D. UNE SIMULATION DE L'IMPACT DE LA HAUSSE DES PRIX DU PÉTROLE REALISÉE À L'AIDE DU MODÈLE MACROÉCONOMIQUE NEMESIS

Vos rapporteurs ont demandé au laboratoire ERASME de l'Ecole Centrale de Paris de réaliser à l'aide d'un modèle macroéconomique (NEMESIS) une simulation de l'impact de la hausse des prix du pétrole sur l'économie française et de la zone euro. La hausse retenue est identique à celle constatée depuis 2003 (augmentation des prix du pétrole de 30 dollars en 2003 à 60 dollars en 2005). Le modèle prévoit ensuite une stabilisation des prix entre 2005 et 2030. Les résultats sont donc appréciés par rapport à une situation de référence où le prix reste fixé à 30 dollars sur toute la période d'analyse.

Le scenario présenté s'attache moins à l'analyse des phénomènes monétaires et financiers qui suivent la hausse du prix du pétrole (et de leurs conséquences sur la macroéconomie) qu'à la description des conséquences « structurelles » à moyen et long terme, notamment sur le redéploiement des activités sectorielles.

1. Les conditions de mise en oeuvre de la simulation

Trois éléments essentiels conditionnent sa mise en oeuvre : la détermination de l'évolution dans le temps du prix du pétrole dans la variante par rapport à une hypothèse de base où le prix reste inchangé ; les réactions des autorités monétaires (taux d'intérêt et conséquences sur les changes) ; enfin les conséquences de la hausse sur les différents pays non européens en termes d'inflation (qui va jouer sur la compétitivité) et de produit intérieur brut (qui va se traduire par une baisse de la demande mondiale adressée à l'Europe).

a) L'évolution dans le temps du prix du pétrole

Dans le scenario de référence qui constitue la base par rapport à laquelle sont présentés les résultats de l'exercice variantiel, le prix du pétrole est maintenu à 30 dollars le baril.

A partir de cette base, les prix du brut ont été fixés à 30 dollars en 2003, 40 dollars en 2004, puis 60 dollars en 2005 et au-delà. Interviennent donc plusieurs chocs successifs et le prix est maintenu à son plus haut niveau jusqu'en 2030.

b) Les variables monétaires et de politique économique

On suppose qu'il n'y a pas de réaction des autorités monétaires, en ce sens que le taux d'intérêt nominal est constant durant tout l'exercice. On admet également, et cela est une conséquence partielle de l'hypothèse précédente, que les taux de change ne sont pas affectés par les chocs pétroliers. A partir de 2005, le taux de change est fixé à 1,15 dollar pour 1 euro.

Puisque le taux nominal est fixé, le taux d'intérêt réel va être modifié par les variations de prix. Le taux d'intérêt réel agit dans le modèle principalement sur l'investissement des entreprises en capital physique et en recherche et développement ; il est calculé dans chaque secteur comme la différence entre le taux nominal et la hausse des prix du produit du secteur car c'est cette hausse qui va compter pour l'investisseur représentatif.

La baisse du taux d'intérêt réel qui va suivre le choc inflationniste sera, toutes choses égales par ailleurs, favorable à l'investissement.

Enfin les dépenses de l'Etat restent constantes alors que ses recettes diminuent sous l'effet du choc : le déficit public s'accroît, ce qui a un impact « contra-cyclique » sur l'activité 6 ( * ) .

* 6 Par opposition à une politique budgétaire « pro-cyclique » dans laquelle les dépenses auraient été réduites pour stabiliser l'activité.

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