2. Un mode de financement bien rodé difficile à remplacer

On peut donc d'autant moins considérer le mode de financement par la redevance comme obsolète qu'il n'est pas d'alternative simple à un système bien rodé.

Ainsi, les propositions de la commission média du parti socialiste, séduisantes dans leur principe, se heurtent à une série de difficultés techniques.

Le principe de la réforme proposée serait de relier le paiement de la redevance à l'impôt sur le revenu suivant les modalités suivantes :

• envoi d'un courrier spécifique redevance en même temps que l'avis d'imposition d'impôt sur le revenu,

• collecte en même temps que l'impôt sur le revenu, sanction renforcée en cas de déclaration mensongère,

• inversion de la charge de la preuve : tout foyer aura à payer une Redevance sauf s'il justifie relever de l'un des cas d'exonération prévus ou s'il ne détient pas de poste,

• suppression du tarif "Noir et Blanc".

Cette proposition, dont le gain attendu serait de 1 milliard de francs par an, présente un certains nombre de défauts :

• techniques : suppression des comptes multiples (bars, hôtels...) représentant une perte de ressources de 400 millions de francs, suppression des déclarations des radioélectriciens (perte de la seule source d'information permettant d'opérer des recoupements), donc problème de la preuve de la non-détention d'un récepteur, concentration des encaissements sur le dernier quadrimestre alors que le financement de l'Audiovisuel Public est actuellement assuré tout au long de l'année suivant une périodicité bihebdomadaire, condition, enfin, de reconversion des personnels (350 agents à Rennes, 230 à Toulouse, 175 à Lyon, 140 à Lille, 100 à Strasbourg).

• et de principes liés aux conditions d'exonération très différentes entre l'impôt sur le revenu et la redevance : 15,5 millions de redevables sont assujettis à l'impôt sur le revenu ; or, il y a plus de 20 millions de comptes à la redevance.
3. Une réforme nécessaire : exclure l'audiovisuel extérieur du bénéfice de la redevance

Selon le principe de territorialité des prélèvements publics, la redevance est acquittée par les ménages résidant en France. Les programmes en langues française et étrangères de RFI sont destinés à des auditeurs, étrangers ou français, qui, eux, n'acquittent pas la redevance. N'est-ce-pas une anomalie à laquelle il devrait être mis fin ?

RFI est une radio de souveraineté prioritairement tournée vers l'Afrique francophone. Comme telle, elle devrait être financée sur crédits budgétaires.

La Deutsche Welle (voix de l'Allemagne vers l'étranger), est entièrement financée sur crédits budgétaires (du ministère fédéral de l'Intérieur).

Le financement des opérateurs audiovisuels extérieurs devrait donc être entièrement assuré sur crédits budgétaires, à l'exclusion de toute attribution de redevance audiovisuelle, dont ce n'est pas l'objet.

La redevance audiovisuelle constitue la ressource naturelle du secteur public audiovisuel à diffusion nationale.

Ce n'est pas parce que la loi de 1986 sur la communication a prévu que RFI puisse être affectataire de redevance que son financement public doive nécessairement être assuré par la redevance.

En définitive, clarifier le mode de financement de l'audiovisuel extérieur, c'est renforcer la légitimité de la redevance audiovisuelle, mettre en rapport les missions et les sources de financement, mais aussi mieux structurer l'audiovisuel public dans son ensemble, tout en retenant les objectifs financiers parfaitement et clairement définis, puis les rapports rédigés au cours des dernières années et concernant l'audiovisuel extérieur.