C. ASSURANCE ET SOLIDARITÉ

C'est la politique de tarification qui détermine le caractère plus ou moins solidaire de la gestion pour les assurés, d'un point de vue intergénérationnel notamment. C'est autour de ces différences tarifaires que s'exprime le débat entre assurances commerciales, assurances mutuelles et mutuelles de la mutualité, la tarification d'assurance pure tendant à être proportionnelle au risque et " désolidarisante ", la tarification mutualiste tendant à être plus " solidarisante " et à moins segmenter les populations assurées.

Cependant les assurances mutuelles, comme d'ailleurs les mutuelles du code de la mutualité, ont appris à pratiquer des tarifs plus " assuranciels " pour garder leurs adhérents.

Cette analyse " classique " s'applique moins bien aux risques d'entreprise, notamment en dommages ou d'autres considérations sont prises en compte en particulier pour les " grands risques ".

L'Etat a toutefois organisé une autre forme de solidarité pour le risque de catastrophes naturelles, par la loi du 13 juillet 1982, en posant le principe d'un droit à indemnisation des dommages qui ont pour cause déterminante l'intensité anormale d'un agent naturel. Jusque là, les victimes ne pouvaient bénéficier que d'aides publiques sans commune mesure avec les dommages subis. Le nouveau dispositif " Cat Nat " repose fondamentalement sur l'habilitation qui a été donnée, en 1982, à la Caisse centrale de réassurance de réassurer avec la garantie de l'Etat les risques de catastrophes naturelles couverts par les assureurs de dommages aux biens sans limitation de somme et donc, sans possibilité de trouver une réassurance privée 15( * ) . Ce régime soulève la question de savoir si l'assurance privée pourrait gérer mieux ce risque, en différenciant les primes correspondantes et en développant ainsi l'incitation à une meilleure prévention du risque 16( * ) Il est en un sens paradoxal que les métiers de l'assureur et du réassureur, qui sont celui de la couverture du risque d'amplitude, plutôt que du risque de fréquence, ne puissent pas s'exercer face au risque de catastrophe naturelle.