C. LA GUERRE EN AFGHANISTAN ET SES IMPLICATIONS RÉGIONALES

Dans la continuité de ses travaux précédents, la commission de défense a présenté au cours de cette session un nouveau rapport sur l'Afghanistan, insistant plus particulièrement cette fois-ci sur les implications régionales du conflit. Le nouvel éclairage ainsi apporté s'avère particulièrement utile pour décrypter la complexité des enjeux d'un conflit dont les alliés ne voient pas la fin, alors que le Président Obama vient d'annoncer l'envoi de troupes supplémentaires et qu'il a également sollicité ses alliés.

C'est à Mme Françoise Hostalier (Nord - UMP) et M. Jean-Pierre Kucheida (Pas-de-Calais - SRC) qu'il est revenu de rédiger ce rapport. En outre, les deux députés français ont travaillé cette fois-ci avec M. Mehmet Tekelioglu, un parlementaire turc. Première oratrice, Mme Hostalier a longuement présenté le fruit de leurs travaux :

« A travers ce rapport, nous pouvons dire que notre Assemblée, une fois de plus, est au coeur de l'actualité, d'une part, parce qu'aujourd'hui, le président des États-Unis, Barack Obama, a annoncé le renfort de 30 000 soldats de plus sur le théâtre afghan à travers un discours correspondant à peu près à 80 % des préconisations de notre rapport et de nos recommandations, d'autre part, parce que chacun reconnaît aujourd'hui que la situation en Afghanistan concerne toute la région, et notamment la problématique du Pakistan.

Nous avons donc décidé d'élaborer ce rapport au mois de juin dernier, bien conscients que cette dimension régionale était prégnante et dans le but d'alerter sur la dégradation de la situation, sur les risques d'une déstabilisation de la région et sur le fait, reconnu désormais, que le tout militaire n'était pas la solution.

Historiquement, ce rapport que nous vous présentons s'inscrit dans la continuité des trois autres rapports que nous avons réalisés sur le même sujet en 2006, 2008 et au mois de mai de cette année. Depuis ce dernier rapport, la situation interne en Afghanistan a évolué, notamment avec l'organisation des élections présidentielles. Il faut bien reconnaître que, si le peuple afghan a « joué le jeu », si je peux m'exprimer ainsi, avec beaucoup de courage, en bravant les menaces des talibans pour aller voter, cette élection n'est pas un succès pour la démocratie.

La communauté internationale, une fois de plus, a voulu imposer des normes à un pays dont la culture, l'histoire et la situation ne le permettaient pas. De plus, force est de constater que nous ne nous sommes pas, non plus, dotés de tous les moyens de notre ambition pour ce processus puisqu'il n'y a pas eu d'observateurs étrangers, ou très peu, et très peu d'aides à la préparation de la tenue de bureaux de vote, contrairement aux élections précédentes de 2004 et 2005.

Mais ce qui a fait le plus de mal à la crédibilité de cette élection, ce sont, vous le savez, les tergiversations de la commission prétendument indépendante et les hésitations des pays démocratiques qui ont fini par reconnaître que Hamid Karzaï était élu président pour cinq ans. Nous sommes dans l'attente de la formation de son gouvernement avec ce petit signe positif : plusieurs ministres ont déjà été mis en examen officiellement pour corruption. Nous pouvons donc avoir un peu d'espoir quant aux engagements du président Karzaï.

Les Afghans sont inquiets, ils sont désabusés par le pouvoir politique, mais en même temps, ils ne veulent absolument pas du retour des talibans et nous devons tenir compte à la fois des erreurs du passé et des attentes des Afghans.

Il est une autre révolution importante depuis notre dernier rapport : la situation au Pakistan. Le gouvernement de ce pays a enfin décidé d'agir militairement sur la zone où se concentrent les insurgés. Il y a eu un nettoyage de la zone de la vallée du Swat et de nombreuses actions militaires dans le Waziristân. Est-ce suffisant ? Certainement pas. Mais cela prouve en tout cas que le Pakistan a pris la mesure de la situation, certes contraint par la pression internationale, et qu'il donne des signes clairs aux talibans qu'il ne laissera pas déstabiliser la frontière avec l'Afghanistan.

Cependant je pense, là encore, que le tout militaire n'est pas la situation et que la répression parfois aveugle peut même être contreproductive.

Pour en revenir au rapport que nous vous présentons, je dirai que, dans une première partie, nous avons décrit l'implication des pays limitrophes de l'Afghanistan dans le conflit afghan à travers leur histoire et leur culture communes, et surtout abordé le rôle qu'ils pouvaient jouer dans la résolution du conflit. Dans une deuxième partie, nous avons étudié comment, d'une manière directe ou indirecte, ces pays limitrophes pouvaient jouer un rôle par rapport aux grandes puissances intéressées au conflit et comment élargir la problématique à l'ensemble de l'espace régional. Dans une troisième partie, nous avons regardé la situation de chacune de ces grandes puissances, non directement limitrophes de l'Afghanistan : la Russie, la Chine l'Inde et, bien évidemment, les États-Unis.

Enfin, pour terminer, nous avons posé la question : quel est le rôle de l'Europe ?

En conclusion, je voudrais dire que ce matin, en commission, nous avons eu une très intéressante discussion sur les recommandations et les amendements proposés par nos collègues. Ce rapport reprend nos trois propositions de résolution, mais celles-ci ont été considérablement enrichies par notre discussion. Aussi, aujourd'hui vous a été distribué le projet de recommandation final que nous soumettons à votre vote.

Au cours de notre réunion de ce matin, nous n'avons pas voulu non plus ignorer l'actualité, c'est-à-dire l'engagement d'un renfort militaire par le président Obama. C'est pourquoi, nous vous proposons d'adopter cette recommandation qui reprend les principales actions suivantes :

Tout d'abord, nous proposons que les pays limitrophes soient associés aux décisions et aux actions de la communauté internationale en tant que partenaires, et pas seulement, comme aujourd'hui, comme spectateurs.

Nous demandons également que les Nations unies, qui ont donné mandat à l'OTAN, prennent leurs responsabilités pour que la Communauté internationale définisse une stratégie claire d'engagement avec des objectifs, ce qui sous-entend, bien entendu, une programmation de retrait de cet engagement dès que les objectifs seront atteints. Je parle ici d'engagement militaire.

Nous rappelons fortement que l'implication de la communauté internationale, notamment celle des pays européens, manque de lisibilité. Nous l'avions déjà dit dans le rapport précédent. Il faut d'urgence que tout le monde se mette d'accord pour clarifier les besoins, les objectifs, les actions et l'évaluation de ces actions.

Nous demandons aussi qu'une information soit faite en direction du peuple afghan et de l'opinion publique des pays engagés, c'est-à-dire de nos pays, parce qu'il s'agit de lever toute ambiguïté sur la notion de force d'occupation. Le peuple afghan doit comprendre que les pays engagés au côté de l'armée afghane ne sont en aucun cas des armées d'occupation et que si nous sommes au côté des Afghans, c'est pour les aider eux-mêmes à sortir de la crise.

Nous souhaitons également lancer un message fort en direction du gouvernement afghan pour qu'il s'engage dans le même sens que les objectifs qui seront définis, en particulier, la sécurité, l'État de droit et le développement économique.

Je comprends parfaitement les inquiétudes et les réticences des uns et des autres à l'égard de l'engagement militaire et de l'impression d'enlisement du conflit. Mais il convient aujourd'hui d'adopter une attitude pragmatique. Je participais mardi à un colloque sur le fait aérien en Afghanistan. Parmi les intervenants, le général Mohammad Dawran, commandant des forces aériennes afghanes, a dit clairement que des progrès considérables avaient été réalisés pour former une armée afghane permettant aux Afghans d'assurer eux-mêmes leur propre sécurité, mais qu'ils étaient encore loin du compte et qu'il ne fallait pas les abandonner.

Par ailleurs, les militaires de la coalition ont changé de posture. Vous le savez, mes chers collègues, si vous fréquentez les militaires de vos pays respectifs, ceux-ci nous disent aujourd'hui qu'il ne s'agit plus de gagner la guerre de mais de « gagner la paix », ce qui change la donne. Cela met en avant les opérations civilo-militaires et cela met l'accent sur le fait qu'il conviendra immédiatement de s'engager à instaurer l'État de droit en privilégiant le développement économique. Notre rapport et notre projet de recommandation vont dans ce sens ».

M. Jean-Pierre Kucheida a complété la présentation de sa collègue, s'exprimant en des termes plus virulents :

« Nous nous sommes une fois de plus déplacés en Afghanistan pour essayer de voir ce qui se passait sur le terrain. J'en suis à mon troisième rapport sur l'Afghanistan. J'irai dans le sens des propos de Mme Hostalier, mais je m'exprimerai plus crûment : la situation n'a cessé de se dégrader depuis 2006. En 2006, 2008 et 2009, nous avons publié trois rapports. Durant toute cette période, nous avons vu les choses se dégrader, aussi bien dans le domaine militaire que dans les domaines politique, civil, social ou culturel. Cette dégradation n'est d'ailleurs pas sans effet sur nos opinions publiques. Pour ne prendre que l'opinion publique française, celle que je connais, 68% de la population sont contre la guerre en Afghanistan. Parmi les partisans du Président de la République, qui a apporté son soutien à l'opération, 53% sont hostiles à l'opération, soit plus de la majorité. Nous devons donc sérieusement nous demander s'il y a lieu de rester là-bas.

Par ailleurs, la surface cultivée en pavot est passée de 104 000 hectares en 2006 à 165 000 hectares en 2008 et 192 000 hectares aujourd'hui. Loin de reculer, cette surface a quasiment doublé. Toutes les conférences de Paris possibles et imaginables, toutes les subventions possibles et imaginables, qui ne sont pas utilisées, qui s'évaporent, qu'on ne retrouve plus, ne veulent plus rien dire.

En outre, face au spectacle lamentable auquel nous avons été contraints d'assister cet été, et même toute cette année, autour de l'élection de M. Karzaï et son entourage, nous pouvons nous interroger. Même si, par nature, nous n'avons pas l'intention d'abandonner les Afghans à leur triste sort, il nous faut trouver les véritables conditions d'un désengagement. Le Président Obama vient de déclarer qu'il allait s'engager. Mais, derrière ses mots, nous devinons toute la prudence qui est la sienne. Les 30 000 hommes dont il a parlé seront déplacés d'Irak vers l'Afghanistan. Ce n'est donc pas un effort supplémentaire. Je me demande quelle sera l'efficacité de cette décision. Les Anglais, par deux fois, n'ont pas réussi, les Russes n'ont pas réussi. Combien d'hommes faudrait-il pour régler militairement le problème ?

Mme Hostalier a eu raison de dire qu'il faut gagner la paix, mais de quels moyens disposons-nous pour ce faire ? De quels effectifs ? De quels femmes et hommes parlant l'afghan pour s'introduire véritablement dans la société civile et faire comprendre un certain nombre de choses ? La société afghane est ce qu'elle est, mais elle n'est pas comparable aux nôtres. Je le dis depuis des années, la démocratie ne s'impose pas, elle se vit, elle se conquiert progressivement. Ce n'est pas en faisant ce qui a été fait à partir de 2001 que l'on règlera les problèmes dans une société pétrie d'habitudes ancestrales. Certes, elles peuvent évoluer, mais il faudra énormément de temps.

J'accepte les propositions présentées par la Commission, mais je le fais sans aucun enthousiasme. Je vous donne rendez-vous dans un an ou deux. Je crains, et je vous le dis solennellement, que la situation se soit encore dégradée. J'espère avoir tort, et si tel était le cas, je serais le plus heureux des hommes ! Il faudra trouver une solution. Bien sûr, je n'ai pas de baguette magique. Quoi qu'il en soit, il faudra faire autre chose que ce qui a été fait jusqu'à présent ».

M. Mehmet Tekelioglu a insisté quant à lui sur les liens entre l'Afghanistan et la Turquie, et sur le rôle stratégique de ce pays dans la zone. M. Tekelioglu a ainsi mis en évidence la contribution de la Turquie à la sécurisation, la stabilisation et la reconstruction de l'Afghanistan, qui s'appuie sur des relations historiques et sur une compréhension culturelle et linguistiques. Il a également donné des détails sur l'assistance de la Turquie au développement des forces armées afghanes, ainsi qu'au développement économique et social de ce pays. Enfin, M. Tekelioglu a souligné la dimension régionale de l'approche de la Turquie, qui comprend aussi un volet de coopération trilatérale Turquie - Afghanistan - Pakistan.

Le débat animé qui a suivi a révélé le fort clivage existant entre les partisans d'un retrait des troupes et les partisans du maintien et du renforcement des troupes en Afghanistan. La plupart des orateurs ont salué la qualité du rapport, équilibré et consensuel, malgré le contexte difficile dans lequel il a été rédigé. Tous les orateurs n'ont pu que déplorer la dégradation de la situation sur le terrain et la nécessité d'enrayer la corruption et le trafic de drogue florissants. Certains orateurs se sont voulus un peu plus optimistes et ont souligné les quelques résultats positifs qui ont été atteints depuis huit ans, dans le domaine de la santé ou de l'école par exemple. Enfin, quelques orateurs ont violemment reproché aux gouvernements occidentaux de renforcer leurs effectifs en Afghanistan, alors que la menace terroriste peut venir de l'intérieur, comme l'ont tristement démontré les attentats perpétrés au Royaume-Uni en 2005.

M. Jean-Paul Lecoq (Seine-Maritime - GDR) a quant à lui exprimé sa perplexité face à la complexité du conflit, se prononçant en faveur du retrait des troupes :

« Le rapport qui nous est présenté est le troisième sur le sujet, mais il me conforte dans l'idée que je m'étais faite en la matière à l'occasion de mon voyage en Afghanistan : je le trouve sérieux, précis, à ce point précis qu'il nous laisse plus interrogatifs qu'il ne nous donne de réponse.

A sa lecture, les premières questions qui me viennent sont celles-ci : y a-t-il un peuple afghan ? Une nation afghane ? Y a-t-il donc un gouvernement afghan légitime au regard des peuples ? Moi qui suis européen, je me souviens de ce que nous avons répondu voilà quelques années aux questions suivantes : y a-t-il un peuple yougoslave, une nation yougoslave, une histoire yougoslave ? L'histoire a montré que la réponse n'allait pas de soi. Je pense donc que, pour l'Afghanistan, la réponse n'est pas si évidente qu'il y paraît. En tout cas, il faudra l'examiner dans sa complexité et surtout ne pas y plaquer des recettes occidentales, que ce soit une élection présidentielle ou une forme de gouvernance.

Qu'est-ce qui peut motiver les Afghans à considérer que l'intervention occidentale, onusienne, est légitime ? Parce qu'elle serait utile au peuple afghan ?

Qu'est-ce que l'Afghanistan aujourd'hui, si ce n'est un pays pauvre, très pauvre ? Et que signifie aujourd'hui la guerre pour les peuples en Afghanistan ? Elle apporte parfois des écoles, des dispensaires, une certaine qualité de vie en certains endroits, elle engendre une économie - l'économie qui tourne autour de l'armée - et des emplois par milliers. La guerre a donc une utilité économique et sociale. Peut-être est-ce pour cela que les Afghans considèrent que l'intervention est légitime, mais ce n'est pas pour cette raison que nous intervenons : nous intervenons pour lutter contre Al Qaïda, Ben Laden, et pour la liberté.

A cet égard, j'ai entendu les motivations de certains militaires français. L'un d'entre eux m'a dit qu'il se battait en Afghanistan pour que sa fille, en France, n'ait pas à subir ce que les femmes subissaient sous le régime des talibans. Il avait ses propres motivations. En tout cas, la réponse militaire, sous son aspect économique, doit être remplacée par une vraie réponse économique. Et si je me bats, si j'interviens, réunion après réunion de la commission de défense, c'est pour que l'on décide d'arrêter la guerre - je ne parle même pas de retrait. Il faut arrêter la guerre partout où c'est possible et faire rentrer les militaires dans leurs casernes. L'ambassadeur de France en Irak a déclaré, à l'occasion d'une réunion de la commission de la défense de l'Assemblée nationale, que le retrait des militaires américains dans leurs casernes était la chance de l'Irak. Car la place doit être reprise rapidement par les civils.

Même si le rapport est juste, je considère que les recommandations ne sont pas suffisamment ambitieuses pour porter des idées de cessez-le-feu, de négociation, de retrait des troupes. Pour l'heure, nous confirmons l'engagement et, malheureusement, les propositions du prix Nobel de la paix - je le dis ainsi et je m'interroge - de renforcer les contingents militaires pour qu'il y ait un avenir. C'est pourquoi je plaide, et je défendrai des amendements pour le retrait des troupes ».

Mme Hostalier a ainsi répondu aux différentes interventions :

« Je remercie tout d'abord celles et ceux qui se sont exprimés avec beaucoup de passion, tant il est vrai que notre présence en Afghanistan ne laisse personne indifférent ; quelle que soit la position défendue, nul n'a l'intention d'abandonner le peuple afghan.

M. Hancock a demandé pourquoi on envoyait des jeunes se faire tuer en Afghanistan ; il a souhaité, en outre, que l'on fasse entendre davantage la voix de l'Europe. Je suis entièrement d'accord avec lui, c'est une bonne question et c'est celle que nous avons posée à travers ce rapport : il faut, non seulement clarifier les missions de tous, mais aussi que l'Europe se fasse mieux entendre et que nous adoptions une stratégie plus lisible et plus efficace.

M. Dzembritzki et Mme Aasted-Madsen ont souligné des aspects positifs, ce dont je les remercie. Je n'en ai pas parlé dans ma présentation, mais bien des choses ont été faites : construction de routes, accès aux écoles, construction de dispensaires, reconstruction de l'université, toutes choses positives. Merci de l'avoir rappelé.

Mme Kanelli a souligné le déficit d'information ; c'est pourquoi nous avons fait deux mentions sur la nécessité d'organiser une véritable information, la plus objective possible, afin que chaque citoyen puisse se forger une idée de la vérité et de la nécessité de la présence militaire.

En revanche, je ne suis pas d'accord avec vous quand laissez entendre que l'intervention pourrait se retourner contre les musulmans. Pour bien connaître la situation des femmes en Afghanistan, je puis vous assurer que, justement, ce sont les Afghanes qui nous demandent de les aider à construire un Etat de droit, leur permettant d'accéder à la justice et aux libertés. C'est la raison pour laquelle nous ne devons pas les abandonner et militer dans nos pays pour que notre intervention se fasse dans le bon sens.

MM. Kallio et Spautz ont évoqué le déficit de coordination en Europe. C'est l'objet même de notre rapport.

M. Flynn, si j'ai bien compris, vous souhaitez une marque politique plus concrète. Nous en sommes d'accord.

Enfin, M. Lecoq, je reconnais bien votre implication idéologique. Vous avez raison sur le fond. Il faudra bien arriver à une situation de paix dans ce pays. Vous souhaitez le retrait des troupes, certes, mais je vous renvoie à la demande du peuple afghan qui n'est pas prêt à prendre son destin militaire en main. Vous avez cité le président Obama et ce qui se passe en Irak, notamment le retrait progressif et programmé des troupes américaines qui prouve que le retrait des troupes étrangères en Afghanistan sera quelque chose de possible ».

M. Kucheida a complété les commentaires de Mme Hostalier en ces termes :

« Je voudrais tout d'abord dire à M. Dzembritzki, qui m'a mis en cause, que dans tous les cas, les Afghans considèrent les armées sur place comme des troupes d'occupation. J'en veux pour preuve le témoignage de tous les civils qui se déplacent avec les militaires : ils sont regardés d'une toute autre façon lorsqu'ils voyagent seuls ou avec une ONG. Je voudrais dire aussi que le bourrage des urnes de M. Karzaï n'a pas connu d'autre dimension dans la vie de nos sociétés !

Je voudrais enfin vous rappeler que si nous sommes en Afghanistan, c'est à la suite d'une forte émotion, celle du 11 septembre. Nous sommes allés dans ce pays, sans avoir vérifié auparavant ce qui s'y passait véritablement. Ne refaisons pas l'histoire. En Irak, toutes les forces étrangères sont parties sous prétexte qu'il s'y trouvait des armes de destruction massive, des armes chimiques, etc. C'est bien la raison pour laquelle il est difficile aujourd'hui de se désengager.

Tout le monde se sent concerné par l'affaire afghane. Personne ne se sent indifférent, et tant mieux, car c'est très important pour la planète entière. Néanmoins, le doute grandit et j'espère que tous ensemble nous aboutirons à la solution que nous cherchons ».

Encore une fois, le débat sur l'Afghanistan a démontré la sensibilité de la question dans les différents pays européens, ainsi que le désarroi croissant de la communauté internationale face au « bourbier afghan ». On notera que la tendance de ce dernier débat sur l'Afghanistan était légèrement plus pessimiste qu'au cours de celui du mois de juin.

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