État civil :
Né le 27 juin 1809
Décédé le 28 janvier 1896
Profession :
Maréchal de France

Elu le 17 août 1855
Fin de mandat le 4 septembre 1870

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)
1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

avant 1889

CANROBERT (FRANÇOIS CERTAIN), sénateur du Second Empire, et membre du Sénat actuel, né à Saint-Céré (Lot), le 27 juin 18091, d'une famille bretonne et d'un père qui servit à l'armée de Condé, entra en 1825 à l'École de Saint-Cyr, en sortit (1828) comme sous-lieutenant au 47e de ligne, et obtint un brillant avancement. Lieutenant en 1832, il passa en Algérie, assista à plusieurs combats, fut blessé à Constantine, promu capitaine (1837), reçut la décoration de la Légion d'honneur, revint en France en 1839, et fut chargé d'organiser un bataillon de la légion étrangère. Quelque temps après il retourna en Algérie, se distingua dans maintes expéditions dont on lui confia le commandement, au col de Mouzaïa, à l'affaire de Sidi-Kalifa, etc. ; il était alors chef d'un bataillon de chasseurs à pied. Huit mois de luttes sans trêve lui ayant valu le grade de colonel (1847), il dirigea l'expédition contre Ahmed-Sghir, battit les Kabyles, délivra Bou-Sada dont la garnison était bloquée, monta avec les zouaves à l'assaut de Zaatcha, et gagna la croix de commandeur de la Légion d'honneur (1849). L'année suivante, le président L.-N. Bonaparte le rappela auprès de lui, se l'attacha comme aide de camp, après l'avoir nommé général de brigade (13 janvier 1850), et lui donna un commandement à Paris. En cette dernière qualité, M. Canrobert fut un des agents du coup d'État de 1851, mais ce ne fut pas, semble-t-il, sans avoir sérieusement hésité sur le parti à suivre. Victor Hugo a raconté ses perplexités au 2 Décembre : « On avait, écrit-il, des nouvelles de Canrobert. Le 2 au soir, il était allé voir madame Leflô, cette noble femme indignée. Le lendemain 3, il devait y avoir un bal chez Saint-Arnaud, au ministère de la Guerre. Le général Leflô et madame Leflô étaient invités et devaient s'y rencontrer avec le général Canrobert. Mais ce n'est point de cette danse que lui parla Mme Leflô.

- « Général, lui dit-elle, tous vos camarades sont arrêtés, et c'est à cela que vous allez donner la main?

- Ce que je vais donner, dit Canrobert, c'est ma démission. Et il ajouta : - Vous pouvez le dire à Leflô. Il était pâle, et se promenait de long en large, très agité.

- Votre démission, général?

- Oui, madame.

- Est-ce sûr?

- Oui, madame, si pourtant il n'y a pas d'émeute...

- Général Canrobert, voilà un si qui me dit ce que vous allez faire. »

Et pourtant Canrobert n'était certes point décidé encore. Le fond de Canrobert était l'incertitude. Pélissier, l'homme hargneux et bourru, disait : Fiez-vous donc aux noms des gens ! Je m'appelle Aimable, Randon s'appelle César, et Canrobert s'appelle Certain !... » Il se décida pourtant. La brigade de Canrobert, ainsi que les brigades de Cotte, Bourgon, Dulac, Reybell, s'établit entre la rue de la Paix et le faubourg Poissonnière, et opéra sur les boulevards. Il accepta aussi la mission de parcourir les départements avec des pouvoirs extraordinaires, et d'étudier la situation politique. Le 14 janvier 1853, il fut promu général de division. Investi du commandement de la 1re division de l'armée d'Orient à la guerre de Crimée, ce fut lui qui, au passage de l'Alma, soutint le premier choc des Russes : ses soldats avaient été effroyablement décimés par le choléra. Un éclat d'obus le blessa au bras, tandis qu'il attendait l'arrivée du général Forey (24 septembre). Le maréchal Saint-Arnaud, qui mourut deux jours après, lui remit le commandement en chef. Canrobert se dirigea aussitôt sur Sébastopol, et commença les opérations du siège. Il fut blessé à la bataille d'Inkermann (5 novembre), livra les combats de Balaklava et d'Eupatoria, et tint tête aux continuelles sorties de l'ennemi. Des dissentiments avec lord Raglan, général en chef des troupes anglaises, l'ayant déterminé à résigner le commandement en chef, il le remit (16 mai 1855) entre les mains du général Pélissier, et ne garda pour lui que la direction du 1er corps. Bientôt, d'ailleurs, il quitta la Crimée, et, de retour en France, fut élevé au grade de maréchal de France, en même temps qu'à la dignité de sénateur (18 mars 1856). Lors de la guerre d'Italie (1859), le maréchal Canrobert eut le commandement du 3e corps mais son rôle dans cette campagne fut moins important. Il siégea au Sénat impérial d'une façon intermittente et opina presque toujours avec la majorité, sauf, cependant, le 6 mars 1861, date à laquelle il se prononça contre l'amendement favorable au maintien de la puissance temporelle du pape. Il reçut, en 1862, le commandement du camp de Chalons, puis celui du 4e corps d'armée à Lyon, en remplacement du maréchal de Castellane. En 1865, il succéda au maréchal Magnan comme commandant du 1er corps d'armée (Paris). Il occupait ce poste au moment de l'enterrement de Victor Noir, et les préparatifs de résistance combinés par lui en vue d'une insurrection possible lui valurent alors, dans la population parisienne, le surnom significatif de maréchal Rrran! Lors de la déclaration de guerre à la Prusse (juillet 1870), le gouvernement le mit à la tête des troupes et des bataillons de garde mobile réunis au camp de Chalons ; mais il garda peu de temps cette situation et, nommé chef du 6e corps, se rangea, après Forbach, sous les ordres de Bazaine, assista aux combats livrés sous Metz, aux batailles de Saint-Privat et de Gravelotte, et par suite de la capitulation, fut emmené prisonnier en Allemagne. Thiers l'accueillit favorablement à son retour, le nomma membre du conseil supérieur de la guerre, et lui permit d'assister (janvier 1873) aux funérailles de Napoléon III; mais le maréchal Canrobert, déçu, a-t-on dit, dans son espoir d'être appelé au commandement de l'armée de Paris, se retira avec éclat du conseil supérieur (juin 1873). Plusieurs propositions, qu'il avait cru devoir décliner, lui avaient déjà été faites par le parti bonapartiste en vue d'une candidature législative dans le Lot; il accepta, le 30 janvier 1876, d'être dans ce département le candidat des conservateurs aux élections pour le Sénat. M. Canrobert, que la presse de droite s'était plu à représenter comme l'ami du maréchal de Mac-Mahon et le vrai représentant de sa politique, fut élu au second tour de scrutin, le 1er sur 2, par 312 voix sur 386 votants, contre 178 à M. Roques, républicain. Il prit place à droite, dans le groupe de l'Appel au peuple, et se mêla assez fréquemment aux discussions militaires, notamment à celles sur le service des aumôniers et sur la loi d'organisation de l'armée (novembre 1876). Il vota, en juin 1877, la dissolution de la Chambre, et soutint le gouvernement du 16 Mai. Après l'échec électoral éprouvé le 14 octobre 1877 par le ministère Broglie-Fourtou, le bruit courut un moment que le maréchal de Mac-Mahon songeait à offrir à M. Canrobert la présidence d'un cabinet; mais les événements prirent une autre tournure. A peine remis d'une longue maladie, M. Canrobert fut officiellement chargé, en 1878, de représenter le gouvernement aux obsèques de Victor-Emmanuel. Le premier renouvellement partiel du Sénat, le 5 janvier 1879, fut défavorable à la candidature de Canrobert, qui échoua dans le Lot avec 140 voix contre 230 accordées à l'élu républicain, M. Delord; mais l'élection complémentaire (9 novembre 1877), qui suivit dans la Charente le décès de M. Hennessy, renvoya le maréchal à la Chambre haute. Il reprit sa place à la droite impérialiste, et vota constamment avec les conservateurs, ne prenant d'ailleurs que très rarement la parole, et toujours sur des questions techniques intéressant l'armée. Il se prononça : contre les projets de loi sur L'enseignement, contre l'article 7, contre les divers ministères de gauche, contre la réforme judiciaire, contre l'expulsion des princes, contre le divorce, etc., et, réélu, le 6 janvier 1885, sénateur de la Charente, par 492 voix sur 891 votants contre 364 à M. Duclaud, républicain, il se montra en toute circonstance le défenseur de l'ancienne organisation militaire. Il combattit dans le détail et repoussa dans son ensemble (1888) la nouvelle loi sur l'armée. Pendant la dernière session, il s'est abstenu sur le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889), sur le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse (18 février), et sur la procédure à suivre devant le Sénat dans le procès intenté au général Boulanger (29 mars).

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1 Archives du Sénat : décédé le 28 janvier 1895 à Paris.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

1889-1940

CANROBERT (MARÉCHAL FRANÇOIS, ANTOINE, CERTAIN), né le 27 juin 1809 à Saint-Céré (Lot), mort le 28 juin 1809 à Paris.

Sénateur du Lot de 1876 à 1879 et de la Charente de 1879 à 1894.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1., p. 572.

En 1889 il intervint, comme opposant, dans la discussion du projet de loi sur le recrutement de l'armée. En 1890 il participa à la discussion du budget de l'exercice 1891. En raison de son âge et de son état de santé, il se tint éloigné des débats à partir de cette époque.

Il ne se représenta pas au renouvellement du 7 janvier 1894.

En 1893, alors qu'il avait 84 ans, il tint à se rendre aux obsèques du Maréchal de Mac-Mahon, et à cette occasion l'amiral russe Avellane vint le saluer au nom de l'Empereur de Russie. Ce fut le dernier acte de sa vie publique. Il devait mourir à Paris le 28 janvier 1896, à 87 ans.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de François CANROBERT

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