C. DES RÉSULTATS SOUVENT D'AUTANT PLUS DÉGRADÉS QUE LES CLUBS SONT PLUS ENGAGÉS FINANCIÈREMENT

L'appréciation des résultats devrait porter sur les clubs , individuellement. L'information n'est généralement pas disponible pour des motifs déjà exposés et qu'il convient de dénoncer 32 ( * ) . Il faut donc se fier aux informations de presse pour évoquer la situation extrêmement dégradée d'un nombre croissant de clubs, parmi les plus réputés. Ainsi de l'AS Roma dont les dettes seraient comprises entre 200 et 300 millions d'euros, du Borussia Dortmund avec une perte de 29,4 millions d'euros, du club écossais Dundee United en dépôt de bilan avec quelque 28 millions d'euros de dettes, du FC Barcelone en perte de 56 millions d'euros (dette de 98 millions d'euros)...

En France , les pertes paraissent concentrées sur certains clubs . Tel club (le Paris-Saint-Germain) présenterait des pertes cumulées sur les dernières saisons de l'ordre de 245 millions d'euros ; tel autre aurait un endettement compris entre 50 et 80 millions d'euros ou, comme l'Olympique de Marseille, aurait été conduit à solliciter de son actionnaire principal plus de 160 millions d'euros d'apport financier.

On peut compléter ces informations de presse, pour la France au moins , puisqu'une décomposition par groupe de clubs est présentée par la Ligue 33 ( * ) . Elle fait ressortir une réelle diversité des situations , qui est conforme aux analyses thématiques sur les recettes et les charges présentées plus avant.

Des résultats contrastés selon les clubs

(en M € moyenne par club)

 

Groupe 1

Groupe 2

Groupe 3

Groupe 4

Produits sur matches

2,3

3,7

7,1

9,8

Collectivités locales

0,6

0,6

0,9

2,9

Sponsors publicité

2,9

4,8

12,0

10,1

Doits TV

12,3

13,8

19,4

31,1

Autres produits

1,1

2,8

5,1

6,3

Chiffre d'affaires

19,1

25,7

44,5

60,2

Charges sur matches

- 1,7

- 2,3

- 3,5

- 5,9

Services extérieurs

- 1,8

- 3,8

- 9,7

- 15,8

Frais de personnel

- 13,3

- 16,5

- 31,9

- 41,2

Impôts et taxes

- 1

- 1,6

- 2,6

- 4,2

Autres charges

- 1,3

- 3,1

- 5,6

- 6,9

Contribution mutation

0,7

2,9

- 16,1

- 5,4

Résultat exploitation

0,8

1,3

- 24,9

- 19,3

Résultat financier

 

- 0,1

- 1,4

- 2,2

Exceptionnel et IS

- 0,2

- 0,3

19,4

15

Résultat net

0,6

0,9

- 6,8

- 6,6

Source : BFS

Une relation directe apparaît entre la taille du budget des clubs et la mauvaise qualité de leurs résultats . En moyenne, les clubs des deux premiers groupes (ceux regroupant les clubs les moins fortunés) connaissent un résultat fragile mais faiblement positif. En revanche, pour les groupes 3 et 4, les résultats sont, en moyenne, nettement négatifs . Hors contribution-mutation, la moins bonne performance est attribuable aux clubs du groupe 4 qui sont les plus riches, en termes de recettes, mais aussi ceux où les charges sont les plus élevées et les moins bien proportionnées aux recettes courantes 34 ( * ) .

L'ensemble de ces données rendent plus concrète l'ampleur des déséquilibres économiques. Les clubs les plus « puissants » y sont confrontés, et si les pertes observées à l'étranger atteignent des niveaux comparativement élevés, quelques grands clubs français connaissent des situations financières très préoccupantes , dont témoignent les examens individuels réalisés par la direction nationale du contrôle de gestion (DNCG).

* 32 Votre rapporteur ne peut que partager l'étonnement du Président de la Ligue de football professionnel, M. Frédéric Thiriez, devant cette situation, exprimée en ces termes devant l'Assemblée générale de la LFA en juin 2003 :

« J'ai toujours été tout aussi étonné que le rapport annuel de la DNCG sur les comptes des clubs ne donne pas... les comptes des clubs... mais seulement des données globales, ou par catégories de clubs, ce qui, à dire vrai, n'apprend pas grand-chose sur la situation réelle du football français. Que deux ou trois clubs soient en déficit ne signifie pas que le football français est au bord de la faillite ! »

* 33 Il faut saluer les progrès réalisés dans la transparence avec, depuis la saison 2002-2003, une publication, malheureusement trop partielle, de données par club.

* 34 Selon le cabinet BFS, les huit principaux clubs concentrent 80 % des dépenses de fonctionnement de la Ligue 1, 2/3 des frais de personnel, en raison, principalement, d'un coût salarial unitaire particulièrement élevé (le double du coût unitaire des plus petits clubs).

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