2. Un manque de coordination

a) les difficultés rencontrées

Cette dilution des responsabilités au sein du principal ministère intéressé par le suivi du processus européen de coopération policière est à l'origine de multiples difficultés, soulignées par la quasi totalité des personnes entendues par votre rapporteur :

- elle constitue un obstacle à l'adoption rapide d'une position du ministère de l'intérieur . Il est même arrivé que les représentants de ce dernier se présentent au SGCI sans avoir arrêté de position ;

- elle est un frein à un réelle prise de décision politique sur laquelle les négociateurs peuvent s'appuyer et faute de laquelle ils ne peuvent que se cantonner dans des positions techniques. Elle peut en effet conduire à l'adoption d'une position de compromis, donc fragilisée, entre des services aux stratégies parallèles et parfois concurrentes ;

- elle complique quelque peu la tâche des représentants français à Bruxelles qui, faute d'interlocuteur bien identifié au ministère de l'intérieur, envoient en pratique leurs informations à tous les services intéressés de près ou de loin par une négociation. La même information risque ainsi soit d'être traitée par plusieurs services (d'où une inutile dépense d'énergie et de temps pour certains d'entre eux), soit inversement de n'être traitée par aucun service, chacun pensant qu'elle le sera par l'un des nombreux destinataires.

C'est pour remédier à ces inconvénients que, dès 1996, M. le président Paul Masson avait préconisé la création d'une " direction des affaires européennes au ministère de l'intérieur ". La récente mise en place d'une délégation aux affaires internationales constitue une première réponse, encore incomplète, à cette proposition.

b) La création récente de la délégation aux affaires internationales

Pour pallier l'insuffisante coordination interne au ministère de l'intérieur dans le domaine international et le manque d'expression politique en résultant, le ministre de l'intérieur a récemment créé une délégation aux affaires internationales (DAI) au sein du ministère.

Le ministre a nommé M. Thierry Le Roy, conseiller d'Etat, dans les fonctions de délégué aux affaires internationales à compter du 15 décembre 1997. Une lettre de mission en date du 12 décembre 1997 détermine les objectifs et les moyens de la délégation (voir en annexe 7).

La délégation, directement rattachée au ministre, est une structure légère comprenant cinq chargés de mission. Quatre d'entre eux ont d'ores et déjà été recrutés par prélèvement sur les effectifs du ministère de l'intérieur : trois commissaires, dont deux provenant de la direction centrale de la police judiciaire et un de la direction des renseignements généraux, un administrateur civil provenant de la direction des libertés publiques et un sous-préfet provenant de la direction générale des collectivités locales. Un cinquième chargé de mission sera vraisemblablement recruté à l'extérieur. Le délégué est lui-même rattaché au cabinet du ministre, aucun poste budgétaire n'ayant encore été créé.

La délégation a vocation à travailler par évocation des affaires justifiant une intervention, soit pour coordination, soit pour validation de la position du ministère. Elle mène également une réflexion prospective, ce que les services ne sont pas toujours en mesure de faire par manque de recul. Elle n'a donc pas vocation à substituer son action à celle des services qui gardent leurs prérogatives en matière de relations internationales. La délégation a notamment accompli un travail important concernant l'élargissement de l'Union européenne.

Plusieurs personnes ont indiqué à votre rapporteur avoir constaté depuis la création de la délégation une nette amélioration dans l'approche des questions européennes par le ministère de l'intérieur, ce dernier apparaissant mieux à même de déterminer sa ligne de conduite.

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