État civil :
Né le 4 mai 1810
Décédé le 27 septembre 1868
Profession :
Diplomate
IInd Empire

Ancien sénateur du Second Empire

Elu le 26 avril 1855
Fin de mandat le 30 août 1865 (démission)
Réélu le 2 avril 1867
Fin de mandat le 27 septembre 1868

Corps législatif du 19 août 1865 au 15 avril 1867

Ministre des Affaires étrangères du 6 mai 1855 au 3 janvier 1860
Ministre d'État du 23 novembre 1860 au 22 juin 1863

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)

avant 1889

Biographie mise à jour le 20 novembre 2020.

La notice biographique tirée du dictionnaire « Robert et Cougny » figure infra.

ALEXANDRE WALEWSKI

Né le 4 mai 1810 au château de Walewice en Pologne, Alexandre Florian Joseph Colonna Walewski est le fils naturel de Napoléon et de Marie Walewska, reconnu par l'époux légitime de celle-ci, le comte Athanase Walewski. Dès ses deux ans, il est fait comte par un décret impérial du 5 mai 1812, titre assorti d'un revenu annuel de 170 000 francs. Après une enfance passée entre Genève et la Pologne, il fuit celle-ci pour l'Angleterre puis la France dans le but d'échapper à la conscription de l'armée russe. Walewski mène alors une existence mondaine, fréquentant les salons parisiens et londoniens. Poussé par Thiers à servir l'insurrection polonaise qu'il rejoint en 1830, il est ensuite chargé par les chefs polonais, qui l'envoient à Londres, de susciter un soutien diplomatique de la Grande-Bretagne, ce en quoi il échoue (1).

Après cette tentative et l'échec de l'insurrection polonaise, Walewski retourne à Paris où il est naturalisé français. Suivant la volonté de Napoléon qui le destinait à l'armée, il intègre un régiment de chasseurs d'Afrique avec le grade de capitaine. Servant quelques mois en Algérie comme officier d'ordonnance du maréchal Gérard, il négocie notamment le départ d'Abd el-Kader. Au cours des années 1830, Walewski partage son existence entre l'Algérie, où il remplit plusieurs missions militaires et administratives - il est ainsi nommé directeur des affaires arabes à Oran - et une vie mondaine à Paris. Fort apprécié dans les salons, le fils de Napoléon acquiert la réputation de grand amateur de courses de chevaux, de femmes et de jeux d'argent au point que sa rente annuelle ne lui suffise bientôt plus.

Il épouse en décembre 1831 Caroline Montagu, qui mourra deux ans plus tard après lui avoir donné deux enfants décédés jeunes. Quittant définitivement l'armée en 1837, où il a mauvaise réputation du fait de ses absences prolongées, Walewski s'essaye au journalisme - il rachète le Messager des Chambres en 1838 - puis, tout aussi vainement, au théâtre. La diplomatie, à laquelle il a été initié en Algérie, devient dès lors d'autant plus l'objet de son ambition qu'elle peut être le prolongement de ses idées libérales. Il publie ainsi en 1838 L'Alliance anglaise, brochure prônant l'alliance de la France et de la Grande-Bretagne libérales contre les puissances absolutistes (2). Ne délaissant pas les plaisirs de la bonne société parisienne, il entame en outre une liaison passionnée avec la plus célèbre comédienne de son temps, Rachel, qui mettra au monde un fils en 1844, Alexandre.

En 1840, Walewski est envoyé par Thiers en Égypte pour circonscrire les ambitions orientales du vice-roi Méhémet Ali. Remarié, en 1846, avec Marie Anne Catherine di Ricci qui lui donnera trois enfants, il part l'année suivante pour l'Uruguay dans le cadre d'une tentative franco-anglaise de médiation entre les républiques de Montevideo et de Buenos Aires. Nommé ministre plénipotentiaire à Copenhague en 1848, la révolution parisienne l'empêche de rejoindre son poste. L'élection présidentielle qui voit l'accession au pouvoir de son cousin, Louis-Napoléon Bonaparte lui vaut d'être nommé en 1849 ministre de France auprès du grand-duc de Toscane puis, en 1850, à Naples auprès du roi des Deux-Siciles. Sa première réelle mission diplomatique est son ambassade à Londres, qu'il rejoint en le 18 juin 1851, après avoir été pressenti pour Madrid.

Apprécié des milieux londoniens pour ses opinions libérales et ses talents de conciliation, il marque davantage encore les esprits britanniques en se rendant officiellement aux funérailles de Wellington. Le crédit ainsi acquis sur la reine Victoria - celle-ci se rendra en retour, chose inédite, à un bal donné à l'ambassade de France - et sur le Gouvernement lui facilite la tâche lors de l'élaboration de l'alliance franco-britannique. La guerre de Crimée, qui oppose à partir de 1854 ces deux puissances à la Russie, est, d'une certaine manière, la réalisation de ses anciens écrits. L'empereur l'élève, en avril 1855, à la dignité de sénateur. Actif au sein du palais du Luxembourg, dont il ouvre la session de 1863, Walewski vote en faveur des sénatus consulte libéralisant le régime (3).

Le triomphe de la politique de l'alliance anglaise, à laquelle Napoléon III est tout acquis, lui vaut d'être nommé ministre des Affaires étrangères le 8 mai 1855, en remplacement d'Édouard Drouyn de Lhuys. Les circonstances lui sont alors éminemment favorables puisque la guerre tourne à l'avantage des puissances maritimes et que l'Autriche se rapproche d'une intervention contre la Russie. Le diplomate Gustave Rothan écrit à son sujet : « Il joignait - ce qui vaut mieux souvent - à un sens droit, le bonheur. Il fut le ministre heureux du règne (4). » Après la chute de Sébastopol en septembre 1855, c'est à Walewski qu'il revient de recueillir les lauriers de la victoire en faisant office d'hôte lors du Congrès de Paris. Réunis durant deux mois au sein du tout nouvel hôtel du ministère des Affaires étrangères, sis quai d'Orsay, les plénipotentiaires arbitrent le conflit russo-turc tout en s'efforçant de pérenniser le concert des puissances européennes comme exutoire aux futures crises.

Lors d'une des dernières séances du congrès, conformément à la promesse faite par Napoléon III à Cavour, Walewski introduit la question italienne - l'occupation autrichienne du duché de Parme et des Légations pontificales -, au grand dam des Autrichiens. Le fils de Napoléon Ier n'est pourtant pas aussi favorable à l'unité italienne que ne l'est Napoléon III. Dès lors, la diplomatie personnelle de l'empereur contrecarre la politique officielle du ministère. Walewski n'est ainsi pas tenu informé de l'alliance nouée entre la France et l'Italie durant l'entrevue de Plombières, le 21 juillet 1858. Ulcéré sur la forme autant qu'opposé à cette politique, il présente une première fois sa démission que l'empereur refuse. Dans les années qui suivent, la politique italienne de Napoléon III contrecarre la conception diplomatique prudente et traditionnelle de Walewski qui démissionne le 4 janvier 1860, remplacé par Édouard Thouvenel. Nommé au conseil privé, il reçoit en novembre 1862 le portefeuille des Beaux-arts et pose, à cette occasion, le 21 juillet, la première pierre de l'opéra Garnier.

Il quitte son ministère et le Sénat respectivement en 1863 et 1865 (5), pour se faire élire député de l'Aude au Corps législatif où il succède à la présidence au duc de Morny, ce qui fera dire à l'opposition, en référence à la généalogie des deux hommes : « Chassez le naturel, il revient au galop ». Quelque peu dépassé par le tumulte de l'assemblée mais surtout trop conciliant à l'égard de l'opposition, il est très vite en froid avec Eugène Rouher, tout puissant ministre d'État. En avril 1867, celui-ci obtient sa démission du Corps législatif, et Walewski réintègre le Sénat (6).

Membre libre de l'Académie des beaux-arts en 1868, il meurt le 27 septembre 1868 d'une hémorragie cérébrale foudroyante au cours d'un voyage à Strasbourg (7). Alexandre Walewski était Grand-croix de la Légion d'honneur.

Bibliographie

Éric Anceau, Dictionnaire des députés du Second Empire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1999.

Françoise de Bernardy, Walewski, le Fils polonais de Napoléon, Paris, Perrin, 1976.

Yves Bruley, Le Quai d'Orsay impérial, Paris, Pedone, 2015.

Quentin Courcelas, « Alexandre Walewski, un acteur de la diplomatie du Second Empire : l'ambassade de Londres (1851-1855) », Napoleonica. La Revue, vol. 30, no. 3, 2017.

Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891.

Jean Tulard, Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1996.

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(1) Quentin Courcelas, « Alexandre Walewski, un acteur de la diplomatie du Second Empire : l'ambassade de Londres (1851-1855) », Napoleonica. La Revue, vol. 30, no. 3, 2017, pp. 59-108.

(2) Yves Bruley, Le Quai d'Orsay impérial, Paris, Pedone, 2015, p. 156.

(3) Annales du Sénat et du Corps législatif, années 1855 à 1870, Bibliothèque du Sénat.

(4) Gustave Rothan, La Prusse et son roi pendant la Guerre de Crimée, Paris, Calmann-Lévy, 18686, p. 169.

(5) Lettre d'Eugène Rouher à Troplong, grand-référendaire du Sénat, du 31 aout 1865, cote 71S 323, Archives du Sénat.

(6) Les Archives du Sénat ne gardent aucune trace marquante de son activité sénatoriale. Pour plus d'informations sur celle-ci, se référer aux registres des débats parlementaires conservés par la Bibliothèque du Sénat.

(7) Bruno Martin-Gay, « 27 septembre 1868 : la mort de Walewski, l'homme des plus hautes missions diplomatiques, à travers la presse », napoléon.org, 30 juillet 2020.

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Biographie extraite du dictionnaire « Robert et Cougny » :

WALEWSKI (FLORIAN-ALEXANDRE-JOSEPH, COLONNA, COMTE), sénateur, ministre, député de 1865 à 1868, né au château de Walewice, près de Varsovie (Pologne) le 4 mai 1810, mort à Strasbourg (Bas-Rhin) le 27 septembre 1868, fils de Napoléon Ier et de la comtesse Walewska, de noblesse polonaise, fut élevé à Genève, revint en Pologne en 1824, refusa d'entrer dans l'armée russe, et, surveillé de près par la police russe, parvint à s'embarquer pour l'Angleterre. De là il se rendit à Paris d'ou son extradition fut refusée au gouvernement russe par le ministère Villèle. Chargé, en 1830, d'une mission secrète en Pologne par Louis-Philippe, il se battit, en 1831, pour la cause de l'indépendance polonaise, fut délégué à Londres par le gouvernement insurrectionnel pour solliciter l'appui de l'Angleterre, et, après la prise de Varsovie, vint à Paris, se fit naturaliser Français, et fut nommé officier d'ordonnance du maréchal Gérard. Ayant perdu sa femme, après deux ans de mariage, il demanda à être envoyé en Afrique et fut nommé capitaine dans la légion étrangère ; il passa ensuite au 2e chasseurs d'Afrique et devint directeur des affaires arabes à Oran. De retour en France, il passa capitaine au 4e hussards, donna sa démission en 1837, et se fit connaître comme publiciste et comme auteur dramatique. L'École du monde ou la coquette sans le savoir, comédie représentée au Théâtre-Français le 8 janvier 1840, n'eut qu'un succès d'estime ; la même année, il vendit son journal, le Messager des Chambres, à M. Thiers qui l'envoya en mission auprès de Méhémet-Ali pour obtenir son consentement au traité de Londres ; le ministère Guizot l'attacha ensuite à la légation de Buenos-Ayres. Après son élection à la présidence de la République, le prince Louis-Napoléon le nomma (1849) ministre plénipotentiaire à Florence, ambassadeur à Naples, à Madrid et à Londres, où il négocia habilement la reconnaissance du second empire par le cabinet anglais. Élève à la dignité de sénateur le 26 avril 1855, il succéda, le 7 mai suivant, à M. Drouyn de Lhuys, comme ministre des Affaires étrangères, et, en cette qualité, présida le congrès de Paris après la guerre de Crimée et signa le traité du 30 mars 1856. Remplacé par M. Thouvenel le 3 janvier 1860, il fut nommé membre du conseil privé, puis, le 23 novembre suivant, ministre d'État avec la direction des Beaux-Arts ; il présenta un projet de loi sur la propriété artistique et littéraire, donna sa démission de ministre le 22 juin 1863, et sa démission de sénateur en 1865, pour se faire élire député au Corps législatif, le 29 août 1865, dans la 2e circonscription des Laudes, en remplacement de M. Corta, démissionnaire en sa faveur ; il fut élu par 28,204 voix (28,295 votants, 39,468 inscrits). L'empereur le destinait à remplacer à la présidence de la Chambre M. de Morny décédé, et il le nomma même à ces hautes fonctions, avant que son élection eût été validée. Le nouveau président parut incliner vers le régime parlementaire, et montra vis-à-vis de l'opposition une impartialité qui déplut à M. Rouher. Sur son refus de rappeler à l'ordre M. Thiers, la majorité souleva un tumulte, et M. Walewski donna sa démission de député (avril 1867). Il rentra au Sénat, présenta M. Émile Ollivier à l'empereur ; mais cette entrevue n'ayant pas amené le résultat espéré, il parut renoncer à la politique active, et alla faire un voyage en Allemagne. Il mourut à Strasbourg, en revenant en France. L'État accorda à sa veuve, fille du prince Poniatowski, une pension de 20,000 francs. M. Walewski avait reconnu un fils qu'il avait eu de Mlle Rachel. Grand-croix de la Légion d'honneur (3 mars 1856), membre libre de l'Académie des beaux-arts depuis 1857.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Florian-Alexandre-Joseph Colonna WALEWSKI

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