B. UNE CROISSANCE AFFECTÉE PAR L'IMPACT DE PLUSIEURS CRISES FINANCIÈRES

1. Une croissance affectée par des crises financières dans les années 1990

La croissance du PIB du Japon et de la Corée a été marquée par de graves crises financières dans les années 1990, comme l'indique le graphique ci-après.

Croissance du PIB du Japon et de la Corée

(en %)

Source : OCDE

C'est le Japon qui a été le plus touché. A la suite de l'éclatement de la bulle financière en janvier 1990, l'économie japonaise a connu une décennie de faible croissance. Ainsi, de 1990 à 2002, la croissance du PIB a été de l'ordre de 1,5 % en moyenne, alors qu'elle avait été de l'ordre de 4 % au cours de la décennie précédente.

Par ailleurs, les deux pays ont connu une croissance négative en 1998, année de la crise financière asiatique. Cependant, cela ne doit pas dissimuler le caractère essentiellement conjoncturel de cette crise, qui a été suivie d'une rapide reprise de la croissance 10 ( * ) . La crise financière asiatique de 1998 a donc été nettement moins grave que la crise financière japonaise des années 1990.

2. Des crises financières de nature différente

a) Le Japon : une crise déclenchée par un krach boursier et immobilier, et entretenue par une longue absence de restructuration du secteur bancaire

Dans le cas du Japon, la crise bancaire a été déclenchée par l'éclatement de la bulle financière du début des années 1990.

De nombreux autres pays se sont alors trouvés confrontés à une situation analogue, sans que la crise soit durable. Le fait que des crises financières aient éclaté au même moment dans de nombreux pays vient du fait que ces pays avaient « déréglementé » leur système financier à peu près en même temps, au début des années 1980, et que les taux d'intérêt avaient augmenté au début des années 1990 partout dans le monde.

A l'exception du Japon, au milieu des années 1990,  tous les Etats développés qui avaient connu une crise bancaire au début des années 1990 en étaient sortis, après avoir pris les mesures appropriées, c'est-à-dire la « socialisation des pertes » et des restructurations imposées par l'Etat. Les montants mobilisés ont été importants : plus de 10 % du PIB en Finlande, 8 % aux Etats-Unis, 5 % en France 11 ( * ) et en Suède.

Le coût des crises bancaires pour les finances publiques

(en points de PIB)

Source : Honoban P. et Klingebiel D., « Controlling the Fiscal Cost of Banking Crises », Policy Research Working Paper, n° 2441, Banque mondiale, 2000, cité dans Robert Boyer, Mario Dehove, Dominique Plihon, « Les crises financières », rapport du Conseil d'analyse économique, 2004

Le fait que la crise financière ait été durable au Japon provient d'un double phénomène.

Tout d'abord, la crise y est née d'un krach boursier et immobilier plus important que dans les autres pays. La bulle boursière et sa correction sont clairement mises en évidence par le graphique ci-après.

Evolution des indices boursiers

(1980=100)

Source : Morgan Stanley Capital International Inc.

Ensuite, contrairement aux autres pays, le Japon a longtemps différé la restructuration du système bancaire, qui n'a été réalisée, sous l'impulsion de l'Etat, qu'à partir de 1998.

* 10 Comme cela est indiqué ci-après, la croissance a cependant légèrement ralenti en Corée depuis la crise, ce qui semble s'expliquer par la disparition d'un certain surinvestissement.

* 11 Le graphique ne fournit pas d'estimation pour les Etats-Unis et la France. Les chiffres mentionnés dans le cas de ces deux pays sont ceux avancés par Mme Evelyne Dourille-Feer et M. Cyrille Lacu, dans « La crise japonaise, ou comment un pays riche s'enlise dans la déflation », in « L'économie mondiale 2003 », CEPII, Editions La Découverte, 2002.

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