B. ... LAISSE CRAINDRE UN AFFAIBLISSEMENT DURABLE DE LA CAPACITÉ DE PRODUCTION DES ÉCONOMIES EUROPÉENNES

La nature exogène du choc à l'origine de la crise et l'ampleur du soutien monétaire et budgétaire pouvaient initialement laisser espérer un rattrapage rapide de l'économie en limitant les faillites, l'affaiblissement de l'investissement et la montée du chômage. Toutefois, l'ampleur et la durée du choc sur l'activité font craindre un affaiblissement durable du tissu productif.

En dépit de la révision du scénario de croissance, l'hypothèse concernant l'effet durable du choc sanitaire sur notre capacité de production n'est pas modifiée par le Gouvernement.

La crise se traduirait par une perte définitive de PIB potentiel de 2,25 points qui ne serait jamais rattrapée mais la croissance potentielle, qui correspond au rythme d'évolution du PIB potentiel, resterait inchangée par rapport au niveau d'avant-crise (1,35 %). Concrètement, cela signifie que le PIB français serait inférieur d'environ 65 milliards d'euros en 2027 au niveau qu'il aurait atteint en l'absence de crise.

Comme le souligne le HCFP dans son avis précité, si l'hypothèse de perte de production retenue conserve un caractère central au regard des prévisions disponibles, celle de l'absence de baisse de la croissance potentielle apparaît en revanche de plus en plus optimiste .

À titre d'illustration, si l'on compare les prévisions de croissance d'avant-crise du Consensus forecast pour la France à celles d'avril 2021, la perte de production en 2027 (2,7 %) est proche de l'hypothèse gouvernementale (2,25 %) mais la croissance se trouve amputée de 0,2 point à long terme pour atteindre 1,1 % , contre 1,35 % dans le programme de stabilité.

Si ce différentiel aurait donc peu d'impact à l'horizon du prochain quinquennat, il serait beaucoup plus préoccupant à long terme.

Évolution des prévisions de croissance du Consensus forecast
pour la France

(PIB en volume, base 100, 2019=100)

Source : commission des finances du Sénat (d'après le Consensus forecast )

Au-delà du cas français, c'est aujourd'hui l'ensemble de l'économie européenne qui se trouve en danger . À titre de comparaison, alors que l'Allemagne et les États-Unis ont connu un choc sur le PIB de même ampleur en 2020, le FMI anticipe que seuls les États-Unis ne subiraient aucune perte durable de production, du fait de la montée en charge rapide de la vaccination mais aussi de l'ampleur inédite du soutien budgétaire, dont l'impact sur l'inflation reste néanmoins source d'inquiétudes 4 ( * ) .

Gain ou perte de PIB par rapport au scénario d'avant-crise du FMI

(écart au scénario d'avant-crise, en % du PIB)

Source : commission des finances du Sénat (d'après les prévisions d'octobre 2019 et d'avril 2021 du FMI)


* 4 Voir par exemple : Olivier Blanchard, « In defense of concerns over the $1.9 trillion relief plan », Peterson Institute for International Economics, 18 février 2021.

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