2. L'assurance santé en France : assurance-maladie obligatoire pour tous, pluralité des régimes publics et concurrence dans l'assurance complémentaire santé 155( * )

Le quasi monopole de la Caisse nationale d'assurance-maladie instituée en France en 1945 pour les salariés du commerce et de l'industrie s'est substitué à un régime obligatoire partiel d'assurance privée et s'est amalgamé au régime de protection sociale privée antérieure assuré par les sociétés de secours mutuelles. Il s'agit d'un quasi-monopole puisque cohabitent avec la CNAM un certain nombre de régimes autonomes d'assurance-maladie pour les salariés d'un certain nombre d'entreprises du secteur public non concurrentiel (EDF, GDF, SNCF, Poste, Banque de France ...). L'institution en 1961, puis en 1969, de régimes autonomes de protection sociale obligatoire en faveur des travailleurs non salariés (régime AMEXA et TNS) a également eu pour effet de cantonner l'intervention des assureurs privés dans le domaine de l'assurance des frais de soins à un rôle d'assureur complémentaire.

Un dispositif monopolistique public d'assurance santé a comme avantage de coût l'absence de coûts d'acquisition, et pour les bénéficiaires les plus exposés, l'absence de sélection du risque et même de toute tarification sélective de type bonus-malus.

Le financement de l'assurance-maladie légale est assuré pour l'essentiel par un système de contribution proportionnelle aux revenus des assurés (cotisations sur les revenus professionnels, cotisations sociale généralisée sur tous les revenus).

Les opérations d'assurance-maladie privée ne peuvent être pratiquées que par les sociétés d'assurance accidents (non-vie) ayant obtenu un agrément spécifique et, par dérogation à ce principe, par les sociétés d'assurance-vie, en accessoire à des contrats vie, pour les risques d'invalidité " toutes causes " et de décès par accident.

150 sociétés d'assurance, membres de la FFSA, pratiquent des opérations d'assurance contre la maladie sous forme de contrats individuels ou de contrats collectifs, sans qu'aucune ne cantonne exclusivement son activité dans cette branche.

L'intervention du secteur privé dans le domaine de la santé est donc limitée aujourd'hui à l'assurance complémentaire, à l'exception de la couverture au premier franc des risques d'incapacité et d'invalidité non couverts par les régimes légaux des non salariés et de l'assurance-maladie de catégories très limitées de la population non assujettie à un régime obligatoire (travailleurs frontaliers, français de l'étranger principalement).

Les garanties offertes par le secteur privé sont, globalement ou séparément :

- des prestations en nature (garantie de remboursement des frais de soin ou " ticket modérateur ") ;

- des prestations en espèces (garantie des risques " incapacité " et " invalidité " et allocation forfaitaire en cas d'hospitalisation, limitée à 365 jours le plus souvent ou à 2 ans) ;

L'assurance privée est financée en assurance individuelle par des primes variables en cas de contrat suivant l'âge de l'assuré, plus rarement par des primes constantes en fonction de l'âge de l'assuré à la souscription. Dans ce dernier cas, il appartient à l'assureur de constituer des provisions à risques croissants.

En assurance de groupe (2/3 des contrats), les primes assurent la couverture des risques par période successive d'un an. Les primes sont fixées le plus souvent en pourcentage du salaire et partagées entre l'employeur et le salarié dans des proportions de l'ordre de 60/40 ou 50/50. Elles ne dépendent ni de l'âge de l'assuré, ni de sa situation de famille, le risque étant totalement mutualisé.

Le financement de la consommation médicale, qui a quelque peu évolué de 1980 à 1985 est assuré en 1995 de la manière suivante :

- 73,9 % par les régimes obligatoires de Sécurité sociale (contre 74,5 % en 1980) ;

- 6,8 % par les mutuelles complémentaires (code de la mutualité et assimilées) contre 5 % en 1980 ;

- 3,1 % par les assureurs privés (dans lesquels sont incluses les institutions de prévoyance entrées dans le champ de l'assurance privée du fait de la transposition des troisièmes directives) contre 1,4 % en 1980 ;

- 0,8 % par l'Etat et les collectivités locales, contre 2,9 % en 1980 ;

- 14 à 15 % restant à la charge des ménages de manière stable.

Le principal problème posé, dans le contexte des deux types d'assurance-maladie publique et privée, est celui de l'adaptation permanente des primes à l'évolution du coût des risques.