2. La France isolée

La lutte contre l'immigration clandestine est rendue encore plus compliquée par la faible coopération des pays sources ou de transit. Ils déploient peu d'efforts pour assurer la surveillance des frontières à partir desquelles les migrants s'élancent.

Les raisons de cet isolement sont, selon les cas, politiques, économiques ou historiques, quand il ne s'agit pas tout simplement d'indifférence vis-à-vis de la question de l'immigration clandestine. Quelques progrès ont été enregistrés malgré tout.

Les ressortissants dominicains doivent obtenir un visa depuis décembre 2005 pour entrer à La Dominique. Cette mesure devrait tarir le flot de Dominicains arrivant à La Dominique pour ensuite tenter de rejoindre la Guadeloupe par bateau. Toutefois, l'absence de coopération judiciaire avec La Dominique empêche la poursuite des réseaux dans cette île, alors que les commanditaires sont pleinement identifiés par les services de police français.

A Saint-Martin , les autorités des Antilles néerlandaises ont récemment mis en place un nouveau document-type de séjour mieux sécurisé, bien que les anciens titres, aisément falsifiables, conservent toujours leur valeur.

Un accord franco-néerlandais sur le contrôle des personnes aux aéroports de Saint-Martin, conclu le 17 mai 1994, pose le principe d'un contrôle conjoint des autorités néerlandaises et françaises pour déterminer si les étrangers entrant sur l'île sont en possession des documents requis. Jusqu'à présent, le gouvernement des Antilles néerlandaises, dont dépend Sint-Maarten, s'est toujours opposé à sa ratification. Toutefois, selon les indications fournies par le ministère des affaires étrangères, cette situation pourrait changer compte tenu de l'arrivée au pouvoir d'un nouveau gouvernement, a priori plus coopératif, et des résultats positifs du référendum organisé auprès de la population de Sint-Maarten pour une séparation d'avec les Antilles néerlandaises

Selon le ministère, la question de la ratification de l'accord franco-néerlandais de 1994 pourrait donc, sous réserve d'accord néerlandais, être inscrite à l'ordre du jour de la prochaine réunion bilatérale franco-néerlandaise, qui devrait se tenir le 28 avril 2006. Néanmoins, cet accord datant de plus de douze ans, il conviendra que les autorités françaises évaluent sa pertinence au regard de la pression migratoire qui s'exerce actuellement sur Saint-Martin.

En Guyane , dans la perspective de la réalisation du pont sur l'Oyapock, la coopération policière transfrontalière s'est intensifiée pour limiter la pression migratoire dans ce secteur. Par ailleurs, les services de la protection judiciaire de la jeunesse en Guyane cherchent à mettre sur pied une action de coopération avec les autorités sociales et judiciaires du Guyana afin de permettre aux jeunes Guyaniens n'ayant pas de perspectives véritables de s'établir sur le territoire français de regagner leur pays d'origine en assurant une reprise de leurs liens familiaux au Guyana et en leur donnant un savoir-faire professionnel minimal. Un protocole avec les autorités guyaniennes devrait être finalisé dans le courant de l'année 2006.

Ces initiatives restent évidemment trop timides. Interrogé sur les moyens qui seraient nécessaires pour enrayer la situation en Guyane et contrôler les flux migratoires, le général Claude Vicaire, sous-directeur de la sécurité publique et de la sécurité routière à la direction générale de la gendarmerie nationale, a répondu : « en Guyane, nous sommes dans une zone de basse pression entourée de deux zones de haute pression. Tant que nous n'arriverons pas à rétablir l'équilibre, nous ne serons pas crédibles. » Pour rétablir l'équilibre, il a suggéré de développer « une nouvelle conception d'action des forces armées présentes en Guyane. En effet, il y a deux forces, dont l'une est importante par ses effectifs : les forces armées guyanaises de l'armée de terre (principalement les légionnaires) et les unités et compagnies tournantes, qui pourraient être utilisées de manière mieux coordonnée avec la gendarmerie et constituer un dispositif complémentaire pour tenir le terrain ». De même, à Mayotte, l'emploi de la Marine nationale devrait être encore développé pour mieux maîtriser l'espace maritime.

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