III. LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE SECURITÉ COMMUNE ET DE DÉFENSE

A. BILAN DE LA PRÉSIDENCE SLOVÈNE DE L'UNION EUROPÉENNE

La Slovénie a présidé l'Union européenne au cours du premier semestre 2008. La session de juin de l'Assemblée de l'UEO a constitué une occasion pour le Ministre de la défense de la République de Slovénie, M. Karl Erjavec, de présenter aux membres de l'Assemblée le bilan, positif, de son pays dans le domaine de la politique européenne de sécurité et de défense.

M. Erjavec a d'abord rappelé que son pays s'est efforcé de mettre en oeuvre, au cours de ces six mois, les décisions relatives aux opérations et missions civiles et militaires, « aussi bien actuelles que futures », conformément au programme commun des trois présidences (Allemagne, Portugal, Slovénie).

Au niveau stratégique, la présidence slovène a poursuivi les efforts visant à développer les capacités militaires de l'Objectif global 2010 et préparé la révision du concept de réponse rapide militaire de l'Union européenne. De plus, de gros efforts ont été consentis pour les groupements tactiques de l'Union européenne. La présidence slovène a également soutenu le travail de l'Agence européenne de défense (AED), surtout pour l'élaboration du Plan de développement des capacités et le renforcement de la base industrielle et technologique de défense européenne. M. Erjavec a mentionné notamment la déclaration adoptée par les ministres de la défense, qui vise à améliorer la disponibilité des hélicoptères, ainsi que la décision de créer une cellule particulière au sein de l'AED pour l'obtention de communications par satellite.

La présidence slovène s'est également efforcée de renforcer la coopération avec les partenaires stratégiques de l'Union . Elle a ainsi développé les consultations et la coopération avec l'ONU et l'OTAN pour la gestion des crises. A cet égard, M. Erjavec a souligné l'urgence de parvenir à un accord au Kosovo sur la répartition des compétences entre EULEX et la MINUK. Le Ministre a aussi insisté sur la nécessité d'approfondir « l'indispensable partenariat » stratégique Union européenne-OTAN.

Au niveau des différentes opérations de gestion de crises, des progrès ont été enregistrés au cours de la présidence slovène, que ce soit dans les Balkans ou en Afrique.

En Bosnie-Herzégovine, les avancées sont visibles tant dans la mise en oeuvre des réformes de la police et de la défense que dans l'établissement d'un système de défense. L'opération ALTHEA en Bosnie-Herzégovine est sans aucun doute un succès. La coopération entre l'Union européenne et l'OTAN sur le terrain est bonne, et le mécanisme Berlin plus s'est avéré très efficace. Malgré tout, la présence militaire en Bosnie-Herzégovine et l'aide de l'Union européenne sont encore nécessaires, car la stabilité est encore loin d'être consolidée.

La mission EULEX (État de droit) au Kosovo, déjà partiellement présente sur le terrain, devrait être opérationnelle au plus tôt. M. Erjavec s'est félicité du résultat des élections parlementaires en Serbie, marquées par la victoire des forces pro-européennes . Il a également souligné que de nombreux projets tournés vers l'Europe étaient en cours dans les pays des Balkans, qui souhaitent affirmer leur ancrage européen.

La présidence slovène a également géré la mise en place d'une mission provisoire au Tchad et en République centrafricaine. Le ministre slovène a rappelé que la situation sécuritaire au Congo reste très tendue . Les femmes et les enfants sont en effet particulièrement touchés par les violences. La mission a été prolongée le 30 juin 2008, afin de favoriser la stabilisation du pays.

Enfin, M. Erjavec a précisé que la présidence slovène avait procédé à la révision du document-clé relatif à la prise en charge de la protection des enfants dans les conflits armés par les missions et les opérations PESD. Il a rappelé que la question de la protection des droits de l'Homme, de l'égalité des sexes et des droits de l'enfant devait être prise en compte systématiquement, dès le début de la formation du personnel, de la planification et de la mise en oeuvre des opérations PESD.

A l'issue de cette intervention, plusieurs parlementaires ont pris la parole pour féliciter le ministre pour le travail accompli par son pays au cours de ces six mois de présidence. La plupart des questions ont porté sur les Balkans. M. Joao Mota Amaral (Portugal - Groupe fédéré) a ainsi demandé à M. Erjavec quel était son sentiment sur les conséquences probables de l'indépendance du Kosovo, que la Slovénie a d'ailleurs beaucoup soutenue, pour la stabilité de la région. En réponse, M. Erjavec a exprimé sa conviction que la clé de la stabilité se trouve à Belgrade. Selon lui, il est très important d'offrir une perspective européenne à tous les pays des Balkans, seule à même de favoriser leur développement. Pour M. Erjavec, « la stabilité des pays des Balkans dépend de leur intégration dans l'Union européenne ». Le ministre a exprimé son regret que la Macédoine n'ait pas pu réussir à devenir membre de l'OTAN.

Mme Josette Durrieu (Hautes-Pyrénées - SOC) a exprimé son inquiétude sur la situation dans les Balkans et sur leur potentiel de déstabilisation pour l'Europe :

« A mon tour, je voudrais saluer à la fois le ministre, représentant la Slovénie, et son État, qui est, en Europe, un exemple de stabilité et de bonne intégration. Je tiens aussi à vous féliciter pour votre présidence de l'Union européenne.

Vous venez à peine d'évoquer le problème de l'ex-République yougoslave de Macédoine. Or, dans votre propos, vous avez fait référence au Kosovo et à la Bosnie-Herzégovine. Nous sommes tous inquiets et observateurs des conséquences de la situation politique de ces pays sur l'Europe. Il est évident que cet État n'est pas stabilisé, malgré la présence des forces de police et l'accompagnement européen. On n'en parle pas suffisamment. Or, il est incontestable qu'il peut entraîner une déstabilisation de l'espace balkanique.

J'ai cru comprendre que vous pensiez que la perspective européenne pouvait être la solution à tous ces problèmes. Pensez-vous réellement que l'Europe puisse absorber sans conséquence toutes ces instabilités ? Elle a déjà donné. Je ne referai pas l'histoire de l'Europe. Je suis profondément européenne et je veux l'adhésion de ces États balkaniques. Mais que sommes-nous en mesure d'attendre d'eux ? Au travers de la stabilité des Balkans, passera probablement la stabilité de l'Europe. Quelle est votre position ? Qu'allons-nous faire pour assurer cette stabilité immédiate ? Nous sommes déjà présents là-bas ».

Dans sa réponse optimiste, M. Erjavec a insisté sur la nécessité pour l'Europe d'offrir des opportunités économiques, à commencer par un emploi et une couverture sociale, aux pays des Balkans :

« Comme je l'ai déjà dit, je suis persuadé qu'une perspective européenne est une bonne solution, mais cela implique que l'on donne aux gens du travail et une sécurité sociale. Il faut proposer des programmes différents. Je suis certain que ces programmes sont moins coûteux que des conflits et des guerres. C'est pourquoi je pense que la solution passe par un avenir européen. Les gens ont besoin de travail et de sécurité sociale. Ils voient à la télévision ce qui se passe dans d'autres pays. Or, au Kosovo, les gens n'ont pas de travail. Plus de 80 % doivent être dans ce cas. C'est pourquoi je pense qu'une telle solution peut être efficace. Si les habitants de ce pays sont de bons travailleurs dans tous les autres pays de l'Union européenne, pourquoi ne pourraient-ils pas travailler chez eux ? Il convient de créer les conditions pour ce faire, ce sera aussi profitable pour l'Europe ».

L'intervention de M. Erjavec et le débat qui l'ont suivie ont mis en valeur les avancées positives permises par la présidence slovène dans le domaine de la politique européenne de sécurité et de défense. Ils ont également révélé l'inquiétude partagée des parlementaires sur la situation dans les Balkans et son impact potentiellement négatif pour la stabilité et la sécurité de l'Europe.

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