Une délégation composée des sénatrices Vivette Lopez (Les Républicains – Gard), Gisèle Jourda (SER – Aude) et Évelyne Perrot (UC – Aube) s'est rendue en Arabie Saoudite du 2 au 7 juin 2024 dans le cadre d’un rapport d’information consacré à ce pays.
Pourquoi ce contrôle ?
Sous l’impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane qui, à moins de quarante ans, exerce la réalité du pouvoir depuis 2015, l’Arabie saoudite est entrée dans une période de profonds bouleversements. Articulé autour du projet « Vision 2030 », dévoilé en 2016, le programme de réformes engagé par MBS vise à amorcer la sortie de la dépendance aux hydrocarbures ; mais, bien au-delà, c’est à un véritable remodelage de la société saoudienne que le prince s’est attelé.
Ces mutations ont des conséquences importantes sur la posture internationale du royaume, qui se pense désormais en véritable pivot du Moyen-Orient. Comment comprendre les transformations engagées ? Quelles en sont les conséquences pour la région, et au-delà pour la relation franco-saoudienne ?
Quels constats et quelles recommandations ?
- la diversification des partenariats engagée sous MBS (approfondissement des relations avec la Russie et la Chine, prise de distance relative vis-à-vis des États-Unis, volonté d'apaisement avec l'Iran) a renforcé la centralité saoudienne au Moyen-Orient et au-delà, et en fait un acteur incontournable de tous les dossiers ;
- malgré une incontestable libéralisation sociale, au plan politique l'Arabie saoudite reste un État autoritaire et même autocratique, depuis la centralisation du pouvoir entre les mains de MBS ;
- la France est un partenaire écouté du royaume, dont le savoir-faire, notamment en matière de culture, est valorisé, avec lequel les convergences sont réelles sur de nombreuses questions comme le dossier israélo-palestinien ;
- en dépit de cela, l'empreinte économique française en Arabie saoudite reste relativement limitée par rapport à celle de ses concurrents.
Les principales recommandations de la délégation :
- approfondir la coopération de défense en accompagnant la volonté de l’Arabie saoudite de créer une industrie nationale de défense et en facilitant les transferts de compétences ;
- renforcer les effectifs de l’ambassade de France en Arabie saoudite, mais aussi de l'ambassade de France au Yémen temporairement hébergée à Riyad ;
- explorer les possibilités d’une initiative de paix conjointe sur le dossier israélo-palestinien ;
- fluidifier le financement et le pilotage de l'archéologie française à l'étranger, outil important de soft power.
Les auditions de la mission d'information
Jeudi 4 avril 2024 : audition de S.E.M. Fahad M. al-Ruwaily, ambassadeur d’Arabie saoudite en France.
Mercredi 6 mars 2024 : audition de MM. François Devoto, directeur des affaires internationales, et Loris Gaudin, directeur adjoint des affaires publiques de Naval Group.
Mercredi 3 avril 2024 : audition de M. Jean-Noël Bonnieu, sous-directeur du Moyen-Orient au ministère de l’Europe et des affaires étrangères.
Mercredi 15 mai 2024 : audition de M. Louis Blin, diplomate, directeur des programmes de recherche sur le Moyen-Orient de l'Institut universitaire européen de Florence, auteur de L'Arabie saoudite, de l'or noir à la mer Rouge.
Mardi 21 mai 2024 : audition de M. Stéphane Lacroix, professeur associé à l'École des affaires internationales de Sciences Po.
Mercredi 29 mai 2024 : audition de MM. Vincent Pringault et Hedi Ghilas, chef et chef adjoint du bureau du Moyen-Orient, de la Turquie, de la CEI et des Balkans à la Direction générale du Trésor.
Mercredi 3 juillet 2024 : audition de M. Jean-Yves Le Drian, président d'Afalula, accompagné de M. Jean-Claude Mallet, conseiller spécial du président, et de Mme Laura Kwiatowski , secrétaire générale d'Afalula. Étaient également présents MM. Christian Cambon et Jean-Marc Vayssouze-Faure, membres de la commission, et MM. Bruno Sido et Louis-Jean de Nicolaÿ, membres du groupe d'amitié France-Pays du Golfe.