D. DES BILANS INQUIÉTANTS

La dégradation des résultats des clubs a conduit à rechercher des financements pour couvrir les pertes . Les actionnaires sont intervenus au-delà des pertes cumulées des clubs .

Toutefois, les modalités de leur soutien n'ont pas toujours traduit un engagement sans réserve, et, surtout, la période la plus récente tend à montrer un certain essoufflement . Globalement, la situation financière des clubs s'est fortement dégradée et, à moyen terme, ce processus n'est pas soutenable.

On se concentre dans les développements qui suivent sur les modalités de financement des clubs (leur passif). Il convient de relever que leur situation active est caractérisée par une réelle fragilité. Les clubs français ne disposent pas d'actifs permanents significatifs mais surtout une partie importante de leurs actifs est grevée de charges à répartir correspondant à la partie non amortie des joueurs sous contrat. Pour la saison 2002-2003, ces charges s'élèvent à 249,8 millions d'euros sur un actif total de 720,5 millions. Elles peuvent être considérées comme des quasi non-valeurs, synonymes de pertes futures.

1. Malgré l'apport des actionnaires...

Les déficits cumulés n'ont pu voir leurs conséquences financières limitées qu'au prix d'un fort engagement des actionnaires .

Les pertes des clubs ont conduit à solliciter le concours des actionnaires avec, en cumulé, sur la période 1997-2002, des apports à hauteur de quelques 458 millions d'euros (pour les clubs de la L1 française).

Les apports des actionnaires ont ainsi fait mieux que couvrir les pertes additionnées des clubs. En dépit de mauvais résultats , les investisseurs sont intervenus pour développer les clubs . Dans ces conditions, les fonds propres ont pu être développés.

On notera une évolution avec un certain rééquilibrage des modalités de soutien des actionnaires . Aux avances en comptes courants, qui traduisent un effort conditionné et qui ont longtemps prédominé, sont venues s'ajouter des augmentations de capital, significatives d'un soutien plus pérenne. Cette évolution pourrait apparaître positive si elle n'intervenait pas dans un contexte de nette dégradation de l'assise financière des clubs.

Le soutien des actionnaires des clubs de Ligue 1
(Flux)

(en M €)

 

2001-2002 Ligue 1

2001-2002 Moyenne club

1997-2002 Cumul

1997-2002 Moyenne club

Augmentation capital

105

6

203

12

Comptes courants

39

2

255

14

Investissements actionnaires

144

8

458

26

Source : BFS

2. ... l'assise financière des clubs est très dégradée

La situation d'endettement du football telle qu'observable dans certains championnats étrangers et chez certains grands clubs est préoccupante.

En Italie et en Espagne, les dettes dépasseraient le milliard d'euros, en Allemagne l'endettement atteindrait 600 millions d'euros.

En France, en dépit de l'intervention des actionnaires, la structure financière des clubs de L1 s'est également fortement détériorée .

Structure financière des clubs de L1

( en milliers d'euros )

 

2001/2002

2000/2001

1999/2000

1998/1999

1997/1998

1996/1997

A - Capitaux propres (1)

142 782

83 965

89 364

84 088

72 295

52 391

B - Total dettes
(LT et CT)

646 794

744 351

618 070

384 544

196 618

140 359

A / B

22,1 %

11,3 %

14,5 %

21,9 %

36,8 %

37,3 %

(1) Hors provisions pour risques et charges.

Source : BFS

L' augmentation des capitaux propres entre 1996-1997 et 2001-2002 s'est élevée à 90,4 millions d'euros, et les capitaux propres ont été multipliés par 2,7.

Les dettes totales ont beaucoup plus nettement augmenté. Elles se sont accrues de 536,4 millions d'euros et ont enregistré un quasi-quintuplement. Si, pour une part non négligeable correspondant aux comptes courants d'associés, ces dettes peuvent être traitées comme des fonds permanents, il n'en reste pas moins que l'endettement des clubs s'est accru à un rythme non soutenable .

Fonds propres des clubs de L1
(Stocks)

(en milliers d'euros)

L1-Football
(M€)

1996/1997

1997/1998

1998/1999

1999/2000

2000/2001

2001/2002

Capitaux propres

52

72

84

90

84

143

Comptes courants d'associés

7

8

64

163

223

142

TOTAL (1)

59

80

148

253

307

285

(1) L'assimilation des comptes courants d'associés aux capitaux propres est évidemment abusive sur un plan économique.

Les données relatives à la dernière saison connue (2002-2003) sont, de ce point de vue, très inquiétantes . Au cours de cette saison, le résultat net déficitaire a atteint 151 millions d'euros en Ligue 1. Confirmant une tendance déjà amorcée, l'engagement des actionnaires a été significativement inférieur à la perte constatée avec 100 millions d'euros. Les fonds propres des clubs se sont nettement contractés, de 72 millions d'euros, soit à peu près le quart des fonds engagés l'année précédente .

Si cette tendance devait perdurer, le niveau des fonds propres des clubs serait nul dans quatre ans , ce qui est, à l'évidence, insupportable et signifierait la cessation d'activité des clubs concernés.

En bref, considérée globalement , la structure financière des clubs ressort comme particulièrement dégradée avec des ratios dettes/capitaux propres très supérieurs à la normale. L' endettement des formations de Ligue 1 expose l'équilibre économique du championnat à une dérive des frais financiers . Elle serait particulièrement lourde de conséquences si les coûts de cette dette devaient s'accroître sous l'effet, toujours envisageable, dans une période où ils sont à un niveau historiquement bas, d'une tension sur des taux d'intérêt.

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