C. DES BESOINS À SATISFAIRE

1. La gestion des réserves : un défi commun à l'ensemble des musées

Les réponses au questionnaire adressé par la mission témoignent d'une prise de conscience parmi les conservateurs de l'importance du rôle joué par les réserves dans le fonctionnement des institutions dont ils assurent la direction.

Au-delà d'une grande disparité de situations, la mission a constaté que les musées sont confrontés à des difficultés communes.

Les conservateurs pointent essentiellement l'insuffisance des espaces consacrés aux réserves, l'inadaptation de ces espaces à leurs fonctions patrimoniales et l'insuffisance des effectifs affectés à leur gestion.

Ces obstacles à une gestion optimale des réserves avaient déjà été identifiés lors d'une enquête réalisée par l'association des conservateurs de collections publiques et publiée dans la revue Musées et collections publiques de France 10 ( * ) .

D'après cette enquête, les trois quarts des conservateurs interrogés estiment insuffisante la surface des réserves par rapport aux besoins des collections. Il convient de souligner que cette appréciation d'ensemble ne s'accompagne toutefois pas d'une évaluation très précise de ces besoins : les deux tiers des conservateurs exigeant plus d'espace pour les réserves réclament un accroissement de 50 % au moins des surfaces de réserves, ce qui témoigne d'une situation générale d'entassement assortie des difficultés d'accès, de manipulation et de conservation qui en découlent. Ainsi, à titre d'illustration, on relèvera qu'un tiers des conservateurs interrogés indique que le matériel d'exposition est entreposé dans les réserves.

Toutefois, l'insuffisance chronique d'espaces semble plus ou moins maîtrisée par l'existence de méthodes présidant au rangement des oeuvres. Si elles diffèrent d'un musée à l'autre, il apparaît que ces méthodes ont été pour la moitié des institutions choisies par les responsables actuels, ce qui témoigne du regain d'intérêt des conservateurs pour les réserves. Cependant, paradoxalement, seulement un tiers des responsables de collections affirme être capable de connaître le nombre exact de pièces conservées en réserve !

Corollaire de l'exiguïté des réserves et de leur surcharge, leur entretien fait apparaître d'inquiétantes lacunes. S'agissant des risques d'incendie ou de dégât des eaux, aucun exercice d'alerte n'est organisé dans un quart des musées ; pour les trois quarts restant, il ne s'agit généralement que d'exercices concernant les risques d'incendie. Les systèmes de climatisation semblent pour la grande majorité des musées très sommaires, se résumant à l'existence d'un thermohygrographe, l'installation d'appareils complémentaires de régulation du climat étant relativement rare. Cette situation est particulièrement inquiétante lorsque l'on connaît les conséquences d'un dérèglement des composantes du climat en termes d'infestation biologique notamment.

Enfin, la faiblesse des effectifs affectés aux réserves constitue une préoccupation que l'on retrouve dans la quasi-totalité des réponses, les opérations conduites dans les réserves étant déterminées, non pas en fonction des impératifs de conservation des oeuvres, mais compte tenu des moyens humains disponibles.

Le sentiment qui domine est que si les risques de dégradation des oeuvres sont connus, les moyens manquent pour les prévenir.

* 10 N° 228 (2000).

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page