4. Une véritable « fuite des capitaux »

La Guyane est pénalisée, par ailleurs, par une forme de « fuite des capitaux ». Les étrangers en situation irrégulière rapatrient dans leur pays d'origine l'essentiel des gains qu'ils ont réalisé illégalement dans le département, déprimant ainsi la demande intérieure.

Le volume des transferts traités par la Poste de Guyane, dans le cadre de l'organisation Western Union, connaît ainsi une croissance forte et continue depuis 2003. Il a porté sur un montant global de 13,4 millions d'euros en 2005, chiffre en augmentation de 30 % par rapport à 2004. Les transferts vers la zone Amérique représentent 72 % de ce montant, les deux principales destinations étant la République Dominicaine (20% du total) et Haïti (15 %). Si l'on y ajoute le Brésil, le Guyana, le Pérou et le Surinam, on obtient 60 % des montants transférés au départ de la Guyane. La Chine reçoit pour sa part près de 10 % des montants transférés.

Outre Western Union, de nombreux opérateurs privés interviennent également sur ce marché. En outre, des fonds, dont le montant est difficile à évaluer, sont transportés physiquement par-delà la frontière ; selon la Poste et l'IEDOM de la Guyane, entre 35 et 40 millions d'euros seraient transférés, chaque année, hors des circuits légaux.

Toutefois, il reste difficile de distinguer dans ces différents chiffres la part réelle des transferts imputables aux immigrés irréguliers, l'ordre de transfert étant passé par tout intéressé sur la seule la présentation d'un document d'identité français ou étranger, sans que la production d'un titre de séjour par les étrangers soit requise au titre de la réglementation actuelle.

L'orpaillage clandestin conduirait enfin à la sortie de 8 à 10 tonnes (x 12 € le gramme) par an d'or de façon illégale.

Les fonds ainsi transférés peuvent participer au développement des pays d'origine des immigrants, mais on ne saurait sous-estimer la perte de ressources représentée par ces transferts pour un département peu peuplé comme la Guyane.

La Guadeloupe est également de plus en plus affectée par ce phénomène : entre 2003 et 2005, le nombre des transactions par Western Union effectuées dans les guichets de La Poste a été multiplié par deux, atteignant un montant cumulé de 21,5 millions d'euros. Près de 80 % des montants sont transférés en Amérique, les transferts vers Haïti et la République Dominicaine étant les plus importants.

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