3. Quelle dynamique en France et dans le monde ?
a. Le pôle de compétitivité Minalogic

« Minalogic » à Grenoble, pôle spécialisé dans la micro et nanoélectronique et qui compte 200 partenaires, dont 120 PME, a une certaine expérience des freins que rencontre l'innovation dans le domaine des nanotechnologies.

Le pôle Minalogic a permis aux PME d'accéder aux innovations, d'abord en leur permettant de collaborer avec les laboratoires publics, qui jusqu'alors travaillaient surtout avec les grands groupes industriels. Cet accès des PME à l'innovation a également été favorisé par le travail en réseau, comme le prouvent les derniers projets labellisés. Le dispositif du Pôle fonctionne ainsi comme un écosystème favorable à l'innovation technologique.

Pour porter l'innovation vers le marché, il faut aussi accélérer la création de start-up . Aujourd'hui, les grands groupes ne portent plus les risques, laissant le secteur de l'innovation orphelin. Ce secteur a, en outre, besoin d'une vision à moyen terme en matière de capital-risque, les fonds d'investissement étant trop pressés pour financer correctement des innovations de rupture, qui supposent une culture industrielle, et pas seulement financière. C'est particulièrement vrai dans le domaine des nanotechnologies, qui souffrent d'une image négative auprès des investisseurs.

C'est en matière d'information du public que la technique du cas par cas est essentielle. Les nanotechnologies sont déjà partout présentes : téléphones, automobiles, matériaux de construction, entre autres. Il faut aujourd'hui mettre l'accent sur le fait qu'elles constituent une solution pour les grands enjeux de nos sociétés, dans le domaine de la santé, de l'efficacité énergétique, de la sécurité, de la gestion des mégapoles, sans compter qu'elles sont autant d'opportunités économiques.

À Minalogic, c'est une approche par les usages qui est privilégiée. Sans être nécessairement innovante sur le plan technologique, elle est capable de bouleverser les données industrielles.

Le dispositif des pôles, lesquels ont montré leur capacité à constituer un écosystème propice à l'innovation, doit désormais s'inscrire dans la durée. Après la construction de projets, les pôles « 3.0 » doivent constituer le deuxième étage de la fusée, celui où ces projets se transforment en valeur économique et sociétale.

b. Les nanotechnologies aux Etats-Unis

Alors qu'en France le débat public est devenu très difficile sur les nanotechnologies, les Etats-Unis n'hésitent pas à en parler et à les étudier de manière ouverte.

Cette approche se fait dans un esprit de responsabilité, comme le montrent les études du Centre pour les conséquences sur l'environnement des nanotechnologies (CEINT). Cette structure de l'université de Duke, que dirige le professeur Marc Wiesner, étudie les propriétés des nanoparticules afin de déterminer les risques, en mettant en évidence leurs potentiels d'exposition et leurs dangers, en travaillant sur l'utilisation des nanotechnologies dans plusieurs produits et en évaluant les risques associés. Il développe aussi des outils mathématiques pour prévoir les risques, en élaborant des modèles.

Son objectif est de définir les risques pour minimiser l'incertitude liée au développement des nouvelles technologies pour le grand public et pour les investisseurs. Cela se fait dans un centre de l'Etat, financé par l'Etat. Il s'agit d'éviter ce qui s'est passé pour le DDT et l'amiante. Son action est une réponse à la commercialisation de nanoparticules, qui a débuté, même si les quantités produites sont encore très faibles.

Nous sommes donc au tout début d'un processus important : ce domaine scientifique va devenir infini, car il va à terme associer nanotechnologies, biotechnologies et informatique.

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