2. Les rapports police-gendarmerie : le chantier de la répartition des compétences reste à ouvrir

La coordination entre la police et la gendarmerie a progressé, il faut s'en réjouir, mais la répartition des compétences entre les deux forces reste au point mort et c'est regrettable.

a) Les progrès de la coordination

La coordination entre la police et la gendarmerie peut se prévaloir des travaux utiles du Conseil supérieur de la police technique et scientifique et des plans départementaux de sécurité.

. Les avancées dans le domaine de la documentation criminelle

Créé par un décret du 25 mars 1992, le conseil supérieur de la police technique et scientifique, présidé par le ministre de l'intérieur, comprend douze membres dont trois représentants du ministère de la défense (le directeur général de la gendarmerie nationale, le chef du service des opérations et de l'emploi et le directeur de l'institut de recherche criminologique de la gendarmerie nationale).

Les groupes de travail réunis sous l'égide du conseil ont porté notamment sur la documentation criminelle. Les ministères de la défense et de l'intérieur se sont accordés sur le principe d'une centralisation harmonisée de l'information qui la rende simultanément accessible aux services opérationnels de police et de gendarmerie. Outre la mise en place d'un groupe de travail chargé de prévenir et de régler les litiges, les efforts ont porté en 1997 sur la diffusion électronique des circulaires de recherche ou d'information et également sur la rapidité et la qualité des échanges d'information par télégramme.

Par ailleurs, la consultation réciproque du système de traitement de l'information criminelle -exploitation judiciaire (STIC-Judex) et l'échange de terminaux au niveau central pouvaient se concrétiser avant la fin de l'année 1997.

Enfin, l'harmonisation se traduit aussi par des mesures ponctuelles dont l'utilité ne fait pas de doute au regard de l'efficacité des enquêtes : formalisation des procédures d'alimentation de la base objets-Schengen par les unités, adaptation de l'application "objets volés bien identifiés" aux contraintes des échanges Schengen et au lancement de l'application judex-objets en mars 1997.

. Les plans départementaux de sécurité : un dispositif désormais indispensable

Institués à la suite de la circulaire interministérielle du 9 septembre 1993, les plans départementaux de sécurité ont permis, en particulier dans le cadre des cellules techniques de coordination opérationnelle, de renforcer la concertation entre le commandant de groupement de gendarmerie départementale et le directeur départemental de la sécurité publique.

La circulaire du 2 janvier 1997 a ajouté de nouvelles orientations aux priorités retenues dans le cadre des plans départementaux : la lutte contre les violences scolaires, contre les exactions commises à l'occasion de troubles à l'ordre public, l'extension de la lutte contre la petite et moyenne délinquance aux aspects économiques et financiers.

La circulaire affirme plus clairement la place de la gendarmerie au sein du dispositif et fait apparaître en particulier aux côtés des responsabilités, fondamentales, du commandant de groupement, la contribution des autres échelons de commandement à une organisation concertée de la sécurité.

b) Une répartition des compétences au point mort

Comme votre rapporteur a déjà eu l'occasion de le souligner à plusieurs reprises, le maillage territorial de la gendarmerie doit être préservé car il ne constitue pas seulement un élément important de l'aménagement du territoire mais aussi une garantie de sécurité essentielle, car il doit permettre d'assurer une intervention dans un délai maximal de vingt minutes en cas de besoin.

La pérennité du réseau territorial des brigades constitue à ce titre l'une des forces essentielles du système de sécurité français.

Dès lors, les redéploiements supposent, d'une part, l'application effective de loi d'orientation relative à la sécurité de 1994 et, d'autre part, un allégement du dispositif de la gendarmerie dans les zones de police d'Etat.

La loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité avait posé les principes d'une répartition des compétences entre gendarmerie et police à partir du nombre d'habitants : au-dessus de 20 000 habitants, la commune relève de la police, en-deçà de ce seuil, la gendarmerie assure la plénitude des missions de sécurité. L'adoption, plus d'un an après, d'un décret d'application (n°96-827 du 19 septembre 1996), relatif aux attributions entre gendarmerie et police avait laissé espérer, enfin, une mise en oeuvre des procédures d'étatisation ou de désétatisation.

Or, que constate-t-on ? Rien n'a vraiment bougé depuis cette date.

En effet, les procédure de transfert de compétences se sont limitées en 1997 à l'étatisation des communes de Furiani et de Ville de Pietrabugno et la désétatisation de la circonscription de Corte.

La paralysie plus ou moins avouée du processus, liée à des résistances administratives et des pressions locales, n'est guère admissible au regard des principes posés par le législateur. Aussi, importe-t-il aujourd'hui de relancer les opérations de transfert afin d'alléger la charge de la gendarmerie dans certaines zones et de concentrer les effectifs dans les unités les plus "sensibles".

L'allégement du dispositif de la gendarmerie dans les zones de police d'Etat constitue une autre orientation prioritaire. En effet, dans ces zones, la police assure l'exclusivité des missions liées à la sécurité publique. Il existe encore 188 brigades de gendarmerie en zone de police d'Etat. Or l'exécution des missions de défense ou des missions judiciaires (assistance aux enquêteurs déplacés, exécution des délégations des magistrats, transfèrements) pourrait se concentrer en un nombre d'unités nettement plus réduit. La remise en cause des unités a rencontré beaucoup d'oppositions de sorte que, sur l'ensemble des suppressions, très peu, trop peu en fait, se sont effectivement réalisées (19 brigades territoriales ont été supprimées en 1996 et 12 en 1997). L'intérêt de la sécurité publique sur notre territoire impose de poursuivre et d'intensifier les redéploiements et de libérer des effectifs au profit des zones où des renforcements apparaissent désormais indispensables.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page