DÉPLACEMENT DANS LES HAUTS-DE-SEINE ET À PARIS

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MERCREDI 18 DÉCEMBRE 2013

LISTE DES PERSONNES RENCONTRÉES À NANTERRE

M. Jean Donnadieu , président du club de la Jeunesse sportive des Fontenelles (JSF) de Nanterre

M. Gérard Perreau-Bezouille , premier adjoint au maire de Nanterre, coprésident de la fédération française des clubs omnisports (FFCO)

M. Mathieu Desvalois , représentant la ligue nationale de basketball

LISTE DES PERSONNES RENCONTRÉES AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ VEGA

M. Cyrille Dechenoix , conseiller général des Hauts-de-Seine en charge du sport

M. Georges-Henry Bediou , directeur marketing et communication du Racing Metro 92

M. Franck Boucher , ancien directeur général du Racing Metro 92, en charge du projet Aréna 92

M. Pascal Simonin , directeur de VEGA

LISTE DES PERSONNES RENCONTRÉES AU PARC DES PRINCES

M. Jean-Claude Blanc , directeur général délégué du Paris Saint-Germain (PSG)

M. Philippe Boindrieux , directeur administratif et financier du Paris Saint-Germain (PSG)

COMPTE RENDU DES ENTRETIENS EFFECTUÉS
À NANTERRE

Réunion avec MM. Gérard Perreau-Bezouille, premier adjoint du maire de Nanterre et Jean Donnadieu, président de la JSF Nanterre

M. Gérard Perreau-Bezouille, premier adjoint du maire de Nanterre . - Nanterre est une ville de proche banlieue dont le revenu médian est la moitié de celui des villes limitrophes. Le sport est un phénomène social essentiel à Nanterre.

Le club municipal et les différents clubs privés ont fusionné il y a 35 ans pour former le grand club omnisport actuel.

Celui-ci signe tous les trois ans une convention d'objectifs qui précise l'ensemble des relations avec la ville.

Le club connait actuellement, au travers de sa section basketball, une expérience unique du plus haut niveau français. Le modèle développé par le club de Nanterre est alternatif dans le paysage sportif actuel. Un seul joueur du FC Barcelone de basketball (que Nanterre a battu le 31 octobre 2013) gagne le salaire de l'ensemble des joueurs de la JSF Nanterre.

Nanterre a un modèle à part résultant de l'alchimie d'un territoire avec un club sportif. La ville de Nanterre possède par ailleurs un grand maillage d'équipements avec 14 salles pour 90 000 habitants. Cependant, ces équipements ne sont pas adaptés au haut niveau et c'est sur ce point que se porte actuellement la réflexion avec le club.

M. Jean Donnadieu, président de la JSF Nanterre . - Ce qui nous arrive est incroyable. On a mesuré plus de 4 000 retombées médiatiques pour le titre de champion de France, plus que pour celui du Paris Saint-Germain. Il y a quelque chose d'anormal dans ce qui se passe actuellement. Nous savons que cet épisode est exceptionnel et qu'il va avoir une fin. Nous nous posons donc actuellement énormément de questions sur les modalités qui permettraient de pérenniser notre passage en Pro A.

Cela fait 60 ans que je suis au club. Je ne peux que souligner l'importance des hommes dans notre aventure. À l'origine nous avons eu quelques difficultés avec la mairie. Catalogués comme « club de droite » face à une mairie communiste, nous n'étions pas énormément soutenus. La première convention avec la mairie remonte à 1989. Nous nous efforçons depuis de nous inscrire dans le tissu social de la ville. Les résultats sportifs ne sont pas notre objectif premier. Le soutien que nous attendons et recevons de la ville de Nanterre n'est pas seulement un soutien financier ou en infrastructures. Il est essentiel pour nous que la ville adhère à notre projet, qui doit en retour répondre à ses propres objectifs.

Le rôle des collectivités territoriales est essentiel pour le club. Notre ambition aujourd'hui n'est pas de faire mieux sportivement mais de continuer à exister, de pérenniser le projet et la collectivité a un rôle majeur à jouer.

La majorité politique du conseil général des Hauts-de-Seine est à droite et celle du conseil régional d'Île-de-France est à gauche. Nous percevons du département une subvention qui a augmenté ces dernières années et s'élève aujourd'hui à 94 000 euros. Cependant, dans le même temps, le Racing Metro 92 reçoit plus d'un million d'euros du conseil général. Quant au conseil régional, il ne met à notre disposition que 15 000 euros et ne nous sollicite que pour obtenir des places VIP ( Very important person ).

Les relations avec les collectivités d'échelon supérieur à la commune sont donc un peu difficiles. Pourtant notre apport pour le rayonnement du département et de la région est extraordinaire et mériterait d'être mieux soutenu.

M. Gérard Perreau-Bezouille . - Sur la question des équipements, la pratique est que leur financement revienne aux collectivités et que leur animation soit à la charge des clubs et des associations. Nous avons augmenté la capacité du palais des sports de 1 100 à 1 550 places l'année dernière. Nous avons par ailleurs lancé un appel d'offre afin d'atteindre les 3 000 places. L'agrandissement des infrastructures fait partie des engagements municipaux pour le prochain mandat. Nous mettons l'accent sur la polyvalence des lieux. Il est essentiel que puissent s'y tenir d'autres types de rencontres sportives ainsi que des spectacles.

Nous avons 8 000 adhérents à l'association sportive municipale et la commune souhaite cultiver une pratique omnisport sans se limiter au basketball.

M. Jean Donnadieu . - L'objectif du maintien en Pro A nous semble raisonnable et suffisant. La montée en Euroligue cette année a bousculé pas mal de choses, nous n'avions pas anticipé ces résultats. Notre budget est aujourd'hui de 4 millions d'euros quand celui d'un club comme le Paris Saint-Germain s'élève à 430 millions d'euros. Le projet perdurera si nous gardons les pieds sur terre. Il n'y a pas de recette dans le sport, seuls les hommes sont importants.

Gérard Perreau-Bezouille . - Nous allons investir pour l'agrandissement des infrastructures, sans pour autant céder à la folie des grandeurs. Nous cherchons des moyens de sécuriser les résultats de la JSF au plus haut niveau.

Il est important de souligner que l'apport municipal n'est pas seulement financier. Nous mettons des bénévoles à disposition pour la mise en place des infrastructures le jour des événements et jouons un rôle important d'intermédiaire entre les entreprises privées et les clubs sportifs.

COMPTE RENDU DES ENTRETIENS EFFECTUÉS
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ VÉGA

Réunion avec MM. Pascal Simonin, directeur de VEGA, Franck Boucher, conseiller du Racing Metro 92 et ancien président du même club, et Cyrille Déchenoix, conseiller général 92 en charge des sports.

L'Aréna 92, futur stade du Racing Metro qui sera implanté à Nanterre, est un projet privé à 100 %. Le choix du financement privé offre l'avantage de la rapidité mais ferme un grand nombre de soutiens politiques. Un partenariat public-privé a été un temps envisagé mais il nous est apparu finalement trop complexe. Ce mode de fonctionnement nivelle les compétences, ce qui n'est pas souhaitable.

Notre objectif est de créer un équipement aussi polyvalent que possible. Le rugby ne représentera que 12 matchs par an, soit un peu moins de 2 % du temps. Nous voulons construire une salle de spectacles dans laquelle on jouera au rugby. Il n'est plus possible aujourd'hui de construire un stade de cette taille uniquement pour le rugby. Il faut créer de la valeur et profiter de la proximité avec le quartier de la Défense. Cet emplacement est idéal car déjà très bien desservi. Les alentours de l'enceinte étant déjà aménagés pour amener des foules importantes, le financement a été plus facile à envisager.

Nous profitons aussi de la proximité de la Défense et du terrain de trois hectares pour installer 30 000 m 2 de bureaux sur le site du stade. La moitié de ces bureaux ont été vendus au conseil général des Hauts-de-Seine. La vente de l'ensemble des bureaux nous rapporte 167 millions d'euros alors que le projet global en coûte 358 millions.

La moitié des 191 millions d'euros restants seront financés en fonds propres et le reste sera emprunté. Une fois le stade construit, il générera trois sources principales de revenu, les revenus liés au nomage, le loyer de la société d'exploitation et les commerces qui s'installeront sur le site du stade.

Un revenu annuel de 10,5 millions d'euros par an est garanti au Racing Metro 92. Ce résultat peut augmenter en fonction des résultats.

Le choix de la polyvalence pose certaines difficultés, notamment par rapport au planning : alors que la date d'un concert est déterminée plus de 18 mois à l'avance, celle d'une rencontre sportive n'est connue que dans les trois semaines qui précèdent. Il faut donc que le passage de la disposition sport à la disposition spectacle puisse se faire très rapidement et l'aréna sera aménagée afin que ce changement s'effectue en moins de 24 heures.

Nous ne dépendons de personne et notre relation avec la ville de Nanterre n'a été effective que lors du processus d'élaboration du projet. La ville a intérêt à ce que notre projet aboutisse, car elle touchera la taxe sur les spectacles et l'aréna entraînera des créations de richesses directes ou indirectes conséquentes. Une convention existe avec la municipalité, offrant des avantages de part et d'autre. Cette relation avec la collectivité n'est pas capitalistique, c'est une relation de partenariat.

Le principal problème que nous avons rencontré a été d'ordre administratif. Les recours ont été très nombreux, parfois abusifs, et nous avons perdu beaucoup de temps à attendre les décisions de justice sur ces recours. Contrairement à ce qu'aurait pu faire une collectivité, nous ne pouvions engager le chantier sans avoir résolu ces questions.

Le schéma que nous avons mis en place est un schéma unique. Il ne pourrait être mis en place ailleurs. C'est le résultat d'une conjonction de circonstances favorables. L'équilibre que nous sommes parvenus à mettre en place pour l'Aréna 92 n'est pas reproductible.

COMPTE RENDU DES ENTRETIENS EFFECTUÉS
AU PARC DES PRINCES

Réunion avec MM. Jean-Claude Blanc, directeur général délégué du Paris Saint-Germain (PSG) et Philippe Boindrieux, directeur administratif et financier du Paris Saint-Germain (PSG)

Philippe Boindrieux, directeur administratif et financier du Paris Saint-Germain (PSG) . - Le chiffre d'affaires du Paris Saint-Germain a connu une extraordinaire croissance. L'arrivée d'investisseurs qataris en 2011 l'a fait passer d'environ 90 millions d'euros en 2009-2010 à plus de 400 millions d'euros aujourd'hui.

Le PSG entretient des relations avec trois principales collectivités territoriales. Il y a tout d'abord la ville de Paris, ensuite la ville de Saint-Germain-en-Laye, du fait de la localisation du centre d'entraînement, et enfin le conseil général des Yvelines.

Au sein même du PSG, il existe trois entités qui entretiennent des relations avec les collectivités. La société anonyme sportive professionnelle (SASP) du PSG, la fondation PSG et le centre de formation d'apprentis sur les métiers du sport.

Les relations avec la ville de Paris ont beaucoup évolué au cours de ces dernières années. Le club bénéficiait auparavant d'une subvention de 2,5 millions d'euros par an. Celle-ci a peu à peu baissé pour finalement disparaître.

Dans le même temps, la contribution du PSG est restée importante, avec la taxe sur les spectacles qui s'élève à 6 millions d'euros par an ainsi que la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises qui s'élève à 5,5 millions d'euros. Il y a une bonne entente avec la ville et une certaine proximité. Si le PSG ne dépend pas financièrement de la ville de Paris, il ne pourrait être ce qu'il est sans Paris.

La ville de Paris verse une subvention de 150 000 euros à la fondation PSG. La ville de Saint-Germain-en-Laye loue des terrains au PSG et finance les travaux du centre de formation à hauteur de 50 %. S'agissant du Parc des Princes, la ville de Paris a signé une délégation de service public (DSP) avec la Société d'Exploitation Sports et Événements du club (SESE). Le PSG paie actuellement une redevance annuelle à la ville de 500 000 euros. Cette DSP prend fin en juin 2014.

Dans la première version du projet de rénovation du stade, avant 2011, un bail emphytéotique administratif était envisagé. Un appel d'offre a été lancé auquel trois entités ont répondu. Ce chantier paraissait à l'époque difficilement finançable et le programme de rénovation s'est progressivement vidé de son attractivité. C'est à ce moment-là que Qatar Sports Investments (QSI) est intervenu. Le projet de rénovation a alors été relancé, l'idée du bail emphytéotique a été abandonnée et une convention d'occupation domaniale (CODP) a été envisagée. L'intégralité des travaux de rénovation seront financés par le PSG. La SESE reste le cocontractant. Cette rénovation doit se faire dans un délai court avec en ligne de mire l'Euro 2016.

Une CODP de 30 ans a donc été signée avec une redevance fixe d'un million d'euros par an. Une redevance variable de 3,5 millions d'euros s'y ajoute si le club fait le choix du nomage (donner au stade le nom d'une marque). Il n'a jamais vraiment été question de devenir propriétaire du Parc des Princes, la ville n'ayant jamais souhaité le céder.

Jean-Claude Blanc, directeur général délégué du Paris Saint-Germain (PSG) . - À chaque club son modèle. Il n'existe pas de modèle unique de pleine propriété qui soit idéal. Aujourd'hui de plus en plus de clubs sont propriétaires car on assiste à un désengagement des collectivités territoriales sur la question des infrastructures. Lorsque l'on construit son stade, il existe un risque et lié notamment au contrat pour la construction ainsi qu'au délai de réalisation. En effet, détourner le regard du sportif pour un investissement de cette importance n'est pas habituel pour un club et cela représente un vrai risque.

L'utilisation du Stade de France a été envisagée mais elle semble impossible. D'une part, ce ne sont pas les racines du club, qui est ancré dans la partie ouest de Paris, et les supporters sont attachés à ces racines. D'autre part, le Stade de France n'est pas à proprement parler un stade de football. La proximité avec les joueurs est insuffisante du fait de la présence d'une piste d'athlétisme et il est difficile d'y créer une ambiance. Faire évoluer le Stade de France afin qu'il réponde mieux à nos attentes aurait coûté très cher.

Notre projet est plutôt de transformer le Parc des Princes en stade à l'anglaise, consacré uniquement au football et avec un public proche des joueurs. Cela dit, si nous souhaitons nous concentrer sur le football, et s'il y a en région parisienne un déficit de grandes salles couvertes, nous avons bien conscience du rôle moteur que pourrait jouer notre club dans d'autres disciplines.

S'agissant de l'aléa sportif, la responsabilité revient d'abord aux acteurs du sport. Il est évidemment nécessaire de choisir où l'on veut être en étant conscient de ses propres capacités. Il faut pouvoir se doter en effectifs et financièrement en conséquence. L'idée d'une ligue fermée avancée par certains ne pourra pas se concrétiser en Europe. Il y a une tradition de la promotion-relégation qui fait partie de la culture sportive. Cependant, d'une ligue à l'autre, le fossé économique est très important. La ligue pratique donc une aide à la descente et une aide à la montée qui me semblent nécessaires pour accompagner les clubs dans ces évolutions positives ou négatives.

La taxe dite « à 75 % » sera très lourde, voire injuste, pour le PSG, qui paiera plus de la moitié des contributions totales. Cependant, les propriétaires sont respectueux de la fiscalité française et ils donneront au club les moyens de payer cette taxe. Mais ce n'est pas un bon signal à l'heure où beaucoup de clubs cherchent des investisseurs et notamment étrangers.

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