés par le journal La Tribune le 13 février 2002.

* 23 En Août 2000, France Télécom a conclu un accord pour vendre sa participation dans Noos à NTL.

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