H. A L'INTÉRIEUR DE L'UNION EUROPÉENNE, LES EFFETS RÉGIONAUX DE LA LIBÉRALISATION COMMERCIALE SERONT DIFFÉRENCIÉS

Le modèle DREAM a été appliqué à l'étude de six scénarios couvrant un large éventail d'hypothèses de libéralisation. Ces scénarios correspondent respectivement à :

Une suppression des pics tarifaires : tous les droits de douane supérieurs à 15% sont ramenés à 15% ;

Une libéralisation ambitieuse : tous les droits de douane sont éliminés, tandis que les soutiens internes et les subventions à l'exportation dans l'agriculture sont réduits de moitié.

Une libéralisation agricole : tous les droits de douane sont abolis dans l'agriculture et pour les produits alimentaires.

Une libéralisation complète : tous les droits de douane sont éliminés, ainsi que les soutiens internes et les subventions à l'exportation dans l'agriculture.

Une libéralisation industrielle : tous les droits de douane sont supprimés pour les produits non agricoles, à l'exception du textile-habillement-chaussures.

Une libéralisation des industries de main d'oeuvre : tous les droits de douane sont supprimés pour les secteurs du textile de l'habillement et des chaussures.

Les différences interrégionales apparaissent principalement en raison des différences dans les spécialisations sectorielles et les spécialisations commerciales sectorielles et géographiques (Tableau 14). Ces différences interagissent avec la nature du choc, les contraintes d'équilibre régionales, et avec des liens économiques interrégionaux.

Comme l'illustre la comparaison avec les résultats d'une méthode de simple ventilation comptable des effets de la libéralisation, un calcul s'affranchissant des interactions entre marchés et régions tels que ceux représentés en équilibre général par DREAM, ne permet pas de fournir une approximation satisfaisante, et ceci même lorsque les contraintes et les caractéristiques régionales sont prises en considération. Les secteurs agricoles sont particulièrement sensibles à ce type d'analyse en raison de leur haut niveau de protection et à leur distribution inégale dans l'espace européen.

Les résultats font apparaître deux profils distincts de régions spécialisées dans l'agriculture : pour les exportateurs nets (hors-UE) tels que le Danemark, l'Île de France et les Pays-Bas (excepté l'Est), les intérêts offensifs sont dominants ; pour les autres, en particulier la Grèce (exceptée la région d'Athènes), le Portugal continental, l'Irlande, l'Ouest de la France, l'Espagne, l'Italie du sud, Malte, Chypre, plusieurs régions polonaises et slovaques, la libéralisation mènerait à un déclin significatif de l'activité agricole. Ce résultat est important car les régions plus pauvres sont souvent spécialisées dans l'agriculture (sans être des exportateurs nets hors-UE).

Tableau 14 : Les 20 couples secteurs-régions pour lesquels la libéralisation aura les conséquences les plus positives en termes d'activité, pour chacun des 6 scénarios

Source : CEPII [6]

Le rôle spécifique des transports et de la communication est également remarquable. Ce secteur est en moyenne plus important dans les régions plus riches (Hollande et Flandres en particulier) et il est généralement parmi les activités les plus favorisées lors d'une libéralisation des échanges, à la fois en raison des changements relatifs de prix, et parce que le développement du commerce accroît la demande adressée à ce secteur.

Dans l'ensemble, les régions les plus pauvres de l'Union à quinze semblent supporter la majeure partie de l'ajustement de l'économie européenne à une large libéralisation (Figure 3). Ce résultat est frappant, surtout à un moment où l'élargissement signifiera pour plusieurs de ces régions un abaissement des transferts nets provenant des fonds structurels.

Figure 3 : Les effets régionaux d'une libéralisation commerciale totale,
en termes de revenu

Note : les couleurs foncées indiquent des pertes, les couleurs claires des gains, le blanc l'absence d'information.

Source : CEPII [6]

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