B. L'IMPOSSIBILITÉ DE REVENIR EN ARRIÈRE

Comme l'observait récemment dans les colonnes du Monde M. Marcel Boiteux, Président d'honneur d'EDF qu'il a dirigée de 1979 à 1987 et autorité que l'on ne peut suspecter d'avoir souscrit avec enthousiasme à la libéralisation des marchés énergétiques puisqu'il a, à diverses reprises, émis des réserves sur ce processus, « On peut penser ce qu'on voudra de l'introduction de la concurrence sur le marché français de l'électricité, mais aujourd'hui les jeux sont faits » 2 ( * ) .

C'est, en effet, la constitution du marché européen qui explique les mouvements en cours.

Quelle meilleure introduction donner au présent rapport qui se place sous le signe du pragmatisme ? Il n'est plus temps de songer à revenir à la période au cours de laquelle les marchés énergétiques nationaux étaient dominés par des opérateurs monopolistiques , ni de procéder de mauvaise grâce et avec retard -comme tel fut le cas pour la transposition des directives « électricité et « gaz »- à des changements qui s'avèrent inéluctables. L'expérience l'a prouvé dans le passé : les transpositions réalisées avec retard, ont porté préjudice à EDF puis à GDF (notamment en Espagne) puisque leurs concurrents en ont tiré prétexte pour réclamer, voire mettre en oeuvre, des mesures de rétorsion à leur encontre . Si l'immobilisme est nuisible aujourd'hui c'est parce qu'il met en lumière que les réformes en cours ne marquent pas l'aboutissement mais le début d'un mouvement qui permettra de constituer un grand marché unifié de l'énergie en Europe de l'Ouest. Pendant des principes de libre circulation des personnes et des biens sur le territoire des Etats qui prennent part à la constitution de l'Union européenne, ce mouvement favorisera l'unification de ce marché et améliorera l'affectation des facteurs de production . Aussi, sans verser dans un optimisme béat, doit-on avant tout considérer les perspectives et les enjeux qui conditionnent cette dynamique, tout en conservant assez d'esprit critique et de lucidité pour souligner les limites et, le cas échéant, réclamer la suppression des effets pervers consécutifs à sa mise en oeuvre concrète, lorsqu'ils sont manifestes.

C'est avant tout le souci de permettre à EDF et à GDF de se doter des moyens propres d'assurer leur développement européen qui doit inspirer les décisions publiques en la matière, même si les pouvoirs publics sont fondés à se préoccuper de l'évolution des prix du marché au cours de la période transitoire en cours.

* 2 EDF va à la concurrence , article paru dans Le Monde du 16 juin 2004.

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