C. CONTRACTUALISER LES SERVICES PUBLICS ?

Prisonniers de leur logique financière, les contrats de plan ne portent aucunement sur les services publics en région. Lors de son audition du 19 janvier 2000 par la délégation du Sénat à l'aménagement et au développement durable du territoire, M. Michel DELEBARRE, Président de la Région Nord-Pas-de-Calais estimait ainsi " nous contractualisons énormément sur l'infrastructure et très peu sur ce qui représente une partie de la substance du service public d'Etat, à savoir la présence ou non de fonctionnaires sur les territoires ".

Pourtant, l'implantation des administrations et des services publics sur tout le territoire figurait parmi les cinq types d'actions retenus par le CIAT de Mende du 12 juillet 1993 comme devant concourir à la relance, à la rénovation et à l'accompagnement de la politique d'aménagement du territoire, dont les contrats de plan Etat-Régions étaient concomitamment définis comme l'instrument privilégié.

D'ailleurs, les besoins en emplois publics sont parfois étroitement corrélés à la mise en oeuvre de projets contractualisés, par exemple en matière d'enseignement.

Surtout, les effets induits sur le développement des territoires par le niveau et la localisation des services publics sont d'un ordre de grandeur bien supérieur à celui des dépenses contractualisées. On peut ainsi rappeler que les rémunérations des salariés du secteur public représentent cinquante fois les engagements de l'Etat dans les contrats de plan.

De manière plus prosaïque, à quoi bon pour les Régions et les Départements améliorer le matériel pédagogique des établissements scolaires si les enseignants y font défaut ? A quoi bon conduire des politiques de long terme ambitieuses en faveur des quartiers défavorisés si les emplois des services déconcentrés de l'Etat y sont pour un quart non pourvus et pour le reste occupés par des fonctionnaires inexpérimentés, qui partiront dès qu'ils auront accumulé l'ancienneté nécessaire ?

Par ailleurs, il serait légitime que les citoyens et les collectivités locales concourent à la détermination du niveau et de la répartition des services publics territorialisés.

Enfin, les expériences récentes de la Police, de la Gendarmerie, des services fiscaux ou des succursales de la Banque de France montrent que les tentatives de redéploiement des services publics se heurtent à de fortes résistances des agents et des collectivités concernés lorsqu'ils n'ont pas été précédés d'une concertation suffisante.

Les contrats de plan apparaissent ainsi comme un instrument disponible pour élaborer, négocier et mettre en oeuvre progressivement les redéploiements nécessaires, de manière concertée, globale, cohérente, graduelle et prévisible, ce qui réduirait les incertitudes, donc les résistances, des personnels et des Communes concernées.

De même, les contrats de plan pourraient comporter des engagements en matière de modernisation des services publics.

Ces novations auraient également pour avantage que les citoyens se sentiraient davantage concernés par la contractualisation.

Ces novations pourraient également contribuer à la déconcentration de la gestion des personnels de l'Etat, et elles pourraient renforcer les capacités de coordination des préfets de région, des préfets de département et des sous-préfets.

Il serait ainsi opportun que les Régions qui le souhaitent puissent étendre le champ de la contractualisation, sinon à l'ensemble des services publics, du moins, à titre expérimental, à certains d'entre eux.

Les collectivités locales craignent cependant que cette extension du champ de la contractualisation aux services publics ne se traduise par des transferts de charges supplémentaires.

Sans doute cette idée n'est elle donc viable que si la négociation des contrats de plan est plus équilibrée, c'est-à-dire si l'Etat ne se sert pas de menaces de redéploiement de ses services pour demander davantage aux collectivités locales.

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