État civil :
Né le 13 mai 1808
Décédé le 17 octobre 1893
Profession :
Maréchal de France
IInd Empire

Ancien sénateur du Second Empire

Elu le 24 juin 1856
Fin de mandat le 4 septembre 1870

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)

avant 1889

MAC-MAHON (MARIE-EDME-PATRICE-MAURICE COMTE DE), DUC DE

MAGENTA, sénateur du Second Empire, président de la République française, né à Sully- sur-Loire (Saône-et-Loire) le 13 mai 18081, et l'un des sept enfants de Maurice-François comte de Mac-Mahon, lieutenant général en 1827, et de Mlle Pélagie-Edmée de Piquet de Caraman, fut d'abord destiné à la carrière ecclésiastique, et entra au petit séminaire d'Autun. Mais il en sortit bientôt pour venir à Versailles dans une institution préparatoire à l'École militaire, et fut reçu, en 1825, à l'École militaire de Saint-Cyr. Sorti avec le n° 4, il devint sous-lieutenant d'état-major, prit part à l'expédition d'Alger (1830) et au siège d'Anvers en qualité d'aide de camp du général Achard, et fut nommé lieutenant la même année. Capitaine on 1833, il retourna en Afrique, où il se signala dans divers engagements, notamment au col de la Mouzaïa, à la bataille de Staouëli et au siège de Constantine: il fut blessé à la poitrine devant cette ville, le 10 novembre 1837. Chef de bataillon au 10e chasseurs (1840), lieutenant- colonel au 2e régiment de la légion étrangère (1842), colonel du 41e de ligne (1845), général de brigade (1848), commandant la subdivision de Tlemcen, commandeur de la Légion d'honneur (1849), il fut promu général de division en 1852, et grand-officier de la Légion d'honneur en 1853. Ce rapide avancement se justifiait par la part très active que M. de Mac- Mahon avait prise à plusieurs campagnes et, en dernier lieu, a l'expédition faite au sud de Biskra. En avril 1855, il fut rappelé en France, placé à la tête d'une division de l'armée du Nord, et de là envoyé en Crimée (août), pour y prendre le commandement de la 1re division du général Bosquet. Posté devant Sébastopol, sur le point le plus culminant du parapet, il dirigea, le 8 septembre 1835, à la tête de ses troupes, l'assaut contre Sébastopol, entra dans Malakoff et fut promu (22 septembre) grand-croix de la Légion d'honneur. Le général de Mac-Mahon fut nommé membre du Sénat (24 juin 1856). Il n'eut pas un rôle parlementaire important, les divers commandements dont il fut investi l'ayant empêché de suivre assidûment les séances; toutefois on remarqua et ou commenta son opposition isolée, dans la Chambre haute, à la loi de sûreté générale, proposée par le général Espinasse, alors ministre de l'Intérieur. En 1857,

M. de Mac-Mahon retourna en Afrique et commanda, sons les ordres du maréchal Randon, la 2e division, dans la grande expédition de Kabylie. Puis il fut, lors de l'organisation nouvelle de l'Algérie, par décret du 31 août 1858, investi du commandement supérieur des forces de terre et de mer de la colonie. Eu 1859, il fut mis à la tête du 2e corps, destiné à prendre part à la guerre d'Italie, et, le 2 juin, il franchit le premier le Tessin, à la hauteur de Turbigo. Le 4 juin, il eut la plus grande part à la victoire de Magenta, et passa pour avoir, ce jour-là, par son sang- froid sauvé une partie de l'armée et Napoléon III menacé d'être fait prisonnier avec toute sa garde. Le 5, M. de Mac-Mahon fut fait maréchal de France et duc de Magenta sur le champ de bataille. Quelques jours après, il se distingua encore à Solferino. En novembre 1861, il représenta l'Empereur à Berlin aux fêtes du couronnement de Guillaume III, roi de Prusse. De retour en France, il reçut le commandement du 3e corps d'armée à Nancy (octobre 1862), et, le 1er septembre 1864, il fut nommé gouverneur général de l'Algérie. Partisan du régime militaire, il fut chargé d'appliquer le nouveau Système, dont les résultats provoquèrent certaines protestations; entre le maréchal de Mac-Mahon et M. Lavigerie, archevêque d'Alger, un conflit s'éleva, qui remit sur le tapis l'institution du régime civil en Algérie. Cette institution ayant repris faveur, même dans le conseil des ministres, à l'avènement au pouvoir de M. Emile Ollivier, M. de Mac-Mahon prononça à ce sujet au Sénat, le 21 janvier 1870, un discours où, répondant à M. Michel Chevalier, il exprima sa confiance dans l'avenir de la colonie, sans penser qu'il fût nécessaire de recourir à de nouvelles mesures. Puis il donna à deux reprises, en mars et en juin, sa démission de gouverneur général, qui fut refusée. Lorsque la guerre eut été déclarée à la Prusse, le maréchal de Mac-Mahon fut appelé à Paris, et désigné pour commander le 1er corps d'armée (juillet 1870). Envoyé en Alsace avec 32,000 hommes, il prit son quartier général à Strasbourg; le 4 août, son avant-garde, commandée parle général Abel Douay, fut battue à Wissembourg, et, deux jours plus tard, écrasé à son tour par le

nombre, le maréchal essuya une sanglante défaite à Reichshoffen. Forcé de battre en retraite, après avoir perdu 4,000 prisonniers, 36 pièces de canon, 2 drapeaux, il revint à Chalons, où une nouvelle armée, forte de 120,000 hommes, lui fut confiée; là, il reçut, le 23 août, du ministre Palikao, l'ordre de se porter au secours de Bazaine. Le maréchal, opposé personnellement, a-t-on dit, à ce plan de campagne, consentit cependant à l'exécuter ; le 23 août, il commença le mouvement fatal qui devait conduire l'armée à Sedan, et marcha sur Reims et Rethel. Le 27 août, il proposa de revenir vers Paris; mais on lui ordonna de poursuivre la marche en avant; le 28, il arriva à Mouzon, et, le 31, il concentra ses troupes sur la rive droite de la Meuse. Le 1er septembre, vers cinq heures du matin, s'engagea une terrible bataille. Deux heures plus tard, le maréchal de Mac-Mahon, grièvement blessé à la cuisse, remettait au général Ducrot le commandement en chef que prit peu après le général de Wimpffen. Prisonnier sur parole, M. de Mac-Mahon fut transporté à Pouven-aux-Bois, sur la frontière belge, puis, sa blessure guérie, se rendit à Wiesbaden, en Allemagne, où il fut interné. Revenu en France (mars 1871), il accepta de Thiers, chef du pouvoir exécutif, le commandement de l'armée de Versailles, chargée de combattre le gouvernement communaliste et de reprendre Paris. Vainqueur, après les sanglantes journées de mai, il rétablit l'état de siège, et resta maître de la ville jusqu'au 1er juillet, époque où le général Ladmirault fut investi des fonctions de gouverneur. I1 rentra alors dans la vie privée, après avoir refusé, à plusieurs reprises, une candidature à l'Assemblée nationale, que lui offrirent, à plusieurs reprises, les conservateurs de la Seine et de la Charente-inférieure; il refusa encore la succession éventuelle de Thiers à la présidence de la République, et, lorsqu'à la suite du vote du 2U janvier 1872, le chef du pouvoir donna sa démission, le maréchal se rendit auprès de lui pour lui demander, au nom de l'armée, de conserver ses fonctions. Mais les événements du 24 mai 1873 vinrent modifier ces sentiments. En attendant que la majorité monarchiste pût s'entendre sur le choix d'un roi, M. de Mac-Mahon fut élu, dans la séance de nuit du 24 mai, président provisoire de la République par 390 voix. Il accepta, après quelque hésitation, les fonctions que M. Buffet vint lui offrir au nom du parlement, et, dans une lettre à l'Assemblée, Il déclara qu'il continuerait avec elle « l'oeuvre de la libération du territoire et du rétablissement de l'ordre moral dans notre pays. » Le lendemain il constitua son ministère, formé des principaux chefs de la coalition des droites : MM. de Broglie, Batbie, Ernoul, Beulé, de la Bouillerie, etc. Le 26 mai, M. de Broglie, chef du nouveau cabinet, vint lire à l'Assemblée un message du nouveau président qui s'y traçait le rôle personnel le plus modeste, se bornant à considérer le poste où il était placé « comme celui d'une sentinelle qui veille, disait-il, au maintien de l'intégrité de votre pouvoir souverain. » Le maréchal se tint à l'écart de tout débat de la Chambre, laissant son ministère organiser, par les moyens qu'il jugea convenables, ce gouvernement « de ordre moral », qui réunit contre lui, à l'Assemblée et dans le pays, toutes les nuances du parti républicain. On trouvera à d'autres articles (Broglie, Buffet, etc. ) le détail des événements qui signalèrent la présidence du Maréchal: parmi les actes qui parurent répondre plus particulièrement a sa pensée intime, rarement exprimée, on a cité : le décret promulguant la reconstruction de la colonne Vendôme (1er juin 1873), la réorganisation du chapitre de Saint-Denis (29 juin), le payement intégral de l'indemnité de guerre (5 septembre), la création de dix-huit corps d'armée régionaux et d'un corps d'armée distinct pour l'Algérie (30 septembre). Le 6 novembre suivant, lors de la rentrée de l'Assemblée, M. de Mac-Mahon lui ayant demandé par un nouveau message de donner au régime actuel plus de stabilité et d'autorité, une proposition tendant à assurer au maréchal un pouvoir de dix années fut immédiatement déposée par le général Changarnier. Tandis qu'elle soulevait de vifs débats au sein de la commission parlementaire, des pourparlers, auxquels le Maréchal semble être resté personnellement étranger, se poursuivaient pour le rétablissement de la « monarchie légitime ». Ces pourparlers ayant échoué, le Maréchal signa un second message, dans lequel il abaissait de dix ans à sept ans la durée des pouvoirs qu'il demandait : la loi du septennat fut

votée le 19 novembre par 378 voix contre 310. Elle prescrivait, en outre, l'élection, dans les trois jours qui suivaient sa promulgation, d'une commission de trente membres chargée de l'examen des lois constitutionnelles. Vers la même époque, M. de Mac-Mahon usa de son droit de grâce pour commuer en vingt ans de réclusion la peine de mort infligée par le conseil de guerre à son ancien compagnon d'armes Bazaine. Évitant de se mêler directement aux luttes parlementaires, M. de Mac-Mahon fit entendre, dans une visite au tribunal de commerce, le 4 février 1874, des paroles qui déplurent très vivement à la droite légitimiste, et dont la conséquence fut la chute du cabinet de Broglie, le 16 mai suivant. Le maréchal appela alors au pouvoir MM. de Cissey et Tailhand, sans s'écarter d'ailleurs de la politique précédemment suivie. A la proposition de M. de La Rochefoucauld-Bisaccia en faveur du rétablissement de la monarchie, il répondit, le 9 juillet, par un message dans lequel il réclamait des « institutions régulières propres à assurer au pays le calme, la sécurité, l'apaisement ». Le 10 juillet 1874, un remaniement ministériel appela M. de Chabaud-Latour à remplacer M. de Fourtou, et M. Mathieu-Bodet à succéder à M. Magne. Pendant les vacances parlementaires, le maréchal parcourut les départements de l'Anjou, de la Bretagne et du Nord, et fit appel, dans maints discours, aux conservateurs de toutes nuances, sans en excepter, semblait-il, les plus modérés des républicains. Désireux de voir voter les lois constitutionnelles par l'Assemblée, il l'invita à discuter du moins la loi sur la création du Sénat, « institution que paraissent réclamer le plus impérieusement les intérêts conservateurs.

» Le 21 janvier 1875, la loi sur les pouvoirs publics vint en délibération; elle fut votée définitivement, comme on sait, le 25 février suivant. Après ce vote, le maréchal confia le soin de former un ministère à M. Buffet, dont l'insuffisante popularité valut à la politique qu'il représentait un quadruple échec électoral, le 20 février 1876; le maréchal se tourna alors vers le centre gauche. M. Dufaure, président du conseil, admit l'élément républicain dans le ministère qu'il dirigea, et dont firent successivement partie M. Ricard, puis M. de Marcère. Cependant la majorité monarchiste du Sénat se montrait systématiquement hostile aux dernières tentatives de conciliation du chef du pouvoir : cette hostilité s'accentua encore, après que M. Jules Simon eut succédé (12 décembre 1876), comme président du conseil, à M. Dufaure. Certains mandements d'évêques ayant donné lieu, le 4 mai 1877, à un ordre du jour

« anti-clérical » de M. Leblond, ordre du jour que votèrent les gauches après une ardente discussion, le maréchal fut nettement invité par les chefs du parti conservateur et catholique à se séparer de M. Jules Simon, dont l'abstention dans certains débats était compromettante. Peu de jours après, le 16 mai, le maréchal adressait au président du conseil une lettre qui contenait ce passage: « L'attitude du chef du cabinet fait demander s'il a conservé sur la Chambre l'influence nécessaire pour faire prévaloir ses vues. Une explication à ce sujet est indispensable, car, si je ne suis pas responsable comme vous envers le parlement, j'ai une responsabilité envers la France, dont, aujourd'hui plus que jamais, je dois me préoccuper. » La démission collective du ministère suivit immédiatement ce document, et MM. de Broglie, de Fourtou, Brunet, Paris, Caillaux et de Meaux furent appelés aussitôt avec MM. le général Berthaut et Decazes, membres du ministère précédent, à constituer un cabinet de lutte contre la majorité républicaine de la Chambre; celle-ci répondit, après une prorogation d'un mois, par le vote célèbre de l'ordre du jour de défiance et de blâme, dit des 363. A l'instigation des hommes politiques de la droite, M. de Mac Mahon obtint du Sénat la dissolution de la Chambre, et alors commença une nouvelle période de crises, où des essais de compression administrative se heurtèrent à la résistance légale du parti républicain tout entier. La personnalité du Maréchal se trouvant découverte en quelque sorte par ses derniers actes, le chef des « 363 », Gambetta, le mit en demeure, dans son discours de Lille, d'avoir à « se démettre ou à se soumettre ». M. de Mac-Mahon s'efforça pourtant d'échapper à ce dilemme. Une nouvelle série de voyages officiels, à Bourges, à Évreux, à Caen, à Cherbourg, à Angoulême, à Poitiers, à Tours, etc., lui fournit plusieurs occasions de protester contre

certaines interprétations données à sa politique ; de vives manifestations en faveur de la République accueillirent chacun de ses discours. Rentré à Paris, il signa le décret de convocation pour les élections générales, se défendit, dans un manifeste au peuple français contresigné par M. de Fourtou, de « vouloir renverser la République », et déclara en même temps que son devoir grandissant «avec le péril », il resterait pour défendre, avec l'appui du Sénat, les intérêts conservateurs. Bien que le gouvernement du Maréchal eût soutenu officiellement, dans chaque circonscription électorale, les candidats de la droite, cette campagne n'eut pas le résultat que les monarchistes en attendaient. Les 363 furent en grande majorité réélus, et l'opposition obtint une majorité de 120 voix. Le cabinet de Broglie-Fourtou n'en resta pas moins à son poste, jusqu'à ce que, l'appui des « constitutionnels» lui faisant défaut, il dut se retirer pour faire place au cabinet extraparlementaire présidé par le général de Rochebouët (23 novembre). L'opinion y vit une menace de coup d'Etat. La Chambre ayant manifesté aussitôt son refus d'entrer en communication avec le nouveau ministère, le maréchal de Mac-Mahon songea à donner sa démission, puis se décida, non sans hésitation, à faire appeler M. Dufaure, et à lui confier, le 13 décembre, la mission de constituer un ministère pris, cette fois, dans les rangs de la majorité. Un message, d'un ton et d'un style bien différents de ceux qui l'avaient immédiatement précédé, fit connaître au pays que le président de la République n'entendait pas « ériger en système de gouvernement l'exercice du droit de dissolution ». A partir de ce moment, le maréchal de Mac-Mahon se renferma dans l'accomplissement discret et silencieux du mandat qu'il tenait de la Constitution. On considéra cependant comme son oeuvre à peu près personnelle le discours qu'il prononça le 1er mai 1878, jour de l'ouverture de l'Exposition universelle; ce discours se terminait par un appel à « l'esprit de concorde au respect absolu des lois, à l'amour ardent et désintéressé de la patrie. » Mais les secrètes préférences du Maréchal n'étaient ni pour la république, ni surtout pour les républicains, Trois semaines après le premier renouvellement partiel du Sénat, renouvellement qui tit passer la majorité à gauche, M. de Mac-Mahon saisit le prétexte d'un dissentiment avec ses ministres, sur le projet de loi concernant les grands commandements militaires, pour donner sa démission (30 janvier 1879). Le jour même, M. Jules Grévy fut proclamé, par le Congrès, président de la République. Le maréchal de Mac-Mahon, rentré dans la vie privée, est resté, depuis cette époque, absolument étranger aux affaires publiques. On a de lui un Rapport sur les opérations de l'armée de Versailles en mai 1871. M. de Mac- Mahon est haut dignitaire des principaux ordres étrangers.

1 Léonce de Brotonne, Les sénateurs du Consulat et de l'Empire. Tableau historique des Pairs de France (1789, 1814-1848). Les sénateurs du Second Empire. Paris, E. Charavay, 1895, p. 296 : décédé le 17 octobre 1893 au château de La Forêt, commune de Montcresson (Loiret).

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Marie-Edmée-Patrice-Maurice MAC-MAHON

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