Allocution d’ouverture du Président du Sénat, M. Gérard LARCHER,
à l’occasion du Ier Forum de coopération parlementaire
avec le Conseil de la Nation de la République algérienne démocratique et populaire
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M. Gérard LARCHER, Président du Sénat
Lundi 19 septembre à 9 heures 15
Monsieur le Président du Conseil de la Nation de la République algérienne démocratique et populaire,
Messieurs les Présidents de groupes parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Présidents de Commission,
Monsieur le Ministre, cher Jean-Pierre Chevènement,
Messieurs les Présidents des Groupes d’amitié Algérie – France et France – Algérie,
Chers collègues,
Messieurs les Questeurs,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires, chers collègues,
Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Secrétaires généraux des deux Assemblées,
Mesdames et Messieurs,
Ensemble, nous avons signé à Alger un Protocole de coopération instituant un Forum parlementaire de haut niveau. Il permet à nos deux chambres, sous notre co-présidence, de se réunir à intervalles réguliers et de nouer un dialogue plus étroit. Il comble une lacune : rien ne justifiait en effet qu’un tel accord existe entre les deux assemblées nationales, et pas entre les deux chambres hautes !
Et nous voici réunis, aujourd’hui, à Paris pour le Ier Forum de coopération parlementaire entre le Conseil de la Nation et le Sénat, et votre Iere visite officielle en France comme Président du Conseil de la Nation.
Je mesure, Monsieur le Président, le sens et la portée de votre présence.
Nos deux assemblées ont en partage, dans le paysage institutionnel qui leur est propre, d’être des éléments modérateurs des pulsions politiques.
J’en suis convaincu : dans un contexte de menaces qui bouleversent les repères traditionnels, il s’agit d’une exigence démocratique. Aujourd'hui, face au terrorisme, face aux enjeux économiques et de développement, l’Algérie et la France, dans la diversité de leurs institutions, peuvent cheminer, doivent cheminer ensemble.
La délégation que je conduisais à Alger, il y a un an, a eu l'honneur de s’entretenir avec le Président Bouteflika. J’ai apprécié à la fois sa sagesse, son sens de l’État, mais aussi sa connaissance fine de tous les dossiers, nourrie par l’expérience et une intelligence des situations hors pair. Et aujourd’hui, à travers vous-même, Monsieur le Président Bensalah, 2e plus haut personnage de l’État algérien, c’est la voix de l’Algérie qui vient jusqu’à nous.
Nos deux pays, l’Algérie comme la France, vont connaître prochainement des échéances électorales essentielles. Présidentielles, législatives et sénatoriales en France. Législatives au printemps en Algérie. Le Forum que nous co-présidons et votre visite sont parmi les ultimes, sinon l’ultime, occasions de rencontres à ce niveau prévues en France, avant ces échéances. C’est dire l’attente qu’elles suscitent.
Et les périodes pré-électorales ne sont jamais simples !
Je souhaite réitérer ici ce que j’ai exprimé à Alger : la relation entre l’Algérie et la France n’est pas tributaire des orientations partisanes ou des majorités en place et, personnellement, je m’y engage. Elle transcende les clivages politiques : il ne saurait y avoir de Pouvoir en France, quels que soient les résultats électoraux à venir, qui n’ait à cœur de nouer les liens les plus étroits de coopération avec l’Algérie, dans le cadre d’un dialogue à la fois exigeant et dense.
La relation avec l’Algérie n’est pas une affaire de droite, du centre ou de gauche ! L’assemblée réunie aujourd’hui en est l’illustration !
Monsieur le Président du Conseil de la Nation, chers collègues,
Laissez-moi introduire le programme de nos échanges.
La première édition du Forum de coopération parlementaire a retenu deux thématiques choisies de concert.
Les questions sécuritaires d’abord, et la lutte contre le terrorisme.
En ce moment même se déroule aux Invalides la cérémonie d’hommage à toutes les victimes du terrorisme. J’ai demandé au Sénateur Hervé Marseille, Vice-Président du Sénat, de représenter notre assemblée à cette cérémonie. Permettez-moi d’avoir une pensée pour les victimes, pour toutes les victimes du terrorisme, quelle que soit leur nationalité, leur confession ou leurs convictions.
Au nom de l’amitié entre nos deux pays, j’ai choisi ce matin d’être parmi vous. Pour être, avec vous, dans l’action et la recherche de solutions. Parce que je suis persuadé qu’avec l’Algérie, si meurtrie par la radicalité islamiste, nous pouvons trouver des réponses permettant de surmonter la menace terroriste.
Avec la conviction, partagée je crois, que si la réponse sécuritaire est nécessaire, elle n’est pas suffisante.
Toutes les réponses sécuritaires ne sont d’ailleurs pas opportunes. Et il faudra déterminer selon quelles conditions elles peuvent être efficaces, notamment lorsqu’il s’agit d’interventions étrangères. Je fais partie de ceux qui estiment nécessaire de renforcer les États. Car le terrorisme prolifère sur des États faibles.
Nous examinerons également comment la coopération, le développement économique et social mais aussi la citoyenneté reconstruite sont indispensables pour triompher de manière durable de toutes les formes de radicalité. L’Algérie, qui a connu pendant les années 1990 une « décennie noire », dont la France a peut-être mal perçu alors un certain nombre d’enjeux, pourra faire valoir comment elle a surmonté les défis du terrorisme et comment elle aide d’autres pays à y faire face – je pense en particulier à nos voisins, à nos amis de la Tunisie.
Des regards croisés donc, entre l’Algérie et la France, pour agir ensemble.
Les travaux du Forum se concentreront, en second lieu, sur les questions économiques et les opportunités offertes à nos deux pays, en termes d’investissements ou de diversification des secteurs productifs, dans un contexte marqué par la baisse du prix des matières premières.
Le gouvernement algérien a engagé un programme de réformes économiques soucieux des équilibres sociaux.
La France a proposé à l’Algérie un partenariat économique et des perspectives de co-développement sur le long terme, que peu de ses concurrents, plus avides de rentabilité immédiate voire d’exploitation des ressources sans contrepartie, paraissent en mesure d’offrir.
Il ne pouvait en être autrement entre la France et l’Algérie : nos relations sont à nulles autres pareilles. Près de 500 entreprises françaises sont implantées en Algérie. Elles génèrent plus de 140 000 emplois directs et indirects.
Cher Président, mes chers collègues,
Permettez-moi, avant de céder la parole au Président du Conseil de la Nation, de vous redire l’honneur et le plaisir du Sénat français dans sa diversité de vous accueillir, à l’occasion du Ier Forum de coopération parlementaire entre nos deux chambres et de votre Ire visite officielle en France en tant que Président du Conseil de la Nation.
Je déclare ouvert le Ier Forum de coopération parlementaire de haut niveau entre le Conseil de la Nation de la République algérienne démocratique et populaire et le Sénat de la République française !
Que ses travaux soient riches et féconds !