IV - L'APPLICATION DE CETTE POLITIQUE DANS L'OUTRE-MER FRANÇAIS

Il était nécessaire de tenir compte de ses spécificités.

De manière générale, la problématique, comme les procédures ont donc été identiques à ce qui fut mis en place en métropole avec quelques mois de décalage. Les spécificités constatées sont largement dues au décalage des saisons et à l'absence totale de vaccins lorsque la pandémie a démarré.

Deux exemples seront abordés : l'un, plus longuement est celui de La Réunion ; le second, plus rapidement, celui de la Guyane.

A - LA SITUATION À LA RÉUNION

Etudier la grippe à La Réunion est particulièrement intéressant car ce département d'Outre Mer de l'Océan indien a été profondément marqué récemment par l'impact d'un autre virus, le chikungunia.

Ce mot, qui veut dire «homme courbé » décrit bien les conséquences possibles de ce virus qui laisse encore aujourd'hui des séquelles dans une partie importante de la population réunionnaise.

La gestion de la crise du chikungunia avait mis en tension la presse avide de renseignements, mais aussi de titres sensationnels, la CIRE, cellule de veille, harcelée, les praticiens, débordés par le nombre de cas, et le Préfet de l'époque verrouillant la diffusion de l'information pour qu'il ne soit parlé que d'une voix. Cette crise sera plus particulièrement relatée dans le rapport final.

L'apparition du A(H1N1) à La Réunion a donc réveillé des souvenirs encore vivaces.

Dans le contexte type de l'hémisphère sud - aucun vaccin n'était disponible lors de la diffusion massive du virus en juillet-août 2009 - il est par ailleurs particulièrement intéressant d'examiner comment se sont mises en place les mesures de protection contre la pandémie, comment celle-ci a été surveillée, et comment les scientifiques locaux se sont mobilisés.

1. La gestion de la crise a relevé du Préfet

C'est le Préfet qui a souhaité dès le départ que la communication sur la pandémie soit unique et relève de son autorité, afin d'assurer une plus grande efficacité.

C'est également le Préfet qui est intervenu pour apprécier s'il convenait ou non de fermer les écoles, comme en métropole, à un moment où le pic pandémique était passé. C'est lui qui a décidé de s'opposer à la fermeture d'une école qui avait été envisagée par le diocèse, mais qui n'était pas suffisamment motivée. Aucune école n'a donc fermé à La Réunion. Le Préfet a ainsi utilisé la liberté de manoeuvre dont il disposait pour tenir compte des circonstances locales.

Le Préfet a particulièrement suivi les difficultés nées d'une situation locale spécifique : le Conseil général s'était opposé au personnel chargé de l'assistance et de l'accompagnement des personnes isolées. Le conflit qui en a résulté a conduit à une situation où certains soins essentiels n'étaient plus assurés. Cette crise a eu des conséquences d'autant plus graves pour les personnes isolées que les médecins libéraux de l'île ne font pas de visite à domicile.

Le Préfet a été amené à suivre les difficultés d'application de deux circulaires ministérielles : la première concernait le dépistage systématique des femmes enceintes qui devaient venir à l'hôpital pour des prélèvements et pour vérifier si elles avaient besoin de Tamiflu ; la seconde prévoyait que la vaccination devait être proposée à tous les malades en hôpital, disposition qui n'a pas été appliquée du fait des contre-indications possibles.

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