(2) Les migrations entre les départements d'outre-mer et la métropole

À la suite notamment de la politique de recrutement du Bureau pour le développement des migrations dans les départements (BUMIDOM), environ un million d'ultramarins vivent dans l'hexagone dont près de 60 % sont installés en région parisienne, constituant une sorte de « 5 ème DOM ».

À ces derniers s'ajoutent les étudiants et les jeunes actifs, dont le nombre varie en fonction de la durée des formations et du marché de l'emploi et qui constituent des communautés également importantes à Bordeaux, Montpellier ou Marseille et, plus généralement, dans les villes universitaires.

Leur situation est donc contrastée et évolutive : si le nombre de Guyanais reste peu élevé, la migration antillaise s'est stabilisée, après une forte expansion dans les années 60 soutenue par le BUMIDOM. En revanche, celle des Réunionnais s'accélère en raison de l'étroitesse du marché de l'emploi local et de l'augmentation du nombre de mariages mixtes.

Ces ultramarins d'origine se retrouvent confrontés un jour ou l'autre au choix difficile entre « intégration » et « retour au pays » et à la question soulevée par M. Pierre Pluton, président de l'Association métropolitaine des élus d'outre-mer (AMEDOM) lors de son audition devant les membres de la mission : « où poser ses valises ? »

Outre l'évolution des mentalités entre les générations qu'il a évoquée, les jeunes ultramarins semblent plus animés par des revendications identitaires que leurs parents.

Par ailleurs, ils sont confrontés à des problèmes spécifiques d'intégration, d'où la récente création d'une Délégation interministérielle pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer, dirigée par M. Patrick Karam.

La Délégation interministérielle pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer a été instituée en 2007 auprès du Premier ministre, avec pour mission d'aider le Gouvernement à définir les politiques qui conviennent pour assurer l'égalité des chances des Français d'outre-mer installés en métropole, prévenir les difficultés spécifiques qu'ils rencontrent en raison de la discrimination, préserver leurs liens avec leur communauté d'origine et faire la promotion de leur culture en métropole.

Lors de son audition par la mission sénatoriale, le délégué M. Patrick Karam, a rappelé que depuis sa nomination, en juillet 2007, quelque 180 actions ont été menées.

À l'égard des jeunes, la Délégation a déployé un effort particulier. Par exemple, l'égalité de traitement entre étudiants métropolitains et ultramarins a été rétablie en permettant aux étudiants boursiers originaires des collectivités d'outre-mer de percevoir leur bourse mensuellement sur 12 mois, comme c'est le cas pour les étudiants métropolitains, et non plus sur 9 mois comme auparavant.

Par ailleurs, des conventions sont en discussion entre le CNOUS et les collectivités d'outre-mer pour faciliter l'accès aux résidences universitaires des étudiants ultramarins. La première convention a été signée avec le conseil général de La Réunion le 30 mars 2009.

Preuve des préoccupations propres à ces ultramarins, les thèmes des États généraux de l'outre-mer dans l'hexagone, ont été complétés par quatre spécifiques :

- la culture, la mémoire et la visibilité,

- l'égalité des chances, la lutte contre les discriminations et la citoyenneté,

- le sport,

- les problématiques pour améliorer la continuité territoriale (téléphonie, Internet, services postaux, etc.).

Quant aux retours, ils recouvrent des réalités très hétérogènes : « retours-retraites » des générations du BUMIDOM, jeunes diplômés, jeunes adultes qui ne sont stabilisés ni ici ni là-bas...

Outre les difficultés d'installation et de logement que soulèvent ces retours pour les communes d'accueil, on constate une aggravation du problème des jeunes de la deuxième ou troisième génération, dont les parents ont choisi de partir travailler dans l'hexagone et qui se trouvent en perte de repères, ne se sentant plus ni Antillais ni métropolitains.

Le Bureau pour le développement des migrations dans les DOM (BUMIDOM)

Le BUMIDOM a été créé en 1963 par Michel Debré. Ses statuts précisent que « la société a pour objet de contribuer à la solution des problèmes démographiques intéressant les DOM. »

Il a organisé la venue en métropole de plus de 70 000 personnes, soit 45 % des quelque 157 000 migrants venus d'outre-mer s'installer en France métropolitaine durant cette période (1963-1981), surtout en provenance de la Guadeloupe et de la Martinique.

Il lui est parfois reproché d'avoir indirectement permis le remplacement des jeunes migrants par des métropolitains dans ces départements.

Le BUMIDOM a été remplacé par l'Agence nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'outre-mer en 1982, à la suite de l'arrivée de la gauche au pouvoir.

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