2. La multiplication des financements croisés pourrait inciter à la hausse des dépenses publiques

• En second lieu, la multiplication des financements croisés pourrait inciter les partenaires du contrat de plan à augmenter leur participation à certaines actions pour " bénéficier d'un effet d'entraînement " ou pour " faire jouer l'effet de levier ", c'est à dire pour obtenir des cofinancements supplémentaires.

En effet, comme l'indique le Commissariat général du Plan, " la procédure des contrats de plan Etat-Région reste fondée sur une logique de moyens budgétaires...[elle permet à] chaque partenaire de mesurer le niveau de mobilisation financière que sa propre contribution suscite, c'est à dire l'effet de levier qu'elle favorise ".

Par exemple, selon le ministère de l'Emploi et de la Solidarité, " dans les domaines où les compétences sont proches ou partagées (secteur médico-social par exemple), il est certain que les Régions (et, avec elles, les Départements) portent davantage de projets dans la mesure où elles bénéficient d'un cofinancement de l'Etat . "

De même, le ministère du Tourisme indique que " la contractualisation dans le domaine du tourisme a un effet direct sur le niveau d'intervention des collectivités locales dans le domaine du tourisme. Les collectivités interviennent peu de façon spontanée en matière d'aides immatérielles en dehors des dépenses de promotion touristique. De même, elles tendent à négliger les micro-projets, se concentrant plus sur les grands investissements d'infrastructures. Par ailleurs, l'expérience montre que dans la période du troisième contrat de plan, la seule Région n'ayant pas contractualisé dans ce domaine n'y a pas consacré des moyens comparables aux autres Régions. "

Or la notion d'effet de levier est parfois mal comprise .

Le Commissariat général du Plan rappelle ainsi que " l'effet de levier prend sa pleine et juste dimension lorsque les engagements de dépenses publiques permettent de mobiliser des moyens financiers privés . Cette situation se rencontre dans le cadre d'opérations ou de programmes faisant intervenir des partenaires privés du secteur entrepreunerial, des organisations socio-professionnelles ou du secteur associatif privé ".

En revanche, si les contrats de plan ne permettent pas de mobiliser un surcroît de financements privés, cet " d'effet de levier est virtuel et n'est source d'aucun effet d'entraînement " : il n'a alors aucun autre sens que celui de " répartition de la prise en charge de la dépense entre partenaires publics ".

Cela signifie que si tous les partenaires du contrat de plan recherchent simultanément à attirer des cofinancements publics, ou bien les dépenses publiques totales sont accrues, ou bien ces dépenses sont globalement stables, et seule change la répartition de ces dépenses entre les partenaires.

En d'autres termes, sauf à supposer que la procédure de contrat de plan s'accompagne effectivement d'une sélectivité accrue des politiques publiques, les assertions de certains ministères et de certaines Régions selon lesquelles les contrats de plan " accélèrent certains projets, en concentrant les financements " ou " confortent les moyens alloués à leur secteur ministériel " suggèrent que les moyens publics mobilisés sont in fine plus élevés : il n'est pas possible d'accélérer l'ensemble des projets contractualisés sans dépenser plus dans un laps de temps donné, ou sans réduire les moyens alloués aux autres politiques publiques.

La recherche systématique d'un effet de levier ou d'un effet d'entraînement pourrait donc ne pas être neutre au niveau macro-économique.

Une Région indique ainsi : " il peut arriver que la procédure des contrats de plan entraîne une augmentation des dépenses publiques des deux partenaires, chacun se retrouvant sur des champs de compétence qui ne lui sont pas naturellement attribués ".

Par surcroît, la procédure des financements croisés pourrait renchérir le coût de mise en oeuvre des politiques contractualisées, notamment en favorisant la prolifération de comités de suivi pléthoriques, qui consomment beaucoup de ressources humaines.

Au total, selon une autre Région, " les procédures contractuelles, du fait de leur nature même et de la confusion des responsabilités qu'elles pérennisent, sont[donc] facteur d'augmentation des dépenses publiques ".

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