B. DES MESURES PHYSIQUES EFFICACES

Outre le vaccin et les antiviraux, les autorités ont pris des mesures de limitation de la contagion : promotion de l'hygiène, notamment du lavage des mains ; fermeture des écoles lorsque des cas de grippe étaient déclarés dans la population scolaire ; achat de masques. Ces mesures, susceptibles d'être mises en place immédiatement, même si elles nécessitent une période d'apprentissage, voire d'assimilation culturelle plus ou moins longue, se sont, dans l'ensemble, révélées efficaces.

On peut considérer avec la ministre de la santé que la campagne en faveur du lavage des mains a stoppé la propagation du virus A (H1N1)v et a en outre notablement limité les gastro-entérites et les bronchiolites entre fin septembre 2009 et fin janvier 2010. A la suite de cette campagne, 40 % des Français ont modifié leur comportement, adoptant les mesures d'hygiène préconisées. Mais il faut poursuivre cet effort de sensibilisation, qui devrait devenir annuel, pour éviter que la mobilisation ne retombe.

Il est plus difficile de mesurer à l'heure actuelle l'impact des fermetures d'école destinées à ralentir la propagation du virus. Comme le précise le plan ministériel de prévention et de lutte « Pandémie grippale » du ministère de l'Education nationale 170 ( * ) : « au regard de la grippe, en comparaison d'un adulte, un enfant est plus vulnérable, sa charge virale est relativement plus élevée et sa période de contagion plus longue. Il importe donc de limiter les déplacements des enfants et des jeunes en les maintenant au domicile familial » . Le directeur général de la santé a estimé vraisemblable que la fermeture de classes en Ile-de-France a eu un effet retardateur sur le pic épidémique. D'autres ont cependant critiqué le caractère particulièrement lourd de cette mesure, qui désorganise la vie des familles, ainsi que son efficacité. Ainsi M. Philippe de Chazournes, médecin généraliste à la Réunion, a-t-il estimé que l'exclusion scolaire des élèves pratiquée dans son département n'avait pas eu d'effet sur le ralentissement de la pandémie. Des études plus précises doivent donc être conduites pour permettre de mesurer l'intérêt réel de cette mesure.

Le recours aux masques peut pour sa part être considéré comme un échec. Il existe deux types de masques correspondant à deux types d'usages. Le masque de type chirurgical d'abord est destiné à éviter, lors de l'expiration de celui qui le porte, la projection de sécrétions des voies aériennes supérieures ou de salive pouvant contenir des agents infectieux transmissibles. Porté par une personne contagieuse, il prévient la contamination de son entourage et de son environnement. Sa vocation est donc altruiste ou collective. L'autre type de masque, dit de protection respiratoire, est en fait un appareil de protection respiratoire jetable filtrant contre les particules, destiné à protéger celui qui le porte contre l'inhalation d'agents infectieux transmissibles par voie aérienne. Par ordre croissant d'efficacité, il en existe trois classes : FFP1, FFP2, FFP3. La finalité de ce masque est donc individuelle.

Des éléments, principalement observationnels, tendent à prouver l'efficacité du port de masques pour limiter la diffusion d'un virus en période pandémique 171 ( * ) . Mais cette pratique s'est heurtée dans notre pays, comme au Royaume-Uni, à des réticences culturelles qui se sont révélées insurmontables à court terme. Plus qu'un acte de protection individuelle ou altruiste, le port du masque est vu comme stigmatisant, par opposition aux pays d'Asie où il est commun. On peut cependant penser que face à un virus grave et inconnu, les réticences de la population tomberaient. Il faut donc se garder de toute critique absolue de ce moyen de protection efficace.

Proposition n° 30 :
Rappeler chaque année les recommandations d'hygiène
limitant la diffusion des maladies infectieuses.


* 170 Circulaire n° 2008-162 du 10-12-2008 publiée au Bulletin officiel spécial de l'Education nationale n° 8 du 18 décembre 2008.

* 171 Cf. notamment : « Face Mask Use and Control of Respiratory Virus Transmission in Households », C. Raina MacIntyre et al., Emerg Infect Dis. 2009 February ; 15(2) : 233-241.

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