C. LA DIFFICILE QUESTION DE LA REPRÉSENTATION DES SUPPORTEURS

1. Un dialogue renoué avec les supporteurs

L'amélioration de l'image du football dépend également beaucoup de l'ambiance dans les stades. À ce sujet, si des progrès importants ont été constatés - dont témoigne le retour pour l'instant réussi des Ultras dans les tribunes du Parc des Princes -, des comportements inadmissibles subsistent - comme les pressions exercées à l'occasion du mercato d'hiver par les supporteurs de l'ASSE contre l'arrivée d'Anthony Mounier au motif qu'il avait joué dans le passé à l'OL - qui compliquent l'intégration des supporteurs dans la gouvernance du football.

La lutte contre le hooliganisme a longtemps constitué la priorité de la politique menée par le ministère de l'intérieur et la ligue à l'endroit des supporteurs. L'instauration de l'état d'urgence depuis les attentats du 13 novembre 2015 et la mobilisation tous azimuts des forces de sécurité ont également eu pour conséquence de renforcer les interdictions de déplacements des supporteurs « à l'extérieur ».

Le prisme sécuritaire ne saurait toutefois résumer à lui seul la question des supporteurs. Selon les représentants de l'Association nationale des supporteurs (ANS) auditionnés par la mission d'information, des échanges existent aujourd'hui avec la ligue et la fédération et des réflexions sont conduites afin de repenser le rôle et la place des supporteurs dans le football.

Les supporteurs ne demandent pas à intervenir sur le modèle économique du football et des clubs professionnels. Ils souhaitent, par contre, pouvoir être consultés sur les sujets qui les concernent comme l'organisation des stades et les achats de maillots. Pour cela, au-delà du dialogue engagé avec la ligue, les représentants de l'ANS demandent à ce que les supporteurs soient intégrés aux instances de gouvernance de la fédération et de la ligue.

2. Le préalable de la structuration des mouvements de supporteurs

Cette demande des supporteurs est aujourd'hui connue des différents responsables du football qui sont tous confrontés à la question de leur représentation. Bernard Caïazzo rappelle, par exemple, que le dialogue avec les supporteurs fonctionne bien au niveau des clubs mais que l'instance nationale du supportérisme créée par la loi n° 2016-564 du 10 mai 2016 mettait du temps à devenir opérationnelle car les associations ne se déclaraient pas pour obtenir la représentativité prévue par la loi.. Nathalie Boy de la Tour, la présidente de la LFP, s'interroge également sur les moyens d'assurer la représentation des supporteurs au sein de la ligue compte tenu du grand nombre de clubs de supporteurs au sein de chaque club professionnel.

Dans ces conditions, la première réunion de l'instance nationale du supportérisme qui s'est tenue le mercredi 8 mars constitue une étape importante qui donne une perspective à des évolutions ultérieures. Cette réunion a permis de faire le point sur l'élaboration du « code du supporteur » et sur les difficultés rencontrées par certaines associations pour obtenir leur agrément. Les conditions de désignation et de formation du « référent supporteur » devront pour leur part être clarifiées d'ici l'automne. L'instance devra également travailler sur les conditions des supporteurs dans les stades, en particulier lors des déplacements, un sujet aujourd'hui complexe compte tenu des interdictions souvent décidées par les autorités. Une seconde réunion de l'instance devrait avoir lieu le 20 juin prochain.

La FFF souhaite, pour sa part, structurer les supporteurs de l'Équipe de France au sein d'un « club des supporteurs » qui a joué un rôle utile pour accompagner l'engouement autour de l'Équipe de France lors de l'Euro 2016. Le président de la FFF, Noël Le Graët a indiqué lors de son audition qu'il souhaitait la création d'une « fédération des supporteurs » qui pourrait avoir des représentants au sein de la Haute autorité du football. Il a aussi indiqué qu'il fallait inciter les clubs à ouvrir leur capital à leurs supporteurs .

La mission d'information estime que le dialogue engagé entre les associations de supporteurs et la fédération et la ligue doit être poursuivi afin de rechercher une structuration de ces mouvements, qui pourront progressivement asseoir leur légitimité et prétendre dès lors intégrer les instances de gouvernance . Cette perspective est aujourd'hui acceptée par les différents responsables comme l'aboutissement d'une démarche responsable qui doit s'appuyer sur un travail au niveau des clubs.

Proposition n° 6 : poursuivre l'effort de structuration des supporteurs au niveau des clubs et au niveau national en favorisant l'émergence d'une fédération des supporteurs qui aurait vocation à intégrer les instances de gouvernance de la FFF et de la LFP.

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