B. COMMENT APPRÉCIER LA PERFORMANCE FRANÇAISE ?

La performance française en matière de productivité horaire se distingue de celle de la moyenne de l'Union européenne :

- comme on le voit sur le tableau n° 7 ci-dessus, il n'y a pas de rupture dans le rythme d'évolution de la productivité horaire sur les trois périodes 1987-1995 (+1,9 %), 1995-2004 (+1,8 %), 2000-2004 (+1,9 %) ;

- à partir de 1995, le rythme de la productivité horaire française est nettement supérieur à celle de la moyenne de l'UE à 15 ;

- enfin, si l'on veut à la fois tenir compte du fait que le ralentissement en France s'est produit au début des années 1990 et que l'accélération américaine est récente, et donc raisonner sur une perspective plus longue, c'est-à-dire sur la période 1990-2004, on constate que la productivité horaire en France augmente au même rythme qu'aux États-Unis (+1,9 %).

Au regard de ces éléments, la situation française par rapport aux États-Unis ne semble donc pas défavorable .

Elle est cependant fragile :

- comme on le voit sur le graphique n° 14 ci-dessous, pour la période 1991-2005, on observe à partir de 2003 un freinage de la productivité horaire française par rapport aux États-Unis.

Graphique n° 14

CROISSANCE ANNUELLE DE LA PRODUCTIVITÉ PAR HEURE TRAVAILLÉE,
FRANCE ET ÉTATS-UNIS

Source : GGDC

- en outre, sur la fin des années 1990, la bonne tenue de la productivité horaire française qui apparaît sur le graphique ci-dessus est, pour partie, un effet induit de la baisse de la durée du travail , puisqu'il est admis que la réduction de la durée du travail - en particulier lors du passage aux 35 heures - s'accompagne de son intensification.

Hors réduction de la durée du travail, les performances françaises en matière de productivité horaire se rapprocheraient donc de la moyenne européenne.

C. LES ÉVOLUTIONS RÉCENTES DANS UNE PERSPECTIVE HISTORIQUE : UNE PÉRIODE ATYPIQUE ?

Dans une perspective historique longue, l'accélération américaine ou le ralentissement européen - votre rapporteur s'appuiera plus précisément sur l'exemple de la France ci-après - doivent être relativisés :

- aux États-Unis, malgré son accélération à partir de 1995, la progression de la productivité par employé (2,02 % par an) est nettement plus faible que celle de 1922-1967 (2,54 %). Dans le secteur marchand non agricole, l'évolution de la productivité horaire de 1995 à 2002 (2,16 % par an) est peu supérieure à celle d'avant le premier choc pétrolier (2,09 %) ;

- en France, la croissance de la productivité par tête sur la période 1990-2002 (1,1 % par an) reste encore deux fois plus forte que celle observée sur le demi-siècle qui a précédé la Seconde Guerre mondiale et puis les Trente Glorieuses.

Cette mise en perspective montre que :

- la période récente ne se caractérise ni par des gains de productivité historiquement forts aux États-Unis ni particulièrement faibles en France (et en Europe) ;

- et si la « révolution technologique » liée aux TIC a bien engendré une accélération de la productivité aux États-Unis, elle n'a rien d'atypique. Seule la période de l'entre-deux-guerres aux États-Unis (la « grande vague ») ou celle de l'après-Seconde Guerre mondiale jusqu'au choc pétrolier en Europe (1945-1975, les « Trente Glorieuses ») restent atypiques du point de vue des évolutions de la productivité et du progrès technique.

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