4. La marche vers la globalisation

La supériorité des anglo-saxons est évidente : aux avantages techniques - expertise, publicité et relations publiques - liés à l'esprit d'entreprise, à ceux résultant d'une implantation intercontinentale, s'ajoute désormais la force du capitalisme : capacité à mobiliser des capitaux, à procéder sans états d'âme aux restructurations nécessaires.

Pour autant , l'accès, pour les commissaires-priseurs, au statut commercial prévu par le projet de loi portant réglementation des ventes volontaires de meubles aux enchères publiques est une condition nécessaire mais pas suffisante de leur compétitivité . Celle-ci repose non seulement sur des capitaux et un environnement juridique et fiscal national adapté mais aussi sur la mise en place de réseaux internationaux, auxquels tient l'efficacité des maisons de vente anglo-saxonnes.

Le processus d'intégration auquel on assiste, n'est pas propre au marché de l'art mais il s'appuie peut-être de façon plus étroite sur celui résultant au niveau des supports et des vecteurs sur des nouvelles technologies de l'information et, au niveau des contenus, sur la tendance à une mondialisation de la culture : concurrence entre les grands musées, dont les réaménagements sont autant d'événements médiatiques à l'échelle mondiale, grandes expositions, dont la plupart désormais circulent ; répercussion instantanée des résultats des ventes qui sont rapportées dans les journaux voire à la télévision.

Face à un espace culturel mondial de plus en plus intégré, les deux majors anglo-saxonnes développent des stratégies de diversification dans les moyens d'atteindre leur public : poussée vers l'art contemporain, tant au niveau des ventes aux enchères que des ventes privées ; développement d'Internet qui, sous couvert de modernité et d'instantanéité, aboutit à renforcer les liens avec les marchands.

Reste le défi de la demande que l'élévation du niveau d'information des acheteurs - collectionneurs, la multiplication des banques de données informatiques qui vont permettre de suivre à la trace le mouvement des oeuvres, va sans doute modifier dans le sens d'une exigence accrue.

a) La position dominante des maisons de vente confortée par la maîtrise des réseaux

Comme pour beaucoup d'empires, ceux des grandes maisons de vente aux enchères anglo-saxonnes reposent en grande partie sur leur capacité à maîtriser des réseaux de communication et à organiser à leur profit des relations de dépendance avec les autres puissances qu'elles sont parvenues à dominer.

En l'occurrence, leur position dominante tient à la qualité et surtout au caractère mondial de trois types de réseaux :

• un réseau de correspondants appartenant à tous les milieux, mais spécialement bien implanté dans ce qu'il est convenu d'appeler la bonne société, qui tels des détecteurs ont pour tâche de signaler aux propriétaires, désireux de vendre la capacité de l'entreprise qu'ils représentent à tirer un bon prix de leurs biens ;

• un vivier de collectionneurs ou tout simplement d'acheteurs, approché ou entretenu grâce à des opérations de relations publiques, qui sont, soit déjà des clients, soit des enchérisseurs connus, on peut le rappeler, du fait qu'il n'est pas possible dans le système anglo-saxon de placer une enchère sans s'être fait préalablement identifier ;

• un réseau de spécialistes , notamment en art ancien, conservateurs, professeurs d'université, chercheurs, avec lesquels leurs spécialistes entretiennent de bonnes relations, et qui acceptent de donner ou de confirmer des attributions.

C'est l'étendue de ces fichiers, qui permettent à ces maisons d'attirer les vendeurs en leur promettant la clientèle la plus large et surtout la plus adaptée au bien vendu.

La tendance à l'homogénéisation des échelles de valeur à travers le monde, n'est pas incompatible avec la persistance de différences nationales. La connaissance des marchés nationaux, des goûts propres à chaque pays, fait précisément partie des services offerts par ces multinationales de la vente publique . Celles-ci savent - sans qu'il faille attribuer à cette connaissance une rigueur absolue - s'il vaut mieux mettre l'objet en vente à Paris, à Londres ou à New-York, voire ailleurs.

De ce point de vue, on assiste à un processus d'intégration du marché de l'art à l'échelle mondiale autour des deux grandes maisons de vente, sous l'effet de stratégies délibérées, largement indépendantes de considérations nationales. La spécialisation entre les différentes places et la localisation des pôles principaux des différentes spécialités seront dictées par des considérations de profit.

L'autre manifestation de la puissance des maisons de vente est d'avoir non seulement su renverser le rapport de force avec le commerce mais encore d'avoir réussi à se constituer une " clientèle " de marchands.

Les grandes maisons de vente anglo-saxonnes ont toujours attaché une importance particulière à la clientèle des marchands, qui bénéficient ouvertement de commissions réduites à la vente 40( * ) . Elles entretiennent, de notoriété publique, des relations étroites avec certains marchands français, qui y portent une part importante de leurs acquisitions.

Le fait nouveau est que semble-t-il ces relations couvrent des domaines variés et se caractérisent par une dépendance réciproque, certes mais fortement asymétrique à l'échelle du marché dans son ensemble.

Bien qu'elle préserve la liberté du marchand, puisque ceux-ci peuvent toujours aller voir un concurrent, cette dépendance réciproque n'en traduit pas moins une certaine subordination des marchands qui pourraient bien constituer de simples auxiliaires des grandes maisons de vente.

" Dans ce petit milieu, chacun a besoin de l'autre et cela se passe très bien ainsi " dit le directeur du directeur général de Christie's à Paris.

Les marchands jouent alors un rôle de régulation du marché que ne peuvent pas assumer Sotheby's et Christie's, du moins pour tout ce qui n'est pas le haut de gamme, qui à travers les ventes privées, intéresse, pour des raisons de rentabilité mais aussi de service après-vente, les grandes maisons de vente anglo-saxonnes.

b) Les nouvelles frontières du marché : Internet et les " ventes privées "

La concurrence que se livrent les deux grandes maisons de vente aux enchères, les conduisent à explorer de nouveaux domaines pour élargir leur clientèle.

(1) L'OPA de Sotheby's sur Internet

Très logiquement pour des firmes organisées en réseaux à l'échelle mondiale, les deux grandes maisons de vente vont se lancer sur Internet, profitant de l'engouement pour cette nouvelle forme de vente.

La vogue des enchères est déjà bien établie aux États-Unis où on recense près de 150 sites en ligne.

L'entreprise leader sur ce marché émergent, eBay a vu sa valeur en bourse grimper de 800 millions de dollars à 25 milliards en quelques mois. Le site, qui peut faire état de 23 millions de ventes aux enchères en ligne sur les trois premiers mois de l'année, vient d'acquérir la troisième maison de vente américaine Butterfield and Butterfield, opérant essentiellement sur la côte Ouest.

Sotheby's a déjà dévoilé au début de l'année 1999, son plan de campagne. La firme, qui a recruté un ancien président de Sony Worldwide Networks pour gérer sa nouvelle division, a prévu d'y consacrer 25 millions de dollars ainsi que de recruter une soixantaine de personnes pour la faire fonctionner.

La première vente devrait intervenir en juillet 1999 et concernerait des souvenirs relatifs au base-ball qui seraient vendus à la fois en salle et sur le réseau.

Ce qui devrait caractériser le site Sothebys.com, c'est qu'à côté de ventes classiques il permettra à des professionnels de proposer leur marchandise. Il s'agit d'un réel partenariat avec les marchands affirment les responsables de Sotheby's ", qui, au moins pour la période de démarrage, leur proposent des conditions particulièrement attractives: une commission de 10 % à la charge de l'acheteur, sans frais pour le marchand qui bénéficie d'autres avantages annexes 41( * ) .

Le marché visé par Sotheby's concerne des objets dont le prix est compris entre 2000 et 60 000 francs. L'idée est de diminuer les coûts pour les lots de valeur unitaire modeste - 80 % des lots vendus chez Sotheby's ne dépassent pas 30 000 francs - en profitant des avantages d'Internet : qualité croissante des images - encore insuffisante pour la peinture ancienne..- possibilité de notices importantes sans contrainte de place, contrairement aux catalogues " papier ".

Sotheby's , qui compte sur sa notoriété pour attirer les clients, intervient comme intermédiaire :

• d'une part, la firme s'assure des paiements et vérifie que les acheteurs sont en mesure de payer ce qu'ils doivent ;

• d'autre part, elle garantit l'authenticité des oeuvres ....dans les mêmes conditions que dans ses salles des ventes, même si, semble-t-il, elle laisse la responsabilité de la description de l'objet au vendeur.

Bien qu'il ait été annoncé que les investissement pourraient, au début, peser sur les résultats de l'entreprise, le projet, a été bien très bien accueilli par le Bourse américaine, où le cours a augmenté de 25 %.

A la mi - février 1999, un mois après le lancement de l'opération, Sotheby's pouvait faire état, après un forcing consistant à imposer un délai de 8 jours pour l'acceptation de leur offre, de l 'accord de 1500 marchands - chiffre porté à 2000 depuis lors - pour participer à l'opération et donner l'exclusivité de leur mises en vente sur Internet à Sotheby's.

En tous cas, l'effet médiatique est réussi, car cette opération a beaucoup plus fait parler d'elle que les projets de Bonhams ou Phillips, qui annoncent leur intention de tenir des ventes régulières sur Internet et d'accepter les enchères par le net et pas seulement par téléphone

Quant à Christie's, il part de façon beaucoup plus prudente en annonçant en mars 1999, qu'il commencerait en septembre à vendre des oeuvres de moindre valeur, photos, gravures ou livres, tout en critiquant les options les plus risquées de son concurrent comme le fait de faire rédiger les notices par le vendeur ou celui de communiquer le nom des enchérisseurs.

On note qu'en Europe, Bernard Arnault, le patron du groupe de luxe LVMH vient de racheter 20% du site de vente aux enchères sur Internet.Collector.

Il est hasardeux, pour les oeuvres d'art comme pour d'autres biens, d'évaluer les perspectives de développement du commerce sur Internet. Effet de mode ou réel besoin ? Il est difficile de trancher. Le développement dépendra de la capacité des opérateurs à assurer la sécurité des transactions, c'est-à-dire à la fois, la conformité et l'authenticité de objets, d'une part, et le paiement, d'autre part.

Pour le très haut de gamme, il apparaît douteux que cela puisse compter, en revanche, il semble que dans le milieu de gamme, Internet puisse jouer un rôle - les enchères s'apparentent en fait à des petites annonces -, surtout si les maisons de vente anglo-saxonnes mettent leur nom dans la balance et profitent de leur image de marque mondiale..

(2) L'offensive en matière de ventes privées

L'autre frontière à conquérir pour les grandes maisons de vente est constituée par les ventes privées .

On peut avoir l'impression qu'elles développent un type d'opération aux antipodes de leur vocation, qui est théoriquement de procéder à des ventes publiques.

En fait, comme on l'a vu, cette évolution se situe dans la droite ligne de la stratégie de Peter Wilson, qui consiste à rendre service aux clients. Or, ceux-ci peuvent avoir un besoin urgent d'argent ou ne pas vouloir ébruiter, pour des raisons personnelles, la cession.

En juin 1996, Sotheby's a annoncé officiellement qu'elle rachetait la galerie Emmerich de New York, qui allait devenir la tête de pont des ventes privées pour l'art du XX ème siècle. A sa tête, la société américaine plaça un ex-responsable de l'art pour la City Bank et producteur de l'oeuvre de l'artiste américain Jeff Koons. Le succès est d'ailleurs très relatif. De nombreux artistes de la galerie Emmerich, mécontents de se voir repris par une maison de ventes, sont partis, tandis que les expositions organisées dans la galerie n'attirent guère les foules.

Depuis mars 1999, Christie's a ouvert un département ventes privées dites "pour l'art du XX ème siècle ", au niveau mondial. Auparavant, Christie's organisait déjà des " private sales ", mais elles se faisaient toujours par des canaux divers.

Cette offensive inquiète les galeries, qui soulignent systématiquement que le coeur de leur métier n'est pas tant de vendre l'art contemporain comme un produit comme les autres que de soutenir des artistes.

De Paris à New York, tous les spécialistes en charge des ventes publiques agissent de façon informelle pour organiser les " private sales ". La chose est d'autant plus naturelle que ces firmes ont les meilleurs fichiers de clients dans le domaine de l'art. Elles connaissent non seulement le nom des acheteurs mais également celui des sous-enchérisseurs.

L'activité de " private sales " semble pour Christie's aussi intense en Europe qu'aux États-Unis. A titre d'exemple en France, c'est Christie's qui est intervenu comme intermédiaire pour l'achat par l'association des Amis du Louvre du " Portrait de Juliette de Villeneuve " peint en 1824 par David.

c) Les inconnues fonctionnelles : transparence croissante et rotation accélérée des oeuvres

Le marché de l'art est une terre de contrastes. Alors que l'on n'a pas dissimulé l'importance des transactions officieuses et le halo de mystère qui entoure parfois l'origine des oeuvres et la personnalité des propriétaires, anciens ou nouveaux, on est amené à souligner les incertitudes que font peser sur son développement la transparence, encore très imparfaite certes, mais croissante des transactions " publiques ".

(1) Vers un régime transparence imparfaite

Certes, les deux maisons de vente anglo-saxonnes cessèrent au début des années 1970 de publier les listes de prix assortis du nom des acheteurs -, ce qui était une pratique peu discrète.

Mais, elles furent amenées pour des raisons commerciales ou de probité professionnelle, dont elles mirent parfois du temps à admettre la nécessité, à prendre toute une série de décisions, ou généraliser des pratiques favorables à la transparence du marché et à la sincérité des transactions :

publication des estimations dans les catalogues : traditionnellement, il incombait à la personne intéressée par l'objet de demander à l'expert des estimations ; le rôle de l'expert était alors d'engager ladite personne sur le terrain de la conversation pour essayer de voir si elle constituait un client potentiel sérieux ; cette publication ne plut pas toujours aux marchands qui perdaient d'une certaine façon leurs privilèges d'initiés mais aboutit à donner confiance aux néophytes et à élargir ainsi le marché ;

Publication des listes de prix faisant apparaître - par différence, les numéros des lots n'ayant pas trouvé preneur étant simplement omis de la liste - les " invendus " : au début, du temps notamment de Peter Wilson, lorsqu'il était encore d'usage de publier le nom des acheteurs, il n'était pas rare de voir utiliser des noms fictifs par la maison de vente en cas de retrait ; progressivement, les maisons de vente prirent l'habitude de publier pour certaines ventes des synthèses faisant apparaître le pourcentage d'invendus en nombre de lots et en valeur ;

Publication dans le catalogue de l'historique connu des oeuvres , et de plus en plus souvent, des passages en vente publique, même récents, avec, parfois, mention du prix ou de la non-vente 42( * ) ; les maisons de vente commencent à réaliser qu'avec la multiplication des annuaires de vente désormais en versions cédéroms ou sous forme de banques de données en ligne, il est relativement facile pour des personnes intéressées de vérifier par elles-mêmes ces éléments d'information

Toutes ces pratiques, que l'ont trouve en usage chez certains commissaires-priseurs, constituent des progrès considérables dans le sens de la transparence du marché de nature à renforcer la confiance de la clientèle

Mais on n'a pas encore perçu toutes leurs conséquences sur le fonctionnement du marché de l'art dans son ensemble et pas seulement des ventes publiques.

D'abord, et c'est un des facteurs de leurs difficultés à faire face à la concurrence des maisons de vente, la transparence ne fait pas l'affaire du négoce.

John Walsh, le directeur du Musée Getty, indiquait dans l'ouvrage précité page que :" Au bon vieux temps, il n'y a pas si longtemps, quand les marchands achetaient l'essentiel de leur stock directement auprès des propriétaires privés, ils avaient de grandes facilités : personne ne savait combien ils avaient payé et donc ne connaissait l'importance de leur marge ; on ne savait pas qu'ils détenaient telle ou telle oeuvre, de telle sorte qu'ils pouvaient les proposer à ses clients, les uns après les autres ; ensuite, après un certain temps, ils pouvaient racheter les oeuvres à leurs clients pour les revendre à d'autres, parfois en faisant des profits plusieurs fois sur la même oeuvre, gérant ainsi dans une confidentialité tranquille un ensemble d'oeuvres détenues par des générations successives de collectionneurs confiants. Aujourd'hui, les marchands sont de plus en plus obligés d'acheter en vente. Le prix qu'ils ont payé est de notoriété publique, ce qui limite leur marge ".

Ensuite, cette évolution ne se contente pas d'entraver le développement des marchands ; elle pourrait poser à terme un problème en ce qu'elle risque de retirer un peu de magie et de mystère à un marché qui à certains égards s'en nourrit.

Ainsi, le marché va-t-il avoir de plus en plus de mémoire ....Or l'oubli est nécessaire. L'amateur a besoin de rêves et donc d'oubli pour mieux se griser de redécouvertes. Bref, on va pouvoir savoir qui a acheté quoi, quand et surtout combien 43( * ) .

Parmi les composantes du prix d'une oeuvre ou d'un objet, il n'y a pas que la qualité intrinsèque. Il faut aussi tenir compte d'éléments de nature commerciale, comme l'origine ou la personnalité du propriétaire, ce qui, lorsqu'il s'agit d'un collectionneur notoire, peut être un facteur d'élévation du prix.

(2) L'accélération de la vitesse de circulation des oeuvres et le problème de la " fraîcheur "

De même, la " fraîcheur ", c'est-à-dire le fait de ne pas avoir été vu depuis longtemps ajoute un " plus ", qui pourrait devenir une qualité plus rare. Les oeuvres seront pour ainsi dire suivies à la trace, fichées, comme si le " casier commercial " des oeuvres était désormais ouvert à tous.

Il sera de plus en plus difficile de repasser une oeuvre en vente en passant sous silence qu'elle est restée invendue. Tôt ou tard, même les néophytes prendront conscience des limites des ventes publiques et du temps nécessaire pour effacer la marque infamante sur l'objet retiré faute d'enchères.

Le nouvel amateur, souvent très au fait du fonctionnement des marchés - percevra plus nettement le risque qu'il prend en mettant un objet en vente avec un prix de réserve élevé et donc la liquidité incertaine de l'actif oeuvre d'art .

Sur le plan du fonctionnement du marché de l'art dans son ensemble, cela conduit d'abord à souligner l'importance du secteur marchand du point de vue des grandes maisons de vente elles-mêmes.

C'est sur eux que comptent ces dernières pour assurer la liquidité du marché en jouant le rôle de contrepartiste et en recyclant une partie au moins des oeuvres ne trouvant pas preneur.

Ensuite, on peut se demander si cette transparence n'aura pas pour conséquence de freiner la spéculation à court terme en dissuadant d'investir tous ceux qui ne sont pas prêts à conserver les oeuvres pendant quelques années, juste le temps nécessaire pour les oeuvres de se refaire une " fraîcheur ".

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