B. ... ET POUSSE À UNE PLUS GRANDE PRISE DE RISQUE QUE CELLE JUSTIFIÉE PAR LES ENGAGEMENTS
Les
OPCVM ne gèrent pas une épargne longue et stable, certes.
Les
OPCVM méritent un commentaire particulier à ce stade; en termes
de stabilité financière, les fonds d'investissement ne sont pas
à considérer de la même manière que les fonds de
pension et les assureurs, puisqu'ils sont sujets à des retraits
d'épargne plus rapides. Essentiellement, les OPCVM sont des
« pools » de ressources financières
gérées en commun afin de diversifier les placements et donc de
réduire le risque. Le « pool » peut subir des
retraits immédiats de la part des détenteurs des parts, tels que
les ménages. Dans le cas des retraits, les OPCVM se verront
forcés de vendre les titres correspondants. En d'autres termes, les
OPCVM sont potentiellement sujets a des « runs » (ou
retraits massifs des dépôts) de la même façon que les
banques. Logiquement, ceci peut contribuer à la volatilité du
marché boursier.
Contrairement aux assureurs vie et à fortiori aux fonds de pension.
Au contraire des OPCVM, l'assurance-vie et les fonds pension ont des
relations avec leur clients plutôt stables: les placements dans ses
produits sont une forme d'
épargne contractuelle
, très
importante dans le portefeuille des ménages. Puisque la relation entre
client et institution est plus durable (et régulée) que dans le
cas des OPCVM, les fonds pension et les assureurs-vie constituent à
priori une forme de capitaux institutionnels différente : ils sont
enclins à prendre des engagements à plus long terme.
Une prise de risque croissante des assureurs vie et des fonds de
pension.
Ces dernières années témoignent d'une prise
de risque croissante par les assureurs et les fonds de pension. Si l'on
mène une analyse superficielle, on peut dire que les assureurs et fonds
pension ont été attirés par les tendances
boursières ; la hausse a permis l'introduction et la croissance de
produits tels que l'assurance-vie sur supports unités de compte, et les
comptes retraite à cotisations définies. En conséquence,
la part des actions dans les actifs totaux s'est élevée
fortement, surtout chez les assureurs. Le risque sous-jacent de
solvabilité de ces institutions est mis en question. En outre, la
demande renforcée pour des actions a contribué à la hausse
de la bourse et au gonflement du prix des actifs.
Qui s'explique par la baisse des rendements des produits
traditionnels....
Mais l'une des raisons fondamentales de ce comportement
se trouve dans les tendances macroéconomiques des années 1990.
Comme on le voit sur le graphique 7 ci-dessus, le rendement des titres de dette
publique, placements traditionnels du secteur, est fortement en baisse. Pendant
les années 1990, le rendement moyen des obligations gouvernementales du
G7 a été de 6.5% ; en général, des niveaux de
rendements de ce type sont aisément commercialisables. Mais vers la fin
des années 1990, ce rendement a décliné vers 4%,
comparé à 9% en début de la période. En
conséquence, pour soutenir la compétitivité de leur
produits sur les marchés de l'épargne, les assureurs se sont vus
dans l'obligation d'accroître leurs placements risqués (augmenter
le profil risque/rendement) ; du coup la détention totale
d'obligations d'Etats a décliné, et la détention des
risques associés avec les secteurs entreprises (dérivés de
crédit, obligations et actions) a augmenté fortement.
Les
souhaits des assureurs de libéraliser leurs portefeuilles, largement
couronnées de succès, ont contribué à ces
évolutions
. Les mêmes observations sont en
général valides pour les fonds pension. (Rapport annuel de GDV
2002).
....et l'innovation financière, qui introduit des risques d'un genre nouveau L'innovation financière a aussi contribué à l'élévation des risques absorbés par les assureurs, et en particulier des risques qui sont générés par les crédits bancaires aux entreprises. Aux Etats-Unis cela s'est fait via des « credit default swaps », un forme d'assurance pour le secteur bancaire en cas des faillites dans le secteur non-financier. La globalisation financière a impliqué qu'une partie de ses risques ont été ainsi transférés en Europe. En d'autres termes les assureurs européens ont absorbé des risques bancaires originaires des Etats-Unis via l'innovation financière, introduisant ce faisant des contraintes potentielles de liquidité, alors que leurs contraintes traditionnelles sont surtout à long terme via l'adéquation actifs / engagements à long terme.
Graphique 8 - Le transfert des créances bancaires vers le marché synonyme de transfert du risque bancaire vers les zinzins
La
régulation visant à rallonger les horizons de la gestion
présentée au point précédent traite en partie ces
problèmes ; toutefois il convient de limiter les classes d'actifs
autorisées. Il s'agit aussi d'assurer une adéquation entre les
actifs détenus et les engagements à long terme.