O QUELS SONT LES RISQUES DE LA NOUVELLE DONNE FINANCIÈRE ?

Les performances de la gestion jugées par rapport aux indices de références (« benchmarks »). Il est commercialement dommageable pour un « zinzin » d'afficher une performance annuelle inférieure aux fameux grands indices de référence (Cac 40, Nasdaq, Footsie, etc...). En effet comment justifier aux clients que tandis que le marché effectuait un gain de 10%, votre stratégie de gestion d'actifs a sous-performé avec des gains de seulement 2% ? Si les horizons de placements sont théoriquement longs, les performances de la gestion sont malheureusement jugées à court terme et sur la base unique du rendement, reléguant le niveau de risque pris et la performance de long terme à des plans secondaires voire inexistant.

Le focus sur la performance de court terme dans un environnement concurrentiel est source de dysfonctionnements :

Comme nous le verrons dans les sections suivantes, l'obligation de la performance de court terme dans un environnement concurrentiel implique :

des horizons de placements courts ;

des prises de risques excessives que l'on retrouve ensuite dans la structure du patrimoine financier des ménages ;

des comportements moutonniers déstabilisants et qui implique une allocation des capitaux inefficiente ;

une influence négative sur la gouvernance d'entreprises.

§ DES HORIZONS DE PLACEMENTS COURTS...

Les horizons de placements sont de plus en plus courts . Un gestionnaire de portefeuille institutionnel peut rarement se permettre de sous performer le marché pendant plusieurs années. Donc il doit avoir des horizons de placements de court terme, puisque les critères d'évaluation de sa performance sont eux aussi à court terme. D'ailleurs, les investisseurs institutionnels semblent adopter des horizons de plus en plus courts, avec une évaluation de leurs investissements sur une base de 1-3 années. Le temps moyen de détention des actifs est également devenu plus court, de 7 ans dans les années 60 à environ 2 ans aujourd'hui. Naturellement, la durée de détention d'un actif peut varier selon les types d'investisseur.

Les spécificités nationales sont essentielles. En effet, en France l'épargne gérée par les zinzins est une épargne à horizon de placements de moyen terme voire de court terme (épargne salariale détenue pour moins de cinq ans en moyenne, assurance vie à horizon de 8 ans, OPCVM sans engagement contractuel de long terme). Ceci s'oppose aux horizons d'engagements des fonds de pension qui sont par nature beaucoup plus longs. C'est pourquoi pour combattre le « court-termisme » de la gestion institutionnelle en France notamment il faut développer les fonds de pension. Mais attention, aux effets de second rang : aux Etats-Unis la plupart des fonds de pension confient la gestion de leur épargne à des fonds, dont ils évaluent la performance sur des bases temporelles courtes, réintroduisant de fait des comportements court-termiste dans la gestion. Ainsi aux Etats-Unis, 80% des avoirs des fonds de pension sont externalisés. (Sauviat, 2001).

Allonger les horizons de placement des fonds pension implique de limiter la pression concurrentielle qui pour eux s'exprime surtout à travers la gestion déléguée et via des obligations de rendement élevées. La régulation devra donc s'attacher à limiter les rendements obligatoires des fonds pension. En suite, elle devra soit imposer une gestion pour compte propre soit dans le cadre de la gestion déléguée, imposer des mandats de gestion longs afin de limiter les pressions sur une performance à court terme.

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