B. ERIC LESUEUR, PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL D'ECO ENVIRONNEMENT INGÉNIERIE

Eco Environnement Ingénierie est une filiale de Veolia Environnement. Je voudrais commencer par rappeler rapidement l'implication de Veolia Environnement dans les métiers de services et dans les métiers de l'environnement, vous expliquer avec quels outils nous travaillons en matière de prospective et d'innovation, et prendre l'exemple de la construction de la ville durable pour mettre en exergue un certain nombre d'idées qui ont déjà été développées ce matin.

Nous ne sommes pas une start-up. Nous l'étions en 1853. Aujourd'hui, Veolia Environnement est une société de 330 000 collaborateurs, dont plus des deux tiers de l'activité sont consacrés aux collectivités locales. Veolia Environnement est également présent dans une centaine de pays dans le monde.

Les quatre activités de Veolia sont le domaine de l' eau , celui de l' énergie , de la propreté , c'est-à-dire de la gestion des déchets , et celui du transport . Dans le domaine de l'eau, Veolia est un opérateur de services de production et de distribution d'eau potable, mais aussi d'assainissement. Nous sommes également équipés de moyens d'ingénierie et de concepteurs de technologies.

Sur la propreté, nous opérons sur toute la filière de gestion des déchets qu'ils soient solides, liquides, dangereux ou non dangereux. Un des axes fondamentaux est la valorisation des déchets sous toutes leurs formes possibles. Nous ne sommes pas présents dans le domaine des déchets nucléaires.

Veolia Energie Dalkia est fondamentalement un opérateur d'efficacité énergétique, tant pour les collectivités locales que dans l'industrie, qui est un domaine important pour nous.

Veolia Transport enfin est un des plus grands groupes privés de transports publics. C'est aujourd'hui un opérateur de mobilité, particulièrement concerné par les nouvelles solutions de mobilité durable à l'échelle des territoires.

Cela ne vous étonnera pas de savoir que nous avons un département de Recherche et d'Innovation qui est au coeur des préoccupations de l'entreprise . Ces activités de R&D regroupent plus de 800 chercheurs, avec trois principaux centres de recherche en France qui collaborent avec énormément de partenaires académiques. On parlait tout à l'heure de la relation entre la recherche publique et la recherche privée. Elle est très importante pour nous, tant pour l'élaboration des solutions, des procédés innovants que pour la compréhension des impacts environnementaux, en premier lieu, mais également sanitaires, et souvent sociaux des services et des procédés que nous mettons en oeuvre.

Veolia Environnement s'est également doté d'un institut de prospective indépendant qui fonctionne avec un comité regroupant des personnalités issues de beaucoup de domaines institutionnels ou académiques : deux Prix Nobel, Monsieur Pachauri au titre du GIEC sur le changement climatique et Amartya Sen Prix Nobel d'économie.

Ce comité de prospective aide le groupe Veolia et les partenaires du groupe Veolia à comprendre, à essayer de cerner l'évolution du contexte dans lequel l'entreprise va produire ses nouvelles solutions . Ce comité de prospective permet d'animer un réseau d'experts internationaux dans de très nombreux domaines. On a parlé des sciences dures et des sciences molles. Les experts avec lesquels nous travaillons relèvent des domaines suivants : l'économie, la santé, l'histoire, la sociologie, la démographie, etc. J'en oublie beaucoup.

Le domaine de la ville durable est un domaine qui procède vraiment de l'innovation dans le domaine des services et du chemin que Monsieur de Jouvenel évoquait tout à l'heure, qui permet de construire les éléments de réflexion, mais également d'action qui nous conduiront jusqu'à 2050.

En quelques mots, l'urgence environnementale est connue, notamment en matière d'effet de serre. Il y a une prise de conscience collective. Ce qui l'est un tout petit moins, c'est le rôle fondamental de la ville dans l'impact environnemental de nos sociétés , tout simplement parce que la ville concentre et concentrera de plus en plus d'activités humaines et économiques, ne serait-ce que la population mondiale qui s'y concentre. L'impact environnemental de l'humanité sera largement homothétique avec celui de la ville et de son fonctionnement.

Des pressions d'origine anthropique se font de plus en plus fortes sur les ressources naturelles. Il n'y a pas que le CO² qui pose un problème. Les ressources en eau sont très impactées. L'empreinte hydrique des villes et des territoires est un souci croissant. On a évoqué la question de l'Afrique subsaharienne tout à l'heure mais, de manière générale, la concentration des villes en zone littorale amène et amènera à des drames en matière de disponibilité de ressources en eau.

De manière globale, la ville a une empreinte de plus en plus forte sur les ressources naturelles , alors même que les habitants des villes sont de plus en plus exigeants en matière de santé publique, de qualité de vie, de sécurité et, de manière générale, d'harmonie urbaine. L'équation qu'on doit résoudre - quand je dis « on », ce n'est pas uniquement l'entreprise Veolia, mais globalement les acteurs de la ville - est celle de produire des solutions qui respecteront ces contraintes environnementales urgentes et dramatiques, en proposant en même temps des solutions qui soient compatibles avec ces aspects de santé, de qualité de vie et de sécurité. Pour tout cela, il faut définir la ville, les territoires, les fonctions, les échanges, etc.

On a parlé tout à l'heure des ressorts de l'innovation. Dans le cadre de l'environnement, et singulièrement de la ville durable, il y a deux grandes familles de ressorts : l'innovation technologique en est un indéniablement. Il faut être très brutal : on ne construira pas le vingt-et-unième siècle en oubliant le vingtième siècle. Nous avons une capacité d'innovation technologique qui peut apporter des éléments essentiels à ce type de problème.

J'insisterai particulièrement sur le rôle fondamental des nouvelles technologies de l'information, en matière de solutions environnementales qui peuvent véritablement changer totalement l'efficacité des citoyens des villes par des villes d'environnement.

Il y a évidemment les évolutions comportementales. J'aime bien évoquer la construction de solutions environnementales, en prenant l'exemple de la collecte sélective des déchets. C'est un exemple très intéressant, qui a été développé depuis une vingtaine d'années, qui a permis la mise au point de technologies assez élaborées de tri pour la valorisation des déchets, en s'appuyant sur l'évolution du geste environnemental, donc du comportement des citoyens, et de l'organisation des services de collecte et de gestion des déchets par les collectivités locales et les autorités publiques.

Je pense que l'innovation environnementale pour la ville reposera, non seulement sur un double recours à l'innovation technologique et à la compréhension de l'évolution comportementale, mais aussi sur un véritable dialogue et une mise au point conjointe des solutions, en tenant compte de ces paramètres technologiques et comportementaux.

La ville durable est un peu loin. Faire réfléchir sur ce thème de la ville durable par d'autres acteurs amènera à des modifications de ce croquis ; néanmoins, on voit par là que la compréhension des échanges, des flux et des solutions environnementales, qu'elles soient en réseaux ou de proximité, génèrent de nouvelles solutions technologiques et de nouveaux usages.

Sur cet exemple de l'aménagement durable, je tenais particulièrement à dire aujourd'hui qu'on a à notre disposition une expérience opérationnelle de l'exercice de nos métiers dans bien des cas de figures ; et dans bien des pays du monde. Nous disposons des résultats de notre recherche et des orientations de notre comité de prospective ; mais à la fin - et vous avez évoqué, Monsieur le sénateur, tout à l'heure, la différence entre le temps de l'action et le temps de la réflexion - je crois que la démarche de la ville durable nous met dans un exercice de construction de projets communs , qui est dans le temps de l'action en même temps que dans le temps de la réflexion.

Je pense qu'on ne sortira pas de l'équation si tous les gens qui construisent la ville de demain (urbanistes, aménageurs, sociologues, voire artistes, etc.), à moins qu'il n'y ait parmi eux un décideur public global, sont d'un côté dans un discours théorique et, de l'autre, dans une action aveugle. En revanche, si dans le cadre de l'action, on est capable de déterminer quels sont les résultats positifs de telle ou telle expérience, d'en faire le benchmark et le retour d'expérience d'une collectivité locale à une autre, là on peut marquer des points et construire véritablement les solutions de l'avenir.

Je pense par ailleurs que le rôle du décideur public est majeur dans ce domaine , qu'il s'agisse de l'organisation administrative, des problèmes de gouvernance, des problèmes de fiscalité qui sont fondamentaux pour résoudre l'exercice... On sait aujourd'hui que la performance environnementale relève de solutions qui sont coûteuses en investissements pour économiser en impact environnemental et en coûts opératoires dans le futur. Cette réflexion suppose une prise en compte par les pouvoirs publics de cet équilibre économique.

Beaucoup d'aspects se découvrent quand on agit dans les projets. C'est le cas, je crois aujourd'hui, au moins des cent soixante collectivités territoriales en France qui se sont lancées dans l'aventure des éco-quartiers ou des éco-cités.

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