C. LA SIGNIFICATION DE LA DIMINUTION DE DURÉE DU TRAVAIL TEND À SE BROUILLER

Historiquement, le concept de durée du travail est lié au développement du salariat traditionnel, c'est-à-dire du passage d'un travail orienté à la tâche vers un travail mesuré par le temps et organisé selon des horaires collectifs.

Ce concept est désormais brouillé par l'interpénétration croissante entre travail et non-travail, c'est-à-dire l'atténuation de la frontière entre travail et non-travail à l'échelle de la semaine, de l'année, comme de la vie, en raison du développement de la formation professionnelle (incluse dans le temps de travail effectif), comme des efforts d'autoformation des salariés (qui n'y sont pas inclus), des stages, des astreintes (télétravail, travail sur appel, travail fractionné), des formules de temps partagé (préretraite progressive, temps partiel), etc.

Par ailleurs, les mesures actuelles de la durée du travail ne peuvent rendre compte de l'importance du travail dans la vie des actifs. La durée effective du travail ne prend ainsi pas en compte le travail domestique, ni les temps d'occupation induits par le travail : temps passé dans l'entreprise et non inclus dans le temps de travail effectif, comme les pauses, l'habillage, etc., temps de transports 42( * ) .

Enfin, les statistiques synthétiques de la durée du travail ne rendent pas compte de l'évolution de l' intensité du travail , ni de celle des effets de l' organisation du travail, alors que les enquêtes de l'INSEE et de la DARES, suggèrent " la perception par les salariés d'une intensification du travail depuis le milieu des années 1980 et plus généralement d'un accroissement des contraintes de temps qui pèseraient sur eux, à travers des délais à la fois précis et serrés " 43( * ) . De même, les statistiques relatives à l'étendue de la journée de travail, qui mesure le temps passé entre le début et la fin de la journée de travail, (pauses et temps du déjeuner inclus), et est un indicateur du temps contraint par le travail, suggèrent que la part des salariés ayant de longues journées augmente, surtout parmi les cadres : pour 18 % d'entre eux l'étendue de la durée du travail excédait 11 heures en 1991.

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