N°50

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 2004-2005

Annexe au procès-verbal de la séance du 3 novembre 2004

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur les prélèvements obligatoires et leur évolution ,

Par M. Alain VASSELLE,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : M. Nicolas About, président ; MM. Alain Gournac, Louis Souvet, Gérard Dériot, Jean-Pierre Godefroy, Mmes Claire-Lise Campion, Valérie Létard, MM. Roland Muzeau, Bernard Seillier, vice-présidents ; MM. François Autain, Paul Blanc, Jean-Marc Juilhard, Mmes Anne-Marie Payet, Gisèle Printz, secrétaires ; Mme Jacqueline Alquier, MM. Henri d'Attilio, Gilbert Barbier, Daniel Bernardet, Claude Bertaud, Mme Brigitte Bout, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Mmes Isabelle Debré, Christiane Demontes, M. Gérard Dériot, Mme Sylvie Desmarescaux, M. Claude Domeizel, Mme Bernadette Dupont, MM. Michel Esneu, Jean-Claude Étienne, Guy Fischer, Jacques Gillot, Jean-Pierre Godefroy, Mmes Françoise Henneron, Marie-Thérèse Hermange, Christiane Kammermann, M. André Lardeux, Mme Raymonde Le Texier, MM. Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Roger Madec, Jean-Pierre Michel, Alain Milon, Georges Mouly, Jackie Pierre, Mmes Catherine Procaccia, Janine Rozier, Michèle San Vicente, Patricia Schillinger, Esther Sittler, MM. Jean-Marie Vanlerenberghe, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.

Sécurité sociale.

AVANT-PROPOS

Mesdames, Messieurs,

La situation des prélèvements obligatoires en 2004 traduit l'impuissance des pouvoirs publics à maîtriser, depuis vingt ans, l'irrésistible ascension des dépenses sociales.

En 2005, les Français acquitteront pas moins de trois impôts nouveaux pour financer de nouveaux droits, dont la préservation de l'autonomie des personnes âgées et handicapées. Mais, dans le même temps, ils continueront d'acquitter le prix de la dérive des dépenses de santé.

Avec 340 milliards d'euros affectés à la protection sociale, nul ne peut raisonnablement soutenir que notre pays n'assume pas le coût d'un système de santé, de retraite ou d'aide aux familles digne d'un grand État développé.

Pour autant, les débats organisés autour de la réforme de l'assurance maladie mettent en évidence que la lutte contre les gaspillages, par un changement des comportements, permettrait de réduire nos déficits et de financer les priorités sociales nouvelles.

Dans ce contexte, la résurgence des débats autour d'une « assiette miracle » sur laquelle asseoir nos finances sociales apparaît quelque peu en décalage. Quelle que soit la qualité des ingénieries financières ici et là proposées, votre commission reste, pour sa part, persuadée que la créativité doit désormais être mise au service de la maîtrise des comptes publics plutôt que de céder à la tentation permanente d'accroître la rentabilité de l'impôt.

Encore faut-il pour cela disposer des instruments adéquats ! Cinquante ans après la création de la sécurité sociale, le Gouvernement a engagé cette dernière dans un vaste aggiornamento dont les réformes des retraites et de l'assurance maladie constituent les premières traductions concrètes et qui seront prochainement complétées par la révision du cadre organique applicable aux lois de financement de la sécurité sociale, que votre Commission appelle de ses voeux depuis 1999.

I. DIX ANS DE RÉFORME DES COTISATIONS SOCIALES PATRONALES

A. LES PRÉLEVEMENTS SOCIAUX EN 2004 : LES ARBRES PEUVENT-ILS MONTER JUSQU'AU CIEL ?

1. Des prélèvements massifs

Au fil des années, les prélèvements obligatoires effectués au bénéfice des organismes de sécurité sociale se sont considérablement accrus. Alors qu'ils représentaient moins de 18 % du produit intérieur brut (PIB) à l'aube des années 80, ils atteignent 22 % en 2003.

En valeur absolue, ces chiffres semblent encore plus considérables puisqu'il s'agit de 340 milliards d'euros absorbés par la sphère sociale, à travers des cotisations (74 %) ou des impôts (26 %).

2. Des prélèvements sous-évalués

Ces chiffres, déjà considérables, sont de surcroît sous-évalués car ils ne prennent pas en compte certaines données.

Ils n'intègrent pas les déficits réalisés chaque année par la sécurité sociale ou l'assurance-chômage. A titre d'exemple, pour l'année 2003, le régime général a accusé un déficit de 10,5 milliards d'euros, soit 3 % du total des prélèvements obligatoires affectés aux organismes sociaux. Or, tout déficit réalisé a pour contrepartie, dans le futur, le prélèvement d'une somme équivalente sur la richesse nationale.

Ils ne tiennent pas davantage compte du coût de l'amortissement des déficits passés par la caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES). Au 17 août 2004, la dette totale reprise par cet organisme s'élevait à 103,8 milliards d'euros. Alors que les comptes de l'État ou des collectivités locales font apparaître les charges d'intérêt dues au titre des emprunts par eux contractés, l'amortissement de la dette sociale et les recettes qui la financent 1 ( * ) sont inscrits au sein d'un autre agrégat comptable, celui des organismes divers d'administration centrale (ODAC).

L'intégration de ces deux éléments porterait le poids des prélèvements sociaux à environ 25 % du PIB.

3. Des prélèvements croissants

Ce constat ne peut en outre être tempéré par des perspectives à court et moyen termes plus optimistes.

A compter de 2005, les mesures législatives récemment adoptées contribueront à accroître la pression fiscalo-sociale de 6,5 milliards d'euros :

- la loi du 1 er juillet 2004, relative à la solidarité pour les personnes âgées et handicapées, a créé une contribution spécifique assise sur la suppression d'un jour férié avec, pour contrepartie, une cotisation additionnelle à la taxe de 2 % sur les revenus du capital. Ces deux recettes permettent de financer la caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) à hauteur de 1 milliard d'euros ;

- la loi du 9 août 2004, relative aux industries électriques et gazières, dans son volet consacré au régime spécial de retraite, a prévu qu'une soulte soit versée en contrepartie de l'adossement du régime EGF au régime général. Celui-ci se traduit notamment par un reclassement de cotisations autrefois comptabilisées dans les prélèvements versés aux administrations publiques qui entraînera, en 2005, une augmentation du volume des prélèvements sociaux de 700 millions d'euros ;

- la loi du 13 août 2004 relative à l'assurance maladie a modifié l'assiette de la contribution sociale généralisée (CSG) et élargi la contribution sociale de solidarité sur les sociétés (CSSS) afin de doter les régimes de 3 milliards d'euros supplémentaires en 2005 ;

- la loi du 21 août 2003 portant réforme des retraites a prévu la création d'un régime complémentaire pour les fonctionnaires, dont le financement, effectué par cotisations, repose sur 1 milliard d'euros de prélèvements sociaux nouveaux ;

Enfin, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2005 propose la création d'une contribution des entreprises au fonds de cessation d'activité pour les travailleurs de l'amiante, dont le produit attendu s'élève à 200 millions d'euros.

A ces mesures, il convient d'ajouter les hausses de cotisations décidées par les partenaires sociaux - qui s'élèvent à 510 millions d'euros pour 2005 - dans le cadre des régimes obligatoires dont ils sont les gestionnaires.

Pourtant, malgré l'apport global de ces recettes nouvelles, le régime général de sécurité sociale devrait accuser, en 2005, un déficit prévisionnel de 10,5 milliards d'euros.

Ce tableau, malheureusement réaliste, illustre combien il est difficile d'inverser trois tendances constatées depuis près de vingt ans.

La première tendance est celle de l'augmentation des prélèvements obligatoires dans leur ensemble . En 2005, les prélèvements sociaux nouveaux réduiront à la portion congrue tous les efforts réalisés par le Gouvernement pour réduire les impôts. Les marges de manoeuvre dégagées seront absorbées par le financement des priorités sociales nouvelles ou celui de l'assurance maladie, comme le montre le tableau suivant :

Les principales mesures nouvelles et leur incidence sur les niveaux
des prélèvements obligatoires en 2005 vues par le ministère des finances

(en millions d'euros)

Sécurité sociale, y compris le centre national pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles (CNASEA) et l'organisation autonome nationale de l'industrie et du commerce (ORGANIC) (1)

6.495

Contribution amiante des entreprises

200

Réforme de l'assurance maladie

3.020

Régime complémentaire des fonctionnaires

1.050

Hausses de cotisations décidées par les partenaires sociaux

510

Cotisation retraite EDF

700

Loi vieillissement et solidarité

1.015

État (2)

- 5885

Projet de loi de finances 2005

- 1955

Loi de finances initiale 2004

- 1100

Loi pour le soutien à la consommation

- 290

Diverses lois 2003

- 890

Allégements de charges

- 1650

Total (1) - (2)

610

Tableau établi à partir du rapport sur les prélèvements obligatoires et leur évolution - Projet de loi de finances pour 2005 - p. 19

La deuxième tendance est celle du renforcement des prélèvements sociaux en même temps que s'allègent les prélèvements de l'État . Cette évolution traduit une réorientation progressive de l'action publique, mais également un manque chronique de ressources dont témoigne l'ampleur du déficit du budget général.

Evolution respective des prélèvements sociaux, de l'État
et du déficit budgétaire

(en points de PIB)

Ce graphique montre en effet que l'augmentation des prélèvements sociaux n'a pas tant suscité la diminution des prélèvements de l'État que leur intervention sous forme différée, par le biais d'une augmentation du déficit.

La dernière tendance est celle de l'augmentation de la fiscalisation des prélèvements sociaux , dont participe finalement la politique d'exonération de charges puisqu'elle est compensée par des ressources d'origine fiscale.

La pression exercée par ces prélèvements étant devenue de moins en moins supportable pour les seuls salariés, une modification de l'assise de leur contribution est intervenue qui a basculé progressivement les cotisations d'assurance maladie et d'allocations familiales sur la CSG.

En revanche, aucune des réformes des cotisations sociales patronales elles-mêmes qui ont été proposées au cours de la décennie passée ne semble avoir finalement abouti.

B. LES POLITIQUES D'ALLÉGEMENT DE COTISATIONS : RÉFORME « DE FAIT » DES COTISATIONS PATRONALES ?

1. 1994-2004 : réformes ou débats ?

Depuis le début des années 1990, la France a multiplié les politiques d'exonération de charges, au point qu'aujourd'hui celles-ci s'élèvent désormais à 9 % du total des cotisations perçues par les URSSAF. Cette évolution est le résultat du pragmatisme avec lequel les différents gouvernements ont abordé la question de l'emploi peu qualifié.

En 1994, le gouvernement commandait au Commissariat général du plan un rapport sur les perspectives de financement de la protection sociale, avec l'idée qu'y soit étudiée la proposition d'une large réforme de l'assiette des cotisations patronales. Ce n'est finalement pas l'approche qui a été retenue.

Ce rapport dressa tout d'abord l'inventaire des difficultés qu'affrontaient les régimes sociaux au début des années 90 : crise financière, croissance des prélèvements qui pèsent sur la compétitivité des entreprises et sur l'emploi, inadaptation de la logique initiale d'un financement professionnel et impossibilité de répondre aux nouveaux besoins. Après avoir étudié les différentes alternatives et avoir conclu qu'il n'existait pas « d'assiette miracle », il formula un ensemble de propositions concrètes.

Il mit en premier lieu l'accent sur la maîtrise des dépenses, comme préalable à toute réflexion sur la question des ressources. Puis il proposa de clarifier le lien entre prestations et cotisations, d'élargir l'assiette du financement, de taxer les comportements à risques et, enfin, d'alléger la charge pesant sur le travail faiblement rémunéré.

Avec dix ans de recul, on peut finalement constater que, dans leur ensemble, les réformes mises en oeuvre au cours de la décennie passée ont répondu à ces objectifs :

- le financement du non-contributif par la solidarité nationale a permis de clarifier le lien entre prestations et cotisations ;

- la hausse des taux de CSG a élargi l'assiette du financement de la protection sociale ;

- l'augmentation massive de la fiscalité du tabac participe de la taxation des comportements à risques ;

- les programmes d'exonérations ciblées de cotisations sociales ont permis d'alléger le coût du travail des personnes les moins qualifiées.

Au total, seul l'objectif de maîtrise des dépenses sociales demeure insatisfait.

Un an plus tard, dans la perspective d'un nouvel élargissement de la part patronale du financement de la protection sociale, le plan Juppé proposait d'étudier la piste d'un élargissement de l'assiette des cotisations à la valeur ajoutée produite par l'entreprise.

Le rapport rédigé par Jean-François Chadelat répondit à cette préoccupation avec un double objectif : soulager les secteurs à forts coefficients de main-d'oeuvre, en sollicitant davantage les secteurs plus capitalisés, et élargir l'assiette des cotisations à une base plus large que la masse salariale (la valeur ajoutée).

Après les élections législatives de 1997, le nouveau gouvernement demandait à son tour un complément d'expertise à Edmond Malinvaud, dont le rapport se traduisit par une mise en garde.

Il indiquait ainsi que l'augmentation théorique de l'assiette risquait de se révéler finalement contre-productive en raison du caractère manipulable de la valeur ajoutée. Ce basculement (masse salariale sur valeur ajoutée) pourrait en outre provoquer d'importants transferts de charges entre les différents secteurs d'activité. Enfin, l'évolution du partage de la valeur ajoutée entre la rémunération du capital et celle du travail étant stable sur une longue période, un changement d'assiette des cotisations patronales ne remplacerait pas la masse salariale par une base plus dynamique.

La question de la réflexion théorique sur ce point ne fut pas tranchée, et aucune réforme ne fut engagée, si ce n'est de manière caricaturale au travers du FOREC 2 ( * ) - destiné à compenser, d'ailleurs imparfaitement, les allégements de cotisations patronales par des recettes de natures diverses.

En revanche, durant cette période, les mesures d'exonérations et d'allégements de charges furent multipliées au point de passer de 2,5 % du total des cotisations patronales en 1993 à 9 % en 2003.

Évolution des exonérations de cotisations patronales et leur compensation

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Cotisations exonérées (en milliards d'euros)

3,4

4,7

6,2

9,8

11,5

11,1

11,8

15,6

18,2

19,4

19,5

Part des montants compensés (en %)

58,2

59,8

69,7

80,1

82,4

80,6

79,2

84,9

87,3

88,2

88,9

Cotisations perçues par les URSSAF (en milliards d'euros)

136,3

141,6

145,2

151

157,4

164,9

172

178,5

188,6

195

200,7

Part des exonérations (en %)

2,4

3,2

4,1

6,1

6,8

6,3

6,4

8,1

8,8

9

8,9

Source : ACOSS

2. Bilan des exonérations de cotisations sociales

Les programmes d'exonérations relèvent de quatre catégories selon l'objectif que leur assignent les pouvoirs publics.

La catégorie la plus importante - près de 80 % du total - rassemble les mesures générales d'encouragement à la création d'emplois et à la réduction du temps de travail. Il s'agit des dispositifs pris en charge par le FOREC, aujourd'hui regroupés dans le dispositif « Fillon », ainsi que quatre autres mesures non compensées à la sécurité sociale car créées antérieurement à la loi du 25 juillet 1994.


Le dispositif « Fillon » : une tentative de simplification
des dispositifs d'exonération générale de cotisation sociale

La loi n° 2003-47 du 17 janvier 2003 relative aux salaires, au temps de travail et au développement de l'emploi a mis en place une réduction de cotisations patronales applicable aux cotisations dues au titre des gains et rémunérations versés à compter du 1 er juillet 2003. Elle est accessible à tous les employeurs, sans condition de durée du temps de travail. Cette réduction s'accompagne d'une forte revalorisation du SMIC dans le cadre de l'harmonisation des différents niveaux du salaire minimum entre le 1 er juillet 2003 et le 1 er juillet 2005. Calculée en fonction de la rémunération horaire, elle remplace les allégements « Aubry 2 » ainsi que la réduction dégressive des cotisations sur les bas salaires. Pendant une période transitoire, comprise entre le 1 er juillet 2003 et le 30 juin 2005, les modalités de calcul de la réduction sont différentes selon qu'au 30 juin 2003 l'employeur occupait on non des salariés ouvrant droit à l'allégement « Aubry 2 ».

Pour les entreprises ouvrant droit au 30 juin 2003 à un allégement « Aubry 2 », le nouveau dispositif est dégressif jusqu'à 1,7 fois la garantie mensuelle de rémunération de référence (dite GMR2, appliquée dans les entreprises passées aux 35 heures entre le 1 er juillet 1999 et le 30 juin 2000). Le taux maximum de la réduction est de 26 % pour un salaire au niveau de la GMR. Les majorations accordées pour certaines zones géographiques ont été supprimées, à l'exception de celle organisée par la loi sur la Corse du 22 janvier 2002 et celle concernant le transport routier.

Pour les autres entreprises, en 2003, l'allégement s'applique jusqu'à 1,5 fois le SMIC horaire et le taux maximum de réduction est de 20,8% au niveau du SMIC. Il est prévu qu'ensuite l'allégement converge vers celui octroyé aux premières entreprises.

D'après l'ACOSS, bilan des cotisations exonérées

Viennent ensuite les mesures en faveur de publics particuliers, éloignés de l'emploi, dont l'État ou la sécurité sociale subventionne l'embauche dans les secteurs marchand et non marchand (contrats aidés de type contrats emplois consolidés ou emplois solidarité).

Il existe également des mesures prises en faveur de l'emploi dans des zones géographiques déterminées, départements et territoires d'outre-mer, zones franches urbaines, zones de revitalisation rurale ou redynamisation urbaine.

On trouve enfin des mesures anciennes en faveur de l'emploi à domicile.

Evolution des différentes mesures d'allégement

(en millions d'euros)

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Mesures générales d'encouragement à la création d'emploi et à la RTT

3.526

6.748

8.080

7.500

7.980

11.831

14.080

15.174

15.500

57,01%

68,57%

70,14%

67,63%

67,75%

75,68%

77,41%

78,36%

79,37%

Mesures en faveur des publics particuliers
(dont contrats aidés)

2.271

2.608

2.801

2.779

2.779

2.668

2.589

2.415

2.083

36,72%

26,50%

24,31%

25,06%

23,59%

17,07%

14,23%

12,47%

10,67%

Mesures en faveur de l'emploi dans certaines zones géographiques

100

131

235

377

440

493

799

952

958

1,62%

1,33%

2,04%

3,40%

3,74%

3,15%

4,39%

4,92%

4,91%

Mesures en faveur de l'emploi à domicile

288

355

403

432

578

640

721

825

986

4,66%

3,61%

3,50%

3,90%

4,91%

4,09%

3,96%

4,26%

5,05%

Total des mesures

6.185

9.841

11.520

11.089

11.778

15.632

18.189

19.365

19.528

Source : ACOSS

La nature même des exonérations de cotisations sociales a été profondément modifiée au fil du temps par les exonérations. A l'origine, les cotisations étaient par construction dégressives car plafonnées. Leur déplafonnement, à la fin des années 1960, a constitué une première étape de réforme en les rendant proportionnelles aux revenus. La mise en place d'allégements sur les bas salaires a parachevé cette évolution en les rendant progressives.

L'impact favorable de ces exonérations sur l'emploi n'est plus contesté même s'il reste difficile d'en mesurer l'ampleur. Une étude de l'INSEE de mars 2002 a conclu à 460.000 emplois créés ou sauvegardés entre 1994 et 1997. Ce bilan est vraisemblablement optimiste, mais les économistes s'accordent sur le rôle joué par les allégements de cotisations dans « l'enrichissement » de la croissance en emplois peu qualifiés. Il est en outre difficile d'isoler désormais les mesures visant proprement les employés les moins qualifiés de celles relevant des subventions accompagnant la mise en place de la réduction du temps de travail.

Mais finalement, les pouvoirs publics ont atteint, par un processus de sédimentation, les objectifs initialement fixés à une réforme des cotisations sociales patronales : asseoir une fraction du financement de la protection sociale sur une base progressive et améliorer l'emploi des moins qualifiés.

Il faut en effet retenir l'idée que les allégements de cotisations ne constituent un moyen de conserver l'attractivité de la main-d'oeuvre française peu qualifiée que vis-à-vis d'autres pays se trouvant dans une situation économique comparable. Le SMIC, même exonéré de toute cotisation, restera quoiqu'il arrive supérieur aux salaires pratiqués dans les pays en voie de développement.

Pourtant, la médiatisation de certains plans de licenciement, ou de délocalisation, a jeté le doute sur l'efficacité de ce dispositif et a fait renaître une proposition alternative pourtant écartée par le passé : le remplacement des cotisations patronales par une TVA dite « sociale ».

* 1 Soit la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS), dont le produit s'élève à 4,7 milliards d'euros en 2003.

* 2 Le fonds de financement pour la réforme des cotisations patronales devait compenser aux organismes sociaux le coût des exonérations de cotisations sociales. Par son nom, il laissait accroire que la réforme des cotisations sociales avait eu lieu alors que celle-ci avait été ajournée - Cf. rapport de M. Alain Vasselle, n° 44, 2003-2004, p. 29-32.

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